Par Mathilde Bazin, publié le 09/03/2010
Le chaos règne toujours à La Faute-sur-mer

Huit jours après les inondations meurtrières causées par la tempête Xynthia, le retour au quotidien est un second choc. Pour les 40 000 Fautais à l’année ou de passage l’été, le grand nettoyage a commencé. Mais le coeur n’y est pas.

Samedi 6 mars, des voitures roulent au ralenti sous un beau ciel bleu. La scène ferait presque penser à un jour de grand départ en vacances. Les valises et la chaleur en moins. Une semaine après le passage de Xynthia, c’est un raz-de-marée d’un tout autre genre qui a déferlé ce week-end sur les communes vendéennes de La Faute et de L’Aiguillon-sur-mer. L’eau s’est retirée et des centaines de propriétaires sont venus constater l’étendue des dégâts, tentant de sauver ce qui peut encore l’être.

A la Faute-sur-Mer, après le passage de la tempête Xynthia.
A la Faute-sur-Mer, après le passage de la tempête Xynthia.

Les deux stations balnéaires, où 29 corps sans vie ont été repêchés, sont devenues de véritables bunkers avec des contrôles de police à chaque entrée. Ici, ne pénètre pas qui veut. « Au lieu de regarder ma maison comme ça et de la prendre en photo, donnez-nous plutôt de l’argent pour la reconstruire », a placardé sur la façade de son habitation un Fautais agacé par les allés et venues de badauds.

Le cauchemar continue

« Mes voisins sont des miraculés, raconte un Tourangeau venu chercher quelques rares affaires personnelles. Le monsieur de 80 ans, sa femme et leur fille se sont réfugiés au grenier. Les fenêtres de leur véranda ont éclaté. A côté, notre résidence secondaire est en bon état et nous sommes tous vivants. Ce qui nous fait le plus mal, c’est vrai, c’est tout l’argent qu’on a investi pendant des années pour l’arranger et se payer des vacances. »

Les pompiers et des équipes de la protection civile sillonnent les quartiers résidentiels de la pointe d’Arçay. Ils prêtent main forte à des propriétaires désemparés et abattus face à cet immense champ de ruines. Toute la journée, les pompes ronronnent et les karchers s’activent. Frigos, machines à laver, téléviseurs, buffets et matelas s’entassent dans les rues.

Beaucoup ont tout perdu et refusent de revenir vivre ici. D’autres, ceux qui ont vécu la catastrophe de loin, qui l’ont vu à la télé, entendu à la radio, et qui, aujourd’hui, vont vivre l’après en direct, ont toujours du mal à y croire.

Le chaos règne toujours à La Faute-sur-mer

Pour des familles entières, après des nuits d’incertitude et pas mal de kilomètres parcourus, l’heure de vérité approche. Sur la porte d’entrée, des traces noires indiquent que l’eau est montée d’une cinquantaine de centimètres. C’est moins que ce qu’ils redoutaient. Une forte odeur iodée émane de l’intérieur de la petite maison de vacances que cette famille a achetée en 1997.  » Il y a de la boue partout, se désole la mère. J’ai l’impression que l’on n’en finira jamais avec cette vase. Tout est fichu, mais il y a pire que nous. » Les casseroles sont sorties du vaisselier, éparpillées au sol. Elles rouillent déjà. Le réfrigérateur est renversé sur la table. Il y a des bigorneaux collés sur la cuvette des toilettes. De la boue partout. Le sel attaque les mains, le visage.

Besoin de parler, de raconter

« Je vais chercher mon 4X4. Dimanche, quand on m’a appelé à deux heures du matin pour me prévenir qu’il y avait de l’eau dans la résidence, explique François, agent d’entretien des espaces verts et de la piscine du domaine de la Baie, une résidence pavillonnaire de La Faute-sur-mer, j’ai sauté dans ma voiture. En arrivant, la route s’est effondrée. J’avais de l’eau jusqu’au cou. J’ai réussi à sortir par le coffre et j’ai couru, couru, la vague arrivait derrière moi. »

Sur chaque bâtisse, un, deux ou trois repères peints par les pompiers lors des opérations de recherches. Les mobile-homes du camping des Flots bleus sont les uns sur les autres. « Celui-là a traversé le carrefour, explique un habitant de Luçon chez qui l’eau peine à être évacuée. Samedi, quand j’ai vu le calendrier des marées et le vent annoncé, j’ai dit à ma femme ‘on reste à la maison, hors de question de dormir à La Faute’. On a bien fait, dans notre chambre, l’eau est montée jusqu’à 1 mètre 70. »

Alors que les politiques se déchirent autour des permis de construire délivrés par les élus communaux et l’entretien des digues, beaucoup d’habitants ne savent pas si leur maison sera détruite, quand et à quelle hauteur ils seront indemnisés. Ce qui ne présage rien de bon pour la saison estivale, le poumon économique de toute la région.

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

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