Par Angélique Négroni


Crédits photo : AFP

Le rapport sur la tempête Xynthia doit être remis à Nicolas Sarkozy très prochainement. Il établira les responsabilités dans la catastrophe.

Près de quinze jours après la tempête Xynthia, à l’origine de 53 morts, le prérapport sur les causes de la catastrophe doit être remis dans les prochains jours au président de la République. Les digues qui ont cédé seront recensées afin d’entreprendre des travaux en urgence. Les règles d’urbanisme sur le littoral ainsi que les plans de prévention des risques d’inondation seront au cœur de la réflexion. Un rapport final est attendu dans deux mois. Leurs auteurs sont retournés à La Faute-sur-Mer, en Vendée, la commune la plus touchée par la tempête. Ici, les inondations ont causé la mort de 29 personnes. Retour sur un drame que certains estimaient «prévisible».

Un danger identifié

Dès 2001, des études menées par la préfecture de Vendée soulignent les risques d’inondation. Une lettre du préfet de l’époque, Christian Decharrière, adressée au maire de La Faute-sur-Mer, le rappelle en 2006 : «Votre commune se trouve totalement concernée par les risques de submersion marine et reste à ce jour mal protégée.»

Deux ans plus tard, nouvelle mise en garde. La direction départementale de l’équipement indique dans un rapport : «La zone de l’estuaire du Lay est la zone la plus dangereuse du département.» C’est sur ce petit territoire, coincé entre l’océan et le fleuve, qu’a été érigé le village de La Faute-sur-Mer.

L’opposition entre l’État et les élus

À la menace d’un danger, les élus opposent le dynamisme économique de leur commune. «Le tourisme est la grande affaire de la région», souligne Jean Renard, professeur de géographie et spécialiste du littoral vendéen. Les terres agricoles se sont transformées peu à peu en zones constructibles. «Construite sur de vastes espaces gagnés sur la mer», La Faute-sur-Mer compte aujourd’hui 1 200 habitants en hiver et 40 000 en été. Alors, quand le préfet veut interdire le camping de la commune en 2006, la population descend dans la rue. Depuis 2001, le représentant de l’État tente surtout de mettre en place un plan de prévention des risques d’inondations qui va rendre certains terrains inconstructibles. Les négociations avec les élus s’éternisent. À l’issue de multiples réunions et échanges de lettres, l’État décide de passer en force, six ans plus tard, en imposant certaines mesures limitant la construction. «Nous ne sommes plus au temps de Napoléon, explique un haut fonctionnaire. Aujourd’hui, l’autorité de l’État se discute.» Le maire de La Faute, René Marratier, s’insurge : «Avez-vous pensé aux propriétaires pour qui ces terrains représentent le fruit d’une vie de travail et qui du jour au lendemain n’ont plus rien ?» écrit-il au préfet en mars 2006. Pour le président du conseil général, Philippe de Villiers, la délivrance des permis de construire ne devrait plus être confiée aux maires, soumis à une trop forte pression. Ou devrait être soumis à un meilleur contrôle de l’État, ce que devrait recommander le rapport.

Des digues contestées

Ces remparts sont au cœur de la polémique. La digue est de La Faute-sur-Mer «n’a jamais fait l’objet d’un diagnostic approfondi de la part du maître d’ouvrage», peut-on ainsi lire dans un rapport en 1998. Le maire, lui, rétorque que «depuis plus d’un siècle qu’elles existent, les digues situées sur la commune n’ont jamais cédé». Il est vrai qu’elles ont résisté à la dernière tempête. Mais, en ne faisant pas barrage à la mer, qui est passée par-dessus, ces structures témoignent aujourd’hui de leur faiblesse, selon le député UMP des Bouches-du-Rhône, Christian Kert. «La hauteur des digues avait été calculée pour protéger de terres agricoles. Pour la sécurité de la population, certaines ne sont plus assez élevées», souligne ce dernier estimant qu’il «faudra dans certains cas avoir le courage d’abandonner des lotissements».

Une tempête exceptionnelle

Pour construire les plans de prévention, les experts prennent en compte un phénomène climatique censé ne se produire qu’une fois par siècle. «Or il semble que la mer ait dépassé le niveau maximum», indique un ingénieur. Ainsi, Xynthia conduira sans doute à revoir les valeurs de référence utilisées pour mesurer le risque de submersion marine.

Laisser un commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.

Ne pas oublier
(Environ 40 minutes de vidéo, 8 films) Passez en mode plein écran en cliquant dans le coin bas/droit de la vidéo
Voir directement sur Youtube
Connexion
Attention

Afin d'éviter tout abus, vous devez maintenant vous enregistrer sur le blog afin de pouvoir faire un commentaire.
Cliquez ici pour vous enregistrer
Cliquez ici pour modifier votre profil
Cliquez ici si vous avez oublié votre mot de passe
Stats
Précisions
Ce site n'est pas le site de l'AVIF, ni d'aucune autre association.
C'est un site qui appartient à une société privée et relate ce qu'il se dit dans la presse, associations, localement ... depuis le 28/02 en laissant la parole à chacun et ceci sans censure ni pression.
Si vous souhaitez accéder au site officiel de l'AVIF, veuillez cliquer ici
Faites un don
Aidez à l'hébergement de ce site sur serveur dédié.
Merci d'avance aux donateurs.

Com. récents
Historique
mars 2010
L M M J V S D
    Avr »
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293031  
Téléchargements
Voici les liens des plus longues vidéos concernant la tempête xynthia
N'oubliez pas de faire clic droit enregistrer sous:

Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

Vous pouvez lire toutes ces vidéos avec VLC
Vidéos
Suite à une mise à jour, certaines vidéos ne sont plus accessibles sur le site, nous y travaillons et rien n'est perdu. Si toutefois vous souhaitez en voir une en particulier envoyer l'adresse de la page concernée à contact@lafautesurmer.net nous la traiterons en priorité. Merci