Archive pour le 12 mars 2010

Par LAURENT JOFFRIN Directeur de Libération

L’Etat central n’a pas toujours tort… C’est devenu une figure obligatoire du discours public que de prêcher la décentralisation des compétences, de critiquer l’administration «lointaine», le «pouvoir de Paris», la «rigidité» des règles nationales, trop uniformes, abstraites, aveugles aux réalités locales. L’exemple de La Faute-sur-Mer, lieu d’un drame humain cruel et évitable, fournit à ces idées toutes faites un parfait contre-exemple. La reconstitution des origines exactes de la tragédie, que nous livrons ici en exclusivité, montre que c’est l’autorité administrative étatique, celle du préfet en l’occurrence, qui avait vu juste et que c’est le pouvoir local qui s’est gravement fourvoyé. Plus neutre, plus impartial, soucieux de la sécurité autant que des impératifs communaux, les responsables préfectoraux avaient clairement indiqué à l’avance les risques encourus par ceux qui ont voulu construire là où il ne fallait pas. L’enchevêtrement des intérêts au sein de la commune, appuyé sur la légitimité de l’élection, a eu raison de ces avertissements raisonnables. Il eût fallu, pour prévenir l’accident, que l’administration imposât sa décision aux élus locaux. On n’aurait pas manqué, dans ce cas, de dénoncer une ingérence inadmissible. Alors qu’on n’est pas loin, aujourd’hui, de reprocher à la même administration une abstention qu’on avait exigée à l’époque au nom de l’autonomie locale. Le jacobinisme, si souvent dénoncé, est aussi une manière de faire prévaloir l’intérêt collectif. On l’oublie trop souvent.

Sarkozy reviens en Vendée, les ostréiculteurs en questions.

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À La Faute-sur-Mer, le dimanche 28 février, les secours ont procédé à des dizaines d'évacuations. Ici celle du sauvetage de Guy Picauville, sa femme et ses amis. : Frédéric Girou.
À La Faute-sur-Mer, le dimanche 28 février, les secours ont procédé à des dizaines d’évacuations. Ici celle du sauvetage de Guy Picauville, sa femme et ses amis. : Frédéric Girou.

Retour sur image. Guy Picauville, « ému » par la photo de son sauvetage avec ses amis, publiée dans le journal Ouest-France, raconte sa nuit de tempête à La Faute-sur-Mer.

« S’il y a des vagues, on viendra vous chercher »

« Nous étions chez des amis, rue de la pointe d’Arçay. On y a dîné avec des voisins, jusqu’à minuit. Le dernier parti a lancé : « On a un bateau. S’il y a des vagues, on viendra vous chercher ! » Paroles prémonitoires… On s’est pourtant couchés sans un souffle de vent. Mais à 3 h 30, mon copain s’est écrié : « On inonde ! » L’eau arrivait au niveau des fenêtres. »

« Sortez vite de la chambre ! »

« Il y avait déjà 40 cm dans le salon. Notre ami a crié : « Sortez vite de la chambre ! » La porte restait bloquée sous la pression. Première panique. On a finalement pu l’ouvrir, laissant entrer une vague de 15 cm. On avait de l’eau glaciale jusqu’aux genoux. Nous sommes montés dans la mezzanine, dans le noir complet. »

« Ces bruits, je les entends toujours »

« Là, on entendait l’eau montée, par les WC aussi, avec l’abattant qui marquait une mesure sinistre. Le frigo est tombé, le canapé flottant tapait la table, les chaises s’entrechoquaient. Ces bruits, huit jours après, je les ai toujours dans les oreilles. »

« La rue était une rivière »

« Nous étions à moitié nus et l’humidité nous envahissait. Quand le jour est enfin arrivé, la rue était une rivière. Le portail d’entrée, haut de 1, 80 m, dépassait de 5 cm. Le terrain n’était qu’un lac. On voyait les hélicoptères. On leur faisait des signes par la fenêtre de la mezzanine, sans réponse. »

« Pas d’arrêt pour nous »

« Le niveau de l’eau a baissé de 40 cm avec la marée descendante. Les camions surhaussés des pompiers passaient parfois, sans arrêt pour nous. Nous n’étions pas dans une situation de mort, mais dans un esprit de détresse inimaginable, totalement abandonnés et très angoissés. Cinq pompiers ont finalement tapé à la porte à 12 h 45. Il y avait plein d’eau au fond de leur canot et nous, nous étions pieds nus, en pyjama, sous une averse très forte. »

« Réconfortés d’une façon exceptionnelle »

« On a été conduits dans le gymnase de L’Aiguillon, où nous avons été réconfortés d’une façon exceptionnelle par les secours. Le reste de ma vie ne sera pas assez long pour les remercier de leur soutien chaleureux. Le seul ennui : on n’avait pas de chaussettes pour réchauffer nos pieds frigorifiés. C’est mon seul reproche, car je suis encore impressionné par tous les moyens déployés.

Actuellement, mon épouse et moi sommes sous calmants. Elle se réveille la nuit pour toucher le plancher de la chambre afin de vérifier qu’il n’y a pas d’eau… Et encore, nous n’avons subi que des dégâts matériels. On n’a pas connu la perte d’un être cher. Ça doit être terrible. »

Photo  : Archives / Frédéric Girou.
Photo : Archives / Frédéric Girou.

La préfecture annonce que des guichets uniques ont été mis en place pour les sinistrés de la tempête, afin de pouvoir répondre à leurs questions et prendre en compte leurs demandes.

Assurances. Pour toutes les questions, numéro vert mis en place ce vendredi 12 mars, puis à compter du lundi 15 mars : au 0 811 00 06 85.

Aides aux particuliers. Jusqu’au samedi 13 mars matin et ensuite à partir de lundi prochain : aide psychologique : 0 800 85 85 06 ; relogement : 06 47 34 82 77 et 0 800 85 85 06 ; risques sanitaires et bâtimentaires : 0 800 85 85 06.

Aides aux entreprises. Chambre de métiers, au 02 51 44 35 20/poste 178 ; Chambre de commerce au 02 51 45 32 23.

Agriculteurs. Direction des territoires et de la mer : Jean-Pierre Bobo au 02 51 47 10 52, chambre d’agriculture au 02 51 36 82 74.

Pêcheurs et ostréiculteurs. Direction des territoires et de la mer au 02 51 21 81 81 et au 02 51 39 94 01.

Aides aux collectivités. Associations des maires au 02 53 33 01 38 ; préfecture : 02 51 36 70 98 ou 02 51 36 70 18.

Cellules tempête. Au conseil général : 0 800 85 85 06 ; au conseil régional : 02 28 20 60 00.

Article paru le 12 mars dans le journal Libération.

Cliquez sur les imagettes pour agrandir l’image.

Deux semaines après la tempête Xynthia, les interrogations demeurent sur la frénésie immobilière des élus de La Faute-sur-Mer, qui ont autorisé la construction de lotissements dans une zone soumise à des risques de «submersion marine» mentionnés par certains permis de construire signés de leur main (voir fac-similé ci-dessous). Etait-il prudent de construire en contrebas d’une digue sur des terrains situés dans une «cuvette», terme employé par le secrétaire d’Etat au Logement, Benoît Apparu ?

Des documents en notre possession font apparaître que l’adjointe en charge de l’urbanisme, Françoise Babin, ou des membres de sa famille, avaient des intérêts personnels directs dans ces opérations. Sont concernés les lotissements des Voiliers et des Doris, où ils possédaient des terrains, et qui figurent parmi les zones les plus meurtries par la tempête. Xynthia a fait 27 morts à La Faute-sur-Mer dans la nuit du 27 au 28 février. Un médecin urgentiste de l’Hôpital de Fontenay-le-Comte (Vendée), propriétaire d’une résidence secondaire, a perdu sa femme, sa mère et deux de ses enfants dans le quartier des Voiliers, contigu à celui des Doris.

Champignons. Près d’une centaine de pavillons ont été édifiés dans ces deux zones depuis une dizaine d’années. Un activisme immobilier pour le moins imprudent, au vu de la topographie des lieux et des risques de submersion. L’autorisation de lotir aux Doris (84 terrains à bâtir) a été signée par le maire, René Marratier, le 1er octobre 1999. Puis, les permis de construire sont allés bon train et les maisons ont poussé comme des champignons sur des terrains où, jadis, broutaient des vaches.

L’histoire de ce lotissement mérite d’être racontée tant charge d’élu et intérêts particuliers semblent entremêlés. Tout commence par une réunion du conseil municipal de La Faute-sur-Mer, le 11 juillet 1996, qui doit délibérer sur l’aménagement urbain dans lequel s’inscrit le projet des Doris. «Mme Babin étant directement concernée par l’objet de la délibération qui va suivre, elle quitte la salle et ne prend part ni à la discussion ni au vote», peut-on lire dans un compte rendu des délibérations du conseil municipal que s’est procuré Libération. Les élus prennent connaissance des documents d’urbanisme. «Chacun estime que ce schéma trouve tout à fait sa place dans ce secteur puisqu’il est urbanisé de part et d’autre.» Le projet est approuvé«par quatorze voix pour, et une abstention». Aucun vote contre. Le lotissement est réalisé par une association foncière urbaine (AFU) dans laquelle Françoise Babin a des parts avec quatre autres associés. Dans les années qui suivront, en tant qu’adjointe au maire chargée de l’urbanisme, elle signera plusieurs permis de construire pour l’édification de maisons dans ce lotissement.

Clés en main. Viennent ensuite les Voiliers, «lotissement réalisé par la SARL Les Voiliers représentée par M. Babin Philippe […] en vue de la réalisation de 35 lots à usage d’habitation», indique l’autorisation, signée 11 décembre 2002 par le maire. Philippe Babin est le fils de l’adjointe. Dans cette opération, il est propriétaire des terrains et parfois promoteur immobilier. Il vend des espaces ou des maisons en Véfa (vente en état futur d’achèvement), autrement dit clés en mains. Là encore, des permis de construire délivrés sur ce lotissement portent la signature de sa mère.Nous avons tenté de joindre l’élue, sans succès. Philippe Babin, en revanche, nous a précisé que «toutes ces constructions ont été réalisées conformément aux règles qui ont été validées lors de la constitution de ces lotissements». Il souligne que les permis de construire étaient instruits par la DDE, qui propose au maire de les accepter ou de les refuser. «On n’a pas tiré avantage de la situation», dit-il.

Sur un permis de construire que s’est procuré Libération, daté de décembre 2007 et signé par Françoise Babin, apparaît la mention suivante : «Le terrain du projet est situé dans une zone d’aléa moyen à fort de submersion marine», conformément «à l’arrêté préfectoral […] du 12 juillet 2007». C’est à partir de cette date, en effet, que les préfets qui vont se succéder en Vendée s’inquiètent de la dangerosité du secteur, et tentent d’imposer aux communes de La Faute-sur-Mer et de L’Aiguillon-sur-Mer un plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) prévoyant notamment la création de zones rouges où il serait interdit de construire. Mais les services de l’Etat se heurtent à la résistance des élus, focalisés sur le développement de l’activité touristique et économique de leurs communes, qui avait pour corollaire une activité immobilière débridée (Libération du 8 mars). Pour cette raison le PPRI n’a toujours pas été validé à ce jour. Il reviendra peut-être à la justice de dire s’il y a eu «prise illégale d’intérêt» de l’adjointe au maire pour les opérations immobilières dans lesquelles elle et sa famille étaient concernées.

Suivi des inondations, surfaces inondées détectées sur une image SPOT 4 (10m) acquise le 2 mars 2010 et sur une image ENVISAT ASAR (12.5m) acquise le 4 mars 2010

Voir d’autres cartes

VENDEE

J.Cl. | 12.03.2010, 08h13 | Mise à jour : 11h19

Xynthia a fait 53 victimes, dont la moitié à La Faute-sur-Mer, commune dont le territoire, en-deçà du niveau de la mer, a été presque entièrement immergé. Libération révèle vendredi matin que des autorisations de construction dans des quartiers jugés à fort risque par la préfecture de Vendée ont été données par l’élue en charge de l’urbanisme, alors qu’elle avait de forts intérêts personnels à la promotion immobilière.
Alors que sur les permis de construire apparaît une mention informant du risque «moyen à fort de submersion marine» conformément à un arrêté préfectoral du 12 juillet 2007, la mairie de la Faute-sur-Mer a délivré des permis de construire en grande quantité.

Le quotidien dénonce une frénésie immobilière : «Près d’une centaine de pavillons ont été édifiés depuis une dizaine d’années» dans les secteurs des Doris et des Voiliers, très meurtris par la tempête du 28 février. Le 1er octobre 1999, le maire donne ainsi son feu vert à l’urbanisation des Doris, qui comptent 84 terrains à bâtir. Un lotissement y est réalisé par une association foncière urbaine pilotée par cinq associés, dont l’adjointe à l’urbanisme. De fait, dans les années qui suivent, cette élue signe plusieurs permis de construire pour approuver la construction des maisons.

Un lotissement réalisé par le fils de l’élue

Aux Voiliers, selon Libé, le lotissement est réalisé par le fils de cette élue. 35 lots à usage d’habitation lui sont fixés. «Propriétaire des terrains et parfois promoteur immobilier, il vend des espaces ou des maisons en Véfa, vente en état futur d’achèvement». Des permis de construire sont signés par sa mère, que le quotidien n’est pas parvenu à joindre. Son fils, en revanche, défend que les constructions ont été réalisées conformément aux règles édictées.

Si c’est le cas, le quotidien relève en tout cas la collusion des intérêts locaux et privés. Et démontre que, pour défendre le développement de leurs communes, nombreux sont les élus à avoir tenté de négocier avec les préfectures des aménagements aux plans de prévention du risque inondation. S’il avait été validé en Vendée, le PPRI aurait décrété en zone rouge les Doris et les Voiliers, et d’autres secteurs de la Faute-sur-Mer et de sa voisine l’Aiguillon, rendant impossible toute construction.

Ces collusions ont d’ailleurs conduit, dimanche dernier dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée, à réclamer le retrait des permis de construire aux maires.

Religions jeudi 11 mars 2010
  • Mickaël Etourneau, le directeur de l'école Saint-Vincent Sacré-Coeur, lors de la cérémonie.

    Mickaël Etourneau, le directeur de l’école Saint-Vincent Sacré-Coeur, lors de la cérémonie.

En l’église Notre-Dame de Fontenay, vient de se tenir aujourd’hui une cérémonie émouvante en l’honneur de Camil, Ismaïl, Nora et Yamina, tous quatre victimes de la tempête Xynthia, le 28 février à La Faute-sur-Mer. Cette cérémonie était la volonté de la communauté éducative de l’école Saint-Vincent-Sacré-Coeur et du collège Saint-Joseph. Ismaël, 4 ans et demi était élève en moyenne section, Camil, 13 ans, était en 5e. La célébration oecuménique a eu lieu en présence de Nadia, 7 ans, qui a perdu dans cette catastrophe deux de ses frères, sa maman et une grand-mère.

Les assurances en questions suite, rétrospective des évènements.

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Les assurances en questions

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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