LA ROCHE-SUR-YON — Après le passage de la tempête Xynthia qui a fait 53 morts, dont 41 en Vendée et en Charente-Maritime, les autorités tirent les premières leçons des inondations meurtrières, avec de grandes questions sur l’urbanisation à outrance et les digues mal entretenues.
Déjà venu constater les dégâts, Nicolas Sarkozy a prévu de retourner mardi en Vendée et en Charente-Maritime pour rencontrer des sinistrés et faire le point sur les moyens pour « améliorer leur protection contre les aléas naturels dans les années à venir ».
Au coeur du débat, l’urbanisation massive des communes du littoral, alors que le plus grand nombre de morts a été déploré à La Faute-sur-mer, petite station balnéaire vendéenne où plusieurs lotissements construits dans une cuvette sous du niveau de la mer ont été noyés sous les eaux le 28 février.
Ici, comme ailleurs, nul ne doutait de la protection des digues en cours de consolidation, même si dès 2008 un rapport de la DDE de Vendée prévenait que « la rupture des digues sur ce secteur engendrerait des dégâts majeurs aux biens et aux personnes ».
Météo-France avait placé la Vendée et la Charente Maritime en « alerte rouge », mais nul ne s’attendait aux inondations provoquées par la conjonction catastrophique de vents violents, de grandes marées et d’une pression atmosphérique basse.
« Il y a eu des études, mais aucune, même si on préconisait de conforter la digue et de la rehausser, ne prévoyait une montée des eaux telle que ce que l’on a vu », se défend Françoise Babin, adjointe à l’urbanisme à la Faute-sur-Mer, dont la famille avait des parts dans des lotissements aujourd’hui inondés.
Le risque d’inondation ne concerne d’ailleurs pas que la Vendée: la France compte plus de 800 communes sous le niveau de la mer et sur les 1.350 km de digues, « un tiers pose des problèmes de sécurité », comme l’a noté Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie qui accompagnera le président Sarkozy mardi.
Première leçon de la tempête, un plan national d’action « digues » est désormais prévu sur cinq ans. En Charente-Maritime où la moitié des 224 km de digues a subi des dommages plus ou moins graves, des entreprises ont été réquisitionnées pour des travaux d’urgence en prévision des grandes marées de la fin mars.
A l’échelle nationale, une commune sur trois est concernée à des degrés divers par un risque d’inondation: 100.000 logements ont été construits entre 1999 et 2006 en zone inondable, même si « il n’y a pas 100.000 logements à risque », comme l’a dit Jean-Louis Borloo, ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de la Mer, qui sera aussi du voyage mardi.
Parmi les mesures en vigueur, la loi littoral de 1986 qui interdit toute construction à moins de 100 mètres du rivage a été affaiblie par une série d’amendements dérogatoires.
A la Faute-sur-Mer en outre, comme parfois ailleurs, la commune a tout fait pour retarder l’application du plan de prévention des risques d’inondations (PPRI). Certains permis de construire ont exigé de longues batailles juridiques contre la préfecture.
Or c’est justement l’absence de PPRI qui permet aujourd’hui aux élus locaux de dire que toutes les constructions sont en règle.
Deuxième leçon de Xynthia: les préfets de Vendée et Charente-Maritime ont désormais interdit de délivrer des permis de construire sur les zone submergées.
Reste à savoir ce que vont devenir les habitations les plus endommagées. Certains voudraient les voir détruites.
En Charente-Maritime, 150 habitations sont jugées « inhabitables » et 563 totalement ou temporairement inhabitables en Vendée – 329 à la Faute-sur-mer, 209 à l’Aiguillon-sur-mer et 25 à la Tranche-sur-mer.
3 réponses à to “Urbanisme effréné, digues vieillissantes: les leçons de la tempête Xynthia (AFP)”
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A l’Aiguillon sur mer, il existe des constructions sans digues illégalement autorisées sur le domaine public maritime remblayé. Il y en a d’autres sur le domaine public communal réputé inaliénable(square Pigeanne) Les services fiscaux et l’Equipement sont responsables de ces illégalités qui datent du début de la cinquième république et de ses corruptions immobilières. L’Agence France Presse refuse de recevoir la documentation correspondante qui fait échec à leur monopole.
Par contre les administrations, les Notaires, les associations de défense de l’environnement ont reçu ces pièces et se sont bien gardées de les commenter ou de les diffuser.
Les leçons de la tempête il eut été facile de les prendre avant la catastrophe, les ouragans et les digues ne sont pas une nouveauté dans le coin !
http://www.bakchich.info/Le-syndrome-du-court-bouillon,10391.html
Les digues sont l’avenir du littoral, un peu d’histoire, celle du chemin de fer, au 19ème siècle, les chemins de fer ont été construits sur le modèle de la pente, donc de l’inclinaison qui permettait aux machines de tracter des tonnes de marchandises, avec un effort adapté à la puissance des motrices calculée selon la pente.
Cet exemple nous montre l’évolution d’une infrastructure, aujourd’hui les lignes de TGV sont construites selon les courbes de niveau qui permettent un déplacement à grande vitesse.
Les anciennes digues ont été construites selon un modèle élaboré en fonction des connaissances de l’époque.
Les outils scientifiques dont nous disposons aujourd’hui, nous permettent, non seulement de consolider ces infrastructures, mais également d’élaborer de nouvelles infrastructures qui tiennent compte de l’évolution des connaissances dans ce domaine.