Mercredi soir, lors de la réunion du conseil municipal de La Faute-sur-Mer.
Discrets depuis le drame, au coeur de la polémique, les élus de La Faute se défendent. A l’issue du conseil, ils ont répondu à nos questions.
Avez-vous le sentiment de porter le chapeau ?
René Marratier, le maire : « Nous sommes seuls face à la meute. On a été livrés à la vindicte populaire. Même si je comprends certaines choses, on a déjà un lourd fardeau à porter. Moi-même je suis sinistré. Vous croyez qu’on n’en a pas déjà assez sur la tête ? Personne ne s’occupe de savoir si les élus ont, eux aussi, besoin d’un soutien psychologique. »
Une pétition circule. 500 signatures en votre faveur. C’est important ?
Marie-Thérèse Tarrery, adjointe : « Oui. Dans la commune, on nous soutient. À l’extérieur, on est traité d’incompétents. Comme si nos commissions n’avaient pas étudié les dossiers. Ceux qui ne connaissent pas le terrain, nous attaquent. »
Un élu : « Dimanche dernier, un électeur sur deux est venu dire à monsieur le maire : on est avec vous. On vous encourage. C’est quand même quelque chose »
René Marratier : « Cela donne envie de se battre pour rétablir des vérités. »
Pourquoi avoir laissé construire en zone inondable ?
Une élue sinistrée : « Toute la commune est inondable. Si vous allez par là, on rase tout. L’Aiguillon est tout aussi inondable. Ma maison date de 1958 et j’avais un mètre vingt d’eau. »
Pourquoi, avoir demandé en novembre dernier à repousser l’enquête publique du plan de prévention des risques d’inondations (PPRI) ?
René Marratier : « Le PPRI a été accepté par anticipation le 1er juillet 2007. Il été rédigé par les services de l’État avec, normalement, un rendu de copie le 1er juillet 2010. Le délai d’instruction est de trois ans. »
Françoise Babin, première adjointe : « Pendant deux ans et demi, on n’a jamais rencontré les services de l’État. Et, puis ils viennent en novembre, en nous disant : y’aura une enquête publique au mois de janvier… »
René Marratier : « On est en démocratie. On a le droit de ne pas être d’accord. On a contesté le PPRI plus sur la forme que sur le fond. Il y avait des choses à faire préciser. Par exemple, en zone PPRI, comment mettre un portail électrique sur une clôture en brande ? »
Les secteurs interdits à l’habitat vont être dévoilés d’ici peu…
René Marratier : « On attend. Certains veulent faire des croix sur la commune, d’autres veulent la raser. On saura la semaine prochaine, mardi ou mercredi, lorsque préfet va annoncer le périmètre. C’est aussi pour cela, qu’en partenariat avec notre assurance, la SMACL, qu’on sollicite un avocat de renom. Ça peut aider… »
Patrick Maslin, adjoint : « S’il n’y a pas la mise en place de cellules psychologiques importantes quand le préfet va annoncer sa décision, on risque d’avoir des soucis. On a demandé une double cellule de soutien. »
Vous craignez le pire ?
René Marratier : « On s’attend à tout. Faire de La Faute un exemple ? Pourquoi là plus qu’ailleurs? Il y a des milliers de kilomètres inondables sur le littoral. »
Pierrette Billet, une élue sinistrée : « Faut pas croire, on va se battre pour rester. C’est notre vie ici. »
À combien évaluez-vous les dégâts dans la commune ?
René Marratier : « Impossible de chiffrer. Et les morts. Ce n’est que des gens qu’on connaissait. On y pense tous les jours. »
Quelle aide financière, avez-vous reçu de l’État ?
Patrick Maslin : « Jusqu’à présent 169 000 €. Cela a payé une partie des secours. Mais sur ces 169 000 €, 145 650 € provenaient de dons… »
En résumé, dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Une élue : « Comme des zombies. »
René Marratier : « On est mal. Mais on va se battre pour que les sinistrés puissent rester sur la commune. »
Patrick Maslin : « Nous sommes quinze personnes autour de la table, c’est quinze personnes solidaires. »
Recueilli par Renaud GARNIER.
Ouest-France
14 réponses à to “A La Faute, les élus vont « se battre pour rester ici » (Ouest France)”
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il serait bon de penser à désenvaser le lay car cela devient urgent !
à FwP
Il est bien évident que les promoteurs n’ont pas ,comme vous le dites, les reins si solides qu’ils puissent satisfaire à la différence .
Je ne parlais que de justice au sens où la justice c’est aussi de l’ordre du dédommagement moral .
Néanmoins une participation financière de la part de ceux qui y ont fait des affaires et [b]à proportion[/b] ne me semble pas si injustifiée .
Vous aviez des terrains qui ne valaient pas un sou , vous les achetez pour trois fois rien . Par l’effet de la constructibilité etc etc… vous connaissez la suite . Tout le monde connait ce scénario.Un scénario d’enrichissement des terres, sans phosphates .Classique…. C’est le coup du pétrole dans votre jardin .On n’a pas de pétrole mais on a « »le permis de construire » »
La défense des dits promoteurs dira que les terrains étaient constructibles,(car pas décision municipale ils l’étaient ) et que vous étiez acheteurs au courant de l inondabilité ,certes , tout comme la municipalité et les promoteurs .
Tous au courant! Sauf que les victimes sont d’un côté les promoteurs de l’autre .
L’initiateur de la manœuvre c’ est le promoteur .
………………
trêve de promoteur puisque j’ai épanché ma bile .
………………
Tournez vous vers l ‘Etat .Renseignez- vous sur le maquis juridique .
Et puisque P de Villier s’ est déclaré ,insistez aussi de ce côté là .
( mais je vous fais confiance, vous allez savoir vous défendre )
En ce qui concerne les « promoteurs » vous serez d’accord avec moi pour dire qu’ils n’ont pas les reins plus solides que la commune, car nous parlons d’agences immobilières qui pour la plupart font 3 ou 4 maisons dans l’année, or si on considère 300 maisons à détruire, pour une décote de 70000€ par maison, on parle de 21M€, nous sommes loin de ce que peuvent faire les « promoteurs »; sans oublier que certaines maisons sont elles habitées depuis des années, sans « promoteur » juste un vendeur de terrain, comment faire en pareil cas?
La solution est plus probablement vers l’état, car la défense des dits promoteurs aura beau jeu de dire que les terrains étaient constructibles, et que nous étions acheteurs au courant (c’est signé par nous dans l’acte notarié)
Finalement c’est plutôt l’état qui au nom du principe de précaution (louable aujourd’hui, même si un peu tardif) qui prend la responsabilité de revenir en arrière et donc de rompre ce « contrat » avec les propriétaires.
Alors dans ce cas il y a plusieurs solutions:
1) l’état apporte le complément de financement aux assureurs?
2) l’état aide la commune à rendre constructible certaines zones interdites à la construction (mais il risque d’y avoir des oppositions écologistes par exemple)
Aujourd’hui je suis très dans l’expectative ne sachant pas ou se trouve la bonne solution!
Par ailleurs, pour se faire rembourser par l’assurance, nous allons devoir avoir une évaluation, par les agences et notaires qui sont les mêmes avec qui nous avions signé avant…. ironique non?
« » »Le problème est qu’il n’y a pas beaucoup de solutions de rechanges sur La Faute en tous les cas pas pour 300 logements, « » » » » » » » » » »(Julie)
Effectivement , car si on a construit (avec risque ) sur ces terrains inondables c’est bien qu’il n’ y avait plus de place ailleurs .
Au vu de ce que j’ai lu sur un autre post il y a fort à parier que les propriétaires des lotissements promis à la déconstruction ne seront pas indemnisés par les assurances à la hauteur de leur frais ( terrain et maison )
Doivent-ils alors accepter de perdre une partie de leur financement ; comme on perd au jeu .
C’est sur cette différence qu’ils devront se battre .
Qui payera la différence?
P de Villier a impliqué les promoteurs .
Il est bien évident que les promoteurs et les vendeurs des terrains inondables ( et inconstructibles fut un temps )en première instance ne perdent rien , eux .
Et pourtant ils sont responsables quelque part de la perte des propriétaires .
Il serait de bonne justice qu’ eux et les vendeurs des terrains participent en partie au dédommagement des sinistrés .
Il serait à tout le moins injuste qu’ ils s’ en sortent indemnes.
Quand la firme Toyota vend des voitures ayant un défaut elle assume .Je sais bien qu’il y va de sa respectabilité et de son avenir .. Alors quid de la respectabilité et de l’avenir des promoteurs sur La faute et sur le littoral en général ?
Noel Mamère est sévère http://www.noelmamere.fr/article.php3?id_article=1885
De ce point de vue, la Vendée est un cas d’école. Dans les villages côtiers du littoral, les petites communes n’ont pas de services techniques appropriés pour répondre aux demandes des promoteurs immobiliers ou de certains de leurs administrés. Dans d’autres, (comme dans le cas de la Faute sur mer), règnent souvent des notables qui, depuis des décennies, ne respectent que la loi du profit à court terme. Pour cela, ils se sont assis sur la réglementation anti-inondations et sur la loi littorale, souvent aidés en haut lieu par leurs amis politiques. En Vendée, la commission des sites a donné son aval à des projets d’implantation sans attendre que l’Etat, et notamment les DDE, ait émis un avis motivé. Résultat : les élus locaux ont délivré à tire-larigot des permis de construire qui se sont transformés en passeports pour la mort. En cumulant corruption et délinquance écologique, ils ont apporté la preuve qu’on ne peut pas préserver l’environnement sans État de droit mais que l’Etat de droit doit pouvoir être appliqué contre ceux qui sont censés appliquer la loi.
Ne vous excusez pas, votre position est pleine de bon sens. Le problème est qu’il n’y a pas beaucoup de solutions de rechanges sur La Faute en tous les cas pas pour 300 logements, que la commune n’a pas les moyens financiers pour proposer gratuitement le peu de terrains qui restent, et qu’il faudra se battre contre le département, la région et l’Etat pour être correctement indemnisé. En tout cas, c’est ce que disent les avocats et surtout les sinistrés qui ont déjà vécu pareil problème.
En lisant tous vos post je ne puis qu’etre d’accord sur beaucoup de points.
Je pense par ailleurs, que ce n’est pas parce que la municipalite est nulle (voire autiste) dans sa communication, qu’il faut regarder que dans cette direction.
De facon egoiste je vais parler d’un sujet qui me touche : l’idemnisation (je noublie pas ces voisins immediats morts cette nuit mais un mois apres je commence a m’investir dans la recherche d’une solution financiere et ca m’occupe, et me permet d’oublier cette horreur)
Je ne suis pas certain que nous ayons beaucoup a gagner en ;atiere d’idemnisation en nous acharnant sur la municipalite; en effet, au dela de leur objectif de sauvegarde personnelle, leur second, comme en atteste certaines delib du dernier conseil, tournent autour de l’avennir de notre commune.
Une des solution, n’est elle pas de trouver avec eux des solutions de « rechange », entre autre pour ceux qui comme moi, ne desirent plus revenir dans notre lotissement habite par des fantomes, mais aimeraient bien rester sur La Faute?
Et pour ceux qui veulent partir, si tout le monde, sinistres, commune et etat pouvaient pousser dans le meme sens, les indemisations pourraient eventuellement etre simplifies?
Je continue a penser que la decision (qui me convient par ailleurs si nous sommes indemnises correctement) aui consiste a detruire, est la pour donner l’exemple, et j’ai honte de le dire, mais est statistiquement raisonnable, surtout si des vrais travaux sont effectues sur la digue.
Avec toutes mes excuses pour cette position asse incorrecte
Quant à l’histoire du portail électrique sur la cloture en brande, là je comprends pas….Les clotûres en brandes sont interdites à Faute, ça je le sais, les portails électriques semblent autorisés mais le rapport avec le refus du PPRI, je le vois pas!
Vous voyez, il y a de quoi en écrire un livre. Ce soir j’ai honte d’être Fautaise mais je m’en remettrai…
A propos des digues, Poulun, sachez que nous avons payé de nos deniers communaux 800 000 euros de digues autour d’un camping dont l’occupation était illicite(donc pas de subventions bien sur…). Elle a été solide la digue! On peut en être fiers. L’eau l’a contournéee ( elle était construite sur 3 côtés seulement) et on a du la pomper pour la faire sortir. On est des bons à la Faute sur Mer! On construira bientôt une digue autour de la mairie pour protéger nos élus…de la vindicte populaire car je n’arrive toujours pas à comprendre ce comportement de mouton de mes concitoyens.
Oui, il serait judicieux de mettre le maire sous tutelle pour la sécurité de tous. Il ne comprend rien à rien et fait n’importe quoi.On se demande aussi comment les aides financières vont être réparties. La liste des sinistrés n’est pas faite….Et quand le journaliste de Ouest France demande quelle aide financière a été reçue de l’Etat, M Maslin, adjoint répond: « 169 000 euros. Cela a payé une partie des secours . Mais sur ces 169 OOO euros, 146 650 étaient des dons… » Confondent-ils aides de l’Etat et dons???On est mal barrés…
Je viens d’écouter la vidéo du conseil municipal du 24 mars et de lire les commentaires et réponses de la municipalité aux question posées par Ouest France je crois.
Si j’ai bien compris la commune va engager des travaux de réfection de digue à hauteur de 440 000 € ( une somme ).
Le conseil municipal va engager une étude pour un plan de sauvegarde ( curratif ou préventif ? ), car il ne reste plus grand chose à sauvegarder.
Y avait-il un plan sécuritaire de sauvegarde en cas de catastrophe avant l’inondation ?
Dire qu’il y a des milliers de kms inondables sur le littoral, est-ce la réponse à une telle situation ?
Je ne suis pas certain, que dans une telle confusion et avec autant de problèmes à régler dans l’urgence, que la commune seule soit en capacité à gérer la situation.
Il aurait été plus judicieux que les administrations départementales ou régionales voir nationales délèguent des compétences pour assister ce conseil.
A propos de l’avocat de renom que préconise la SMACL: la SMACL n’a rien d’une organisation caritative. En tant qu’assureur des collectivités, la SMACL pourrait bien avoir à assumer financièrement les décisions discutables et l’imprévoyance de certains élus locaux. Comme l’a indiqué le sous-préfet, on est dans un cas juridique inédit. Personne ne sait comment et par qui les indemnisations seront faites. A Vaison la Romaine, les expropriations après la crue n’ont concerné que quelques dizaines de maisons. Ici, on parle en centaines. Les assurances qui vont devoir -si elles l’acceptent car le cas n’est pas prévu- indemniser les sinistrés, rechercheront probablement à prouver la responsabilité des collectivités. Quand ce n’est pas les sinistrés eux-mêmes. C’est simplement ce qu’anticipe la SMACL. Dans la Nouvelle-République du Centre-Ouest, le PDG de la SMACL indiquait l’autre jour qu’on ‘avait désigné les élus locaux à la vindicte populaire’. Il a en effet tout intérêt à ce que les élus en sortent blanchis. D’où Me Metzner….
Julie: Vous croyez que le maire n’a rien dit parce qu’il n’a aucun savoir vivre ? Il ne sait pas faire de la politique (en faisant semblant)? Il ne fait pas partie des humains ?
Il faut se battre pour les sinistrés, c’est eux qu’il faut soutenir!. Certains ne souhaitent pas revivre sur les lieux du drame ,il faut qu’ils puissent être correctement indemnisés. D’autres au contraire ne veulent pas partir : il faudra trouver une solution.
Ce conseil municipal a été une giffle supplémentaire pour les sinistrés présents :aucun mot de soutien, aucune empathie. A quoi a servi la minute de silence du précédent conseil fait à huis clos si on ne montre qu’indifférence face à une vingtaine de sinistrés qui s’étaient déplacés ce 24 mars? Ils n’attendaient pas de solution miracle mais juste un peu de chaleur, de réconfort. Le maire n’a su que leur répondre : « moi aussi je suis sinistré »! Confond-il le public et le privé en se posant en victime lors d’un conseil municipal? Il n’y a rien de pire que l’indifférence dans de telles circonstances. Le conseil municipal se serre les coudes mais ne pense-t-il pas aux ennuis qui risquent de s’abattre sur leur petit groupe plutot qu’aux Fautais? Pour ceux qui ont assisté à cette séance la réponse est très claire!
Je penses qu’effectivement les élus doivent se battre pour garder le maximum possible de La Faute Sur Mer, et je les soutiens. Car si on écoute ces faux experts (après la tempête), il faut raser « La Faute Sur Mer » pour apaiser la force de la nature !!! Une sorte de sacrifice divine!!!!!