La Tranche-sur-Mer, La Faute-sur-Mer et L’Aiguillon-sur-Mer (Vendée) Envoyée spéciale

A la mairie de La Faute-sur-Mer (Vendée) une affichette propose encore de « prendre du linge sale, (de) le laver et (de) le ramener ». Mais l’heure n’est plus à ces gestes de solidarité. Un mois après le passage de la tempête Xynthia, c’est un autre genre de linge sale que les communes de cette partie du littoral, située au nord de La Rochelle, s’apprêtent à laver.

Les assureurs n’ont pas encore tiré le bilan définitif des dégâts de la tempête Xynthia, les assurés ayant jusqu’au mercredi 31 mars pour faire leur déclaration. Environ 500 000 sinistres ont déjà été enregistrés, pour un montant de 1,5 milliard d’euros. Les dégâts les plus importants ont été ceux provoqués par les inondations. Ils sont comparables à ceux de la tempête Klaus, qui avait frappé le Sud-Ouest, le 24 janvier 2009, et dont le coût avait atteint 1,7 milliard d’euros pour 740 000 sinistres.

Comme après les précédentes tempêtes, les procédures ont été assouplies et des avances sur indemnisation sont versées en fonction des cas. Les membres de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) se sont engagés à indemniser dans les trois mois tous les dommages, jusqu’à un montant de 2 000 euros. Ceux du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (GEMA) financent le relogement provisoire des personnes ayant perdu leur résidence principale pendant six mois.

« Rien que sur La Faute, on compte environ trois cents arrêtés, c’est-à-dire trois cents maisons sinistrées. Qu’est-ce qu’elles vont devenir ? Les gens n’en savent rien ! », s’exclame Renaud Pinoit, patron d’une petite société d’informatique, qui a décidé de créer l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (AVIF).

Les assurances peuvent, certes, aider à reconstruire, « mais les démolitions, qui va les financer ? Et les sinistrés, ceux dont les maisons vont être rasées, comment vont-ils faire ? Où vont-ils aller ? », s’interroge ce Fautais de 40 ans.

Question épineuse. Au total, dans les trois communes, quelque quatre cent cinquante maisons ont été gravement touchées par la folle marée de la nuit du 27 au 28 février. Leur sort va dépendre de leur classement – ou non – en « zone rouge ».

La liste des habitations concernées devrait être annoncée avant la fin de la semaine par les autorités de tutelle. Une réunion interministérielle s’est tenue, pour en discuter, dans la soirée du mardi 30 mars, au ministère de l’environnement. « Ça va faire mal, c’est sûr. Les maisons situées en zone rouge ne vont plus rien valoir », estime le maire de La Tranche-sur-Mer, Serge Kubryk.

Sa commune – la moins touchée des trois – risque quand même de sentir le vent du boulet. La fragilité des digues, de construction souvent ancienne, expose certains terrains : leur vulnérabilité pourrait les faire basculer en zone « interdite ».

Marchant à petits pas le long de la route de la pointe d’Arçay, à l’extrémité de La Faute-sur-Mer, un couple de retraités s’arrête pour souffler. Le grand soleil, qui éclabousse les pins, ne les console pas. Leur maison, achetée en 1980, est « en train de sécher », expliquent-ils. Ils espèrent bien y retourner.

Pour l’instant, elle est inhabitable. Ignoraient-ils qu’elle était située en zone inondable ? « En trente ans, on n’a jamais eu une goutte d’eau ! », s’exclament-ils, ulcérés. Ils en veulent à la terre entière : à l’assurance – qui ne donne « pas de nouvelles » -, mais aussi à la mairie – dont « aucun représentant » n’est venu les voir. « On ne sait rien ! », s’énerve le vieil homme.

En attendant, ils ont loué un appartement à L’Aiguillon. L’idée d’abandonner leur maison ne leur traverse pas l’esprit. C’est pourtant à quelques centaines de mètres de chez eux, dans les habitations construites au bord du Lay, que l’on a dénombré le plus grand nombre de morts : vingt-neuf au total dans ce petit coin de Vendée.

Sur le pont qui relie La Faute et L’Aiguillon, des curieux se promènent. On y a une vue imprenable sur le camping municipal de La Faute, où des rangées de mobil homes boueux attendent d’être portés à la casse. « Evidemment que c’est une zone inondable. Mais bon, ça arrangeait tout le monde… Alors, on a laissé filer », soupire une habitante de L’Aiguillon.

« Les passe-droits, il y en a partout en France », s’agace la responsable d’une agence immobilière de La Faute. En vitrine, entre une « maison de pêcheur » et un studio « plage à pieds », une anachronique « parcelle non constructible, avec abri jardin, à 200 mètres de la plage » est proposée à 33 000 euros.

Il faut « arrêter l’urbanisation sauvage » et « ne plus délivrer de permis de construire dans les zones où la mer peut revenir », préconise le président du conseil général, Philippe de Villiers, dans le bimensuel Le Journal de la Vendée. Dans le collimateur : la cuvette de La Faute, précisément, qui doit être « restituée à sa vocation naturelle de marais, de parc végétal », estime M. de Villiers. Sans préciser, toutefois, qui en fera les frais.

Bien que le mot ne soit pas prononcé, le spectre des procès hante les élus locaux. « Il n’y a pas un seul coupable : c’est une chaîne de responsabilités », plaide le maire de La Tranche-sur-Mer. Pas question, insiste l’édile, de laisser tomber les administrés. « On va aider la population jusqu’à ce que des solutions soient trouvées, ajoute-t-il. On ne peut pas avoir donné les permis de construire hier et lâcher les gens aujourd’hui. » Redoutée, la grande marée du mardi 30 mars n’a pas causé plus de dégâts.

Catherine Simon

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