Corinne Lepage est l’avocate de l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (Avif). Contactée par leJDD.fr, l’ancienne ministre de l’Environnement se dit étonnée de la décision du gouvernement de détruire 1.510 logements touchés par la tempête Xynthia.
Corinne Lepage veut « d’abord avoir la preuve qu’aucune mesure de prévention n’était envisageable sur les maisons ». (Maxppp)
Que pensez-vous de la cartographie des « zones noires », dîtes inconstructibles, établie par l’Etat?
Les habitants ne sont absolument pas d’accord. Ils ne comprennent pas les critères qui ont été utilisés et leurs fondements juridiques. Certaines maisons qui n’ont pas été touchées par un centimètre d’eau doivent être démolies, alors que d’autres qui ont été inondées ne sont pas concernées par le plan de démolition. J’ai moi-même été très étonnée de cette annonce faite de but en blanc.
Aurait-il fallu attendre?
Je pense qu’il y a eu un manque de concertation. L’Etat a voulu aller très vite. Pendant 30 ans, il ne s’est rien passé, et tout d’un coup, on annonce un plan de démolition effectif dans les deux mois qui viennent. Je vois difficilement comment cela va être réalisable. On a pris des mesures définitives très rapidement, alors que d’autres solutions étaient peut-être concevables.
«Les habitants sont traumatisés»Qu’attendez-vous de la part de l’Etat?
Je veux d’abord avoir la preuve qu’aucune mesure de prévention n’était envisageable sur les maisons, avant d’annoncer directement leur démolition. Si ces zones sont effectivement trop dangereuses, la décision du gouvernement est légitime, mais la loi précise bien que les mesures de destruction ne sont à prendre que si aucune autre hypothèse ne peut être envisagée.
Comprenez-vous la colère des habitants?
Ces gens sont traumatisés. Les réactions individuelles ne sont pas les mêmes partout. Certains préfèrent partir alors que d’autres n’envisagent pas de quitter leurs maisons.
Le secrétaire d’Etat au logement, Benoist Apparu, a annoncé une indemnisation totale des habitants concernés par le plan de démolition…
Les promesses, c’est très bien, mais j’attends de voir la réalité. Pour l’instant, ce ne sont que des engagements, il faut maintenant voir les éléments précis. On parle d’indemnisations immobilières, mais qu’en est-il des frais de déménagement, du préjudice subi par les habitants? Y aura-t-il un fond assez important pour indemniser tous les habitants? S’il n’y a pas assez d’argent, que leur dira-t-on?
Des recours en justice sont-ils envisagés par les sinistrés?
Il est encore trop tôt pour le dire. Ils vont décider prochainement de ce qu’ils comptent faire. Mais je doute fort qu’il n’y ait pas de recherches des responsabilités pénales dans cette affaire. La bataille ne fait que commencer.
3 réponses à to “Xynthia-Lepage: « La bataille ne fait que commencer » (JDD)”
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J’ai pleine confiance en Corinne Lepage , ce choix est des plus judicieux .
D’accord avec vous Patrick D ,c’est une vaste foutaise . De la politique de hussard fonctionnant à l’effet d’annonce .
P de Villiers ,bien décevant !
Qu’il se déplace et vienne discuter avec chacun des contestataires . Qu’il vienne à la Faute sur mer et à l Aiguillon écouter leurs arguments .
Que je sache il n ‘y est pas revenu .( qu’on me démente )
hks
Prendre des décisions aussi stupides en moins de 6 semaines , par des ingénieurs et des gens de la DDE qui ne se sont même pas déplacés sur les lieux, et n’ont pas rencontrés les 1510 propriétaires est une vaste foutaise des Préfets de Charente et de Vendée, ce dernier étant arrivé en Vendée que le 15 Février !
La bataille ne fait que commencer, dit Maître Lepage, et la déconstruction ne sera pas pour cette année !!!