La Faute-sur-Mer (Vendée), envoyé spécial
Des centaines d'habitants des Boucholeurs, village à cheval entre  les communes d'Yves et Châtelaillon-Plage touché par les inondations  provoquées par la tempête Xynthia, manifestent le 11 avril pour  s'opposer à la destruction de leurs maisons.

AFP/PIERRE ANDRIEU

Des centaines d’habitants des Boucholeurs, village à cheval entre les communes d’Yves et Châtelaillon-Plage touché par les inondations provoquées par la tempête Xynthia, manifestent le 11 avril pour s’opposer à la destruction de leurs maisons.

Face à la colère des sinistrés, le gouvernement va-t-il revenir sur sa décision de raser les quelque 1 500 maisons classées en zone « d’extrême danger » suite à la tempête Xynthia, qui a fait cinquante-trois morts le 28 février ? Les propos tenus par le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, dimanche 11 avril, le laissent entendre.

« Naturellement, il y a un principe : c’est que dans les “zones noires” (décrétées inhabitables car exposées à un risque majeur d’inondation), il est hors de question que des habitants puissent revenir s’y installer. Mais il peut exister des situations individuelles, précises, ponctuelles qui nécessitent un examen approfondi », a-t-il déclaré, désavouant l’intransigeance du préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot, qui, dans les colonnes du Journal du dimanche, avait affirmé, le jour même, que « la cartographie des zones noires ne changera plus ».

La veille, le président du conseil général de Charente-Maritime et secrétaire d’Etat au transport, Dominique Bussereau, tout en annonçant qu’il abandonnait son idée de lever un impôt exceptionnel pour faire face aux dépenses liées à la tempête, avait souhaité qu’une concertation puisse s’ouvrir entre l’Etat et les communes frappées par la catastrophe.

Car durant tout le week-end, manifestations et réunions de victimes se sont succédé dans la région pour dénoncer la brutalité des décisions annoncées, le 7 avril, par l’Etat. 350 habitants de Fouras (Charente-Maritime) avec leur maire, Sylvie Marcilly (UMP), ont défilé dans les rues de leur village samedi matin. 400 habitants des Boucholeurs (Charente-Maritime) ont fait de même dimanche, en brandissant une banderole « Raser non, endiguer oui ! ».

« NOUS NE SOMMES PAS DU BÉTAIL »

A La Faute-sur-Mer, plus de 500 personnes se sont retrouvées au Pavillon des dunes, à l’initiative de l’Association des victimes des inondations de La Faute (AVIF), nouvellement constituée et appelée à rassembler les victimes des autres communes. C’est là que le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot avait annoncé les « zones noires » de la commune touchant 674 maisons.

Cette première réunion d’information, qui a pris des allures de thérapie de groupe, a commencé par une minute de silence. Dans l’assistance, Pierre de Lépinay avait, sur la poitrine, accroché à une cordelette un petit carton, avec ces quelques mots pleins de rage: « Avis : nous ne sommes pas du bétail. »

Surtout, chacun a raconté son incompréhension. Dans le quartier des Caves, à L’Aiguillon, certaines maisons ont été dévastées mais ne sont pas dans le périmètre à détruire. « C’est le monde à l’envers », juge Olivier Drouet, dont les enfants « ont peur aujourd’hui de rester ici ». La veille de l’annonce des zones à démolir, il était allé avec ses enfants « dire au revoir à la maison ».

A l’inverse, d’autres maisons, tout près, n’ont pas eu « une goutte d’eau » et sont sur la liste des sites à démolir. C’est le cas d’Emmanuel Bertaud. « C’est bien simple, chez lui, les dégâts, ils sont tellement inexistants qu’il a nettoyé avec une serviette de toilette », raconte son père. Evelyne Gallais, de L’Aiguillon, est encore abasourdie. « Je n’ai rien eu chez moi, rien. Même l’assurance ne s’est pas déplacée, ajoute-t-elle. Elle a versé 1500 euros pour les claustras abîmées. »

Christian Laumonnier, ancien élu de L’Aiguillon, ne comprend toujours pas pourquoi sa maison avec piscine est rayée d’un coup de crayon. Lors de l’annonce, il a même cru à une erreur. Il regrette aussi que le maire, Maurice Milcent, « ne prenne pas position contre l’Etat », comme le maire de Charron (Charente-Maritime), érigé en héros par certains sinistrés, car s’opposant ouvertement à l’Etat.

Ce zonage, tous ici espèrent encore le faire modifier. « On dispose de deux mois pour le contester », leur a indiqué Me Hervé Cassara du cabinet Huglo-Lepage, lors de la réunion. « C’est la bonne nouvelle du jour », témoigne Renaud Pinoit, l’un des fondateurs de l’AVIF.

Pas sûr cependant que tous les sinistrés s’engagent dans cette voie. Pour Thierry Berlemont, sinistré de La Faute, c’est tout vu. « On ne se battra pas pour rester », dit-il. La nuit du 28 février, il s’est retrouvé avec ses enfants sur le toit de sa maison, de l’eau partout autour, « à attendre les secours ». Il attend de pouvoir s’installer ailleurs. En espérant connaître un jour les responsables de tout ça.

« Il y aura sans doute une action judiciaire, promet Renaud Pinoit, car tout le monde veut savoir. » James Gaillard, un habitant de L’Aiguillon-sur-Mer (Vendée) a franchi le pas: il vient de porter plainte contre le maire et la municipalité pour « mise en danger des habitants et des habitations ».

Philippe Ecalle

7 réponses à to “L’Etat face à la colère des victimes de Xynthia (Le Monde)”

  • JL says:

    à Alain

    Très juste. D’aillleurs, y aura -t-il bcp de démolitions sur l’ile de Ré ?

  • Alain says:

    Je suis de tout coeur avec l’association des victimes de Xynthia.
    Il ne faudrait pas, qu’en plus, vous soyez victimes de mesures administratives, décidées dans la panique, par des politiciens qui ont été, la plupart du temps, les premiers à fermer les yeux sur certains permis de construire.
    C’est la manie de ce gouvernement de « décréter » dans l’urgence des événements.
    Je suggère que votre association demande, par avocats interposés, l’obligation à l’Etat d’appliquer les mêmes mesures de destruction de maison dans les zones inondables, voire dangereuses… dans toute la France…
    Après tout, ils faut qu’ils soient logiques avec eux-mêmes !!!
    Vous verrez, ça va les calmer.
    Bon courage à tous.
    On pense à vous tous.
    Alain

  • brocéliande says:

    il serait temps que le conseil municipal de la Faute sorte de son silence, et nous soutiennent comme certains d entre nous l avons soutenu au lendemain de la tragédie qui a frappé la Faute. Puisque nous allons devoir nous battre sans appui politique, notre cher mr DEVILLIERS nous enfonçant, nos députés, les maires des communes sinistrées et des communes limitrophes ne bronchant pas : Ne faudrait-il pas comme les communes sinistrées de Charente maritime faire une manisfestation ( rapidement car les médias vont vite nous oubliés). Beaucoup de Sud Vendéens viendraient nous rejoindre car comme nous ils ne comprennent pas que l on impose une zone sans aucune discussion possible.

  • lafaute says:

    …et voir si nous étions des moutons, nous autres petits propiétaires terriens…
    Par contre c’est tout vu pour l’Ile de Ré avec ses trop belles propriétés appartenant à des personalités et bien trop cher à indemniser …

  • JULIE says:

    Ou ont-ilsfrappé fort pour avoir une marge de manoeuvre?

  • révoltée says:

    c’est drôle, pourquoi le préfet a-t-il retourné sa veste, malgré ses propos très irrespectueux vis-à-vis des sinitrés lors de la réunion du 8 avril. Je ne comprends pas qu’aucune réunion n’ait eu lieu avec toutes les personnes concernées. Que de décision hatives et inconsidérées !!!
    Incompétence ou ce monsieur pensait-il avoir affaire à des personnes incrédules ?

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

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