Corinne Lepage, avocate des victimes de Xynthia, déplore la gestion de l’après-tempête. Interview

Corinne Lepage est avocate de l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer, présidente de Cap 21 et ancienne ministre de l’Environnement (1995-1997)
Photo : DR
Vous êtes avocate de l’association des victimes de la Faute-sur-Mer. Quelles procédures avez-vous engagées?
Je vais déposer une plainte contre X avant la fin de la semaine pour plusieurs personnes physiques, probablement une dizaine pour homicide involontaire, mise en danger, abstention de combattre un sinistre et prise illégale d’intérêt. Ce sont des gens qui ont perdu des proches dans la tempête.
Je défends 600 personnes à la Faute et à L’Aiguillon. On a pris dimanche la décision de contester les zones noires, entièrement ou partiellement. Nous devons le préciser demain (ndlr ; aujourd’hui) en réunion
Que pensez-vous de la gestion de la crise par le gouvernement ?
C’est n’importe quoi. On a dit aux gens qu’on démolirait leurs maisons. Puis le gouvernement s’est rendu compte qu’il n’avait pas le droit de le faire. Mais dans les zones noires, l’eau et l’électricité ont été coupées, y compris pour des gens qui auraient aimé rester, et on ne veut pas leur rétablir. Il ne faut pas que des gens retournent dans certaines zones très dangereuses comme « la cuvette de la mort » à la Faute-sur-Mer, mais certaines zones sont aberrantes.
Le gouvernement a-t-il pêché par excès de précaution ?
Ce n’est pas une question de précaution, mais de prévention et de prudence. La prévention des risques connus comme les inondations existe en droit depuis toujours, alors que le principe de précaution s’applique aux risques technologiques. L’Etat a réagi avec beaucoup de brutalité et de précipitation alors qu’il n’a rien fait depuis des années.
Le problème principal vient donc d’avant la crise ?
Les plans contre les risques d’inondation n’ont pas été pris en temps et en heure. La loi sur les risques d’inondation n’est pas nouvelle. Elle date de 1983. Mais les plans de prévention des risques d’inondation se font avec les collectivités locales, or l’Etat ne les force pas à agir. Juridiquement, il a les moyens de le faire. C’est un manque de volonté politique. Tout a été focalisé sur la Charente et la Vendée, mais la problématique existe dans beaucoup de régions de France.
En tant qu’ex-ministre de l’Environnement, comprenez-vous la réaction du gouvernement ?
Je comprends très bien les difficultés de la politique, qui consistent à décider en temps réel. Quand j’étais face aux problèmes des farines animales, j’ai dû décider s’il fallait les brûler, les laisser pourrir. C’était difficile.
Qu’aurait dû faire l’Etat?
Je ne préconise rien. On ne peut pas savoir tant qu’on n’a pas les documents qui ont servi à leur décision. Nous avons obtenu en référé que le préfet produise sous quinze jours les documents justifiant du tracé des zones noires. Mais nous avons du mal à les obtenir.
2 réponses à to “« L’Etat a agi avec brutalité après Xynthia » (Metro)”
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Avouez tout de même que l’on ne détruit pas 1510 maisons par un trait, sans concertations avec les propriétaires, j’ai d’ailleurs fait un post sur mon blog ce jour, si cela vous interresse.
Il est vrai que lorsque l’on voit le tracé des zones noires à la Faute sur Mer( « mûrement réflechi ») où les limites sont le cimetière & la route de la Pointe d’Arcay ( limites « naturelles » !!!! )englobant certaines habitations qui ont subi peu de dégats ( * les documents justifiant le tracé des zones noires seront à ce propos très instructif ) , on peut se poser naturellement la question sur la future délimitation des zones rouges ( pourquoi pas les 3/4 de la Faute sur Mer , ce qui n’est pas impossible loin s’en faut vu la tournure des évènements ) .