Malgré des inondations importantes, l’État n’a pas tracé de zones noires sur l’île de Ré.
Sur l’île, moins de vingt maisons seront rasées. Une clémence qui étonne les élus vendéens et crée la polémique en Charente-Maritime.
Reportage
« Ces quatre maisons, je peux vous dire qu’on les sauvera. » Léon Gendre, le maire de La Flotte, sur l’île de Ré, ne doute pas de son succès. Bravache, le vieux « gaulliste » a fait voter, en conseil municipal, une délibération pour construire un parapet en plus de la digue. « Comme ça, les maisons seront bien protégées. »
Dans sa commune, il ne restera plus que 8 maisons en « zone noire ». Contre 23 initialement. Son voisin de Loix, Lionel Quillet (divers droite), se bagarre aussi pour reprendre à l’État les maisons rayées de la carte. Sur les 60 habitations menacées à l’origine, il en a déjà sorti 50. L’île de Ré a pourtant été sévèrement secouée par la tempête : 13 kilomètres de digues endommagées, plus d’une centaine d’habitants évacués, un centre de thalasso envahi par la boue…
Entre 3 et 12 millions d’euros
« L’iniquité, elle est certaine, accuse Thierry Debaegdt, président de l’association Reconstruire Charron, commune du littoral charentais où 150 maisons figurent en « zone noire ». Il y a des non-dits qui ne sont pas dignes d’un État. Comme les enjeux financiers. »
À Portes-en-Ré, les propriétés se négocient entre 3 et 12 millions d’euros. L’État, qui indemnise en rachetant le foncier et le bâti au prix du marché, n’y a pas tracé de « zone noire ». Pourtant, les inondations y ont été importantes. Une situation qui suscite l’incompréhension chez les élus vendéens de La Faute et de L’Aiguillon. Mais aussi sur l’île. « Le zonage n’a jamais collé », affirme Lionel Quillet. En le découvrant, le maire de Loix avait été jusqu’à présenter sa démission au préfet : « Moi, j’ai trop de maisons en zone noire. Ailleurs, il n’y a même pas de zones jaunes. »
Ailleurs ? Les regards se tournent vers le nord de l’île. « C’est là que les risques d’inondation sont les plus forts », assure le maire de La Flotte. Mais c’est là-bas, aussi, que l’administration a « oublié » de colorier les cartes en noir, voire en jaune. « C’est vrai que ça surprend. »
Léon Gendre s’en amuse, bien conscient que l’État est embarrassé par le dossier. « Ce que je trouve anormal, c’est que des gens du Cac 40 ou des vedettes du show-biz, nombreux ici, n’aient pas droit à la même protection de la part de l’État que mon petit vieux qui a 800 € de retraite », ironise l’élu.
Plus sérieusement, il ajoute : « Mais je ne pense pas que des gens aient usé de leur influence pour qu’il n’y ait pas de zones noires dans leur secteur. » Dans les communes vendéennes sinistrées, on n’ose pas non plus l’imaginer.
« Si aucune maison n’est rasée à l’île de Ré, je ne vois pas pourquoi on devrait en abattre autant chez nous », déclare Alain Barraud, adjoint à L’Aiguillon, en Vendée, où 915 maisons figurent toujours en « zone noire ».
Philippe ÉCALLE.
3 réponses à to “Ile de Ré. Secouée par Xynthia, ménagée par l’État (Ouest France)”
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Le député Maxime Bono plaide pour Ré
http://www.pharedere.com/actualite/Le-depute-Maxime-Bono-plaide-pour-Re-1839.html
« Notre rôle est d’évaluer les dégâts et d’en dire les causes. J’ai souvent dit qu’on n’avait pas à déterminer le périmètre des zonages. Mais si les dégâts de l’après tempête sont plus importants que les dégâts de la tempête elle-même, on se prononcera également sur le périmètre. Ce qui est certain, c’est qu’aujourd’hui, nous avons entendu pratiquement tous les scientifiques pour savoir comment ces événements sont prévus, comment les populations sont alertées et peuvent être protégées par des défenses de côte, des digues, ou par la modification des réglements d’urbanisme. On en vient alors forcément au zonage. Aujourd’hui, ce n’est pas trahir un secret de dire que cette mission, qui est composée de trente-quatre parlementaires, a le sentiment que le zonage ne peut pas servir de base à une solution unique et qu’il faut revenir à un examen maison par maison, parcelle par parcelle. Et j’ai le sentiment que cette approche est très largement partagée, y compris au plus haut niveau des services de l’État. »
Et si l' »oeil » de la tempête avait frappé le nord de l’Ile de Ré à la place de la Faute sur Mer ? Vu les études « sérieuses » effectuées par certains services ( en remontant aux tempêtes du XIXème , je me répête veuillez m’excuser , & en se basant sur un coeff.grande marée supérieur à celui du 28 fevrier ) , j’ose espérer que ces études ont été pensées de la même façon ( sans tenir compte du prix du m2 ) que ce soit pour l’Ile de Ré , La Faute sur Mer , l’Aiguillon , Charron ….
Lorsque l’on peut lire au sein de cet article que les risques d’inondation les plus fort sur l’Ile de Ré se trouvent au nord de celle çi & que l’administration n’y signale aucune zone dite noire ou jaune , il y a matière à se poser des questions . Peut être les documents expliquant les tracés des zones « noires » permettront d’en savoir plus . La polémique prenant une nouvelle ampleur , il serait vraiment temps que les services de l’état responsables de l’élaboration des nombreuses zones noires expliquent comment sont ils parvenus à ce résultat qui semble malheureusement ( aux yeux de nombreuses personnes ) partial .
on nous prend pour des retardés en vendée !
le parapet de M.Gendre va protéger, mais pas le rehaussement de la digue de La Faute que de frais pour rien ?