Les familles des victimes de la tempête et des habitants de La Faute-sur-Mer portent plainte.
Par TONINO SERAFINI
Après le choc de la perte d’un proche, l’inévitable période de deuil et le délai nécessaire au montage juridique des dossiers, le temps des recours en justice est venu. Hier matin, Me Corinne Lepage a déposé auprès du procureur de la République des Sables-d’Olonne 41 plaintes émanant de familles de victimes de la tempête Xynthia, qui a fait 29 morts dans la nuit du 27 au 28 février à La Faute-sur-Mer. A ces plaintes individuelles s’ajoute celle de l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (Avif).
Ces plaintes contre X visent les délits d’«homicide involontaire», de «mise en danger de la vie d’autrui» et d’«abstention de combattre un sinistre», sorte d’équivalent du délit de «non-assistance à personne en danger» pour les catastrophes majeures. Et aussi de «prise illégale d’intérêts» pour «faire la lumière sur les liens entre élus et opérateurs immobiliers», précise Me Benoît Denis, collaborateur de Corinne Lepage. Ces recours vont être joints à l’enquête préliminaire ouverte quelques jours après la catastrophe.
«Miraculés».«J’ai besoin de comprendre ce qu’il s’est passé.» «Comment en une nuit tant d’hommes, de femmes et d’enfants ont pu mourir à La Faute-sur-Mer ?» disent pêle-mêle les membres de familles de victimes ou les rescapés (lire ci-contre). Outre les proches des personnes décédées, on compte parmi les plaignants des habitants qui ont échappé de justesse à la mort : souvent en se hissant sur les toits de leurs maisons, parfois en restant accrochés pendant des heures aux barres d’une véranda, le corps plongé dans l’eau glaciale, en attendant l’arrivée des secours. Nombre d’entre eux se considèrent comme des «survivants», des «miraculés», et peinent aujourd’hui à retrouver une «vie normale».
Promoteurs. Des propriétaires de résidences secondaires, qui auraient pu se trouver sur les lieux lors de la tempête, ont aussi porté plainte. Parmi eux, Ludic Taillefait. Ce week-end-là, il avait prévu d’aller à La Faute-sur-Mer avec sa femme et ses deux enfants. Mais un impératif professionnel les a contraints à rester chez eux, à Saint-Hilaire-du-Bois (à l’intérieur des terres, en Vendée) : «Rétrospectivement, je me dis que nous avons eu beaucoup de chance. Notre résidence secondaire se trouve en plein dans la zone de La Faute-sur-Mer où l’on a recensé le plus de victimes.»
Dans les plaintes déposées hier, personne n’est mis en cause explicitement. Mais on devine la volonté des victimes de faire émerger d’éventuelles responsabilités d’élus locaux, de promoteurs immobiliers ou de représentants de l’Etat. «C’est un drame d’une ampleur nouvelle qui mérite que toute la lumière soit faite afin d’en tirer les conséquences pour cette affaire et pour d’autres qui pourraient survenir», souligne Corinne Lepage. Les questions posées touchent notamment à «l’urbanisation d’une zone de marais où des constructions n’auraient jamais dû être autorisées», et à la «façon dont a été gérée la prévention une fois les bulletins d’alerte météo publiés», souligne l’avocate. Le travail de la justice sera probablement long. «Les victimes posent des questions simples et sont légitimement en attente de réponse, pointe Me Benoît Denis. Mais dans ce type de dossier, les réponses sont souvent longues et complexes à obtenir.»
Photo Rodolphe Escher
2 réponses à to “Les sinistrés de Xynthia crient au recours (Libération)”
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
C’est dingue, ils ont été rapides pour délimiter les zones noires mais pour trouver des solutions acceptables, ça traîne, rien n’avance, que du blabla. Et en attendant mes parents qui ont 70 ans ne peuvent pas vivre décemment dans leur maison HABITABLE car on leur refuse l’électricité même pour un laps de temps.Ah non ils ne sont pas expropriés mais on les force à partir. A la HITLER; Même certains commerçants ne veulent plus en entendre parler (COLLABOS).On a refusé l’autorisation à mon père de regarder la télé dans 3 cafés à la Faute. Faut-il parler des hausses de 40% sur les logements en Vendée. Ca mérite une grosse manif pendant le mois d’aôut, ça non??? En tout cas je sais ou j’irai boire l’apéro.
Voilà un bon résumé de ce qui se passe à envoyer à toutes les personnes qui se le demandent ou qui l’ignorent.