Interview
Liliane Turcan et Jacqueline Millet. pointent l’attitude de la mairie après la perte de leur mère et de leur sœur :
Par TONINO SERAFINI
«Aujourd’hui, nous avons besoin de réponses. Nous ne comprenons pas pourquoi, en une nuit, 29 personnes sont mortes à La Faute-sur-Mer. On souhaite savoir quelles sont les responsabilités. Pourquoi n’a-t-on pas averti les gens de l’ampleur de la tempête ? Pourquoi n’ont-ils pas été évacués préventivement ? On a du mal à accepter tout ça. Nous avons perdu notre sœur Maryvonne âgée de 61 ans et notre mère de 82 ans qui habitaient ensemble dans la zone la plus meurtrie. Il y a une quinzaine de jours, l’Avif [l’association des victimes, ndlr] a organisé une marche silencieuse. Nous avons inscrit les prénoms et l’âge des personnes décédées sur une banderole que nous avons plantée sur un rond-point fleuri. Mais au bout de quelques jours, la mairie a demandé son enlèvement. Nous trouvons cela très choquant. De même, nous n’avons jamais reçu un mot de la mairie nous présentant des condoléances. Des gens sont morts, tant pis. C’est incroyable que l’on porte si peu de considération à des gens qui habitaient la commune depuis tant d’années. Notre mère et Maryvonne y étaient installées depuis cinquante ans.
«En ce qui nous concerne, nous habitons en Touraine. La veille du drame, nous avons entendu à la radio qu’il y avait un avis de tempête en Vendée. Mais nous ne nous sommes pas inquiétées. Des tempêtes, il y en a eu d’autres à la Faute-sur-Mer. On a pensé au vent violent, mais pas aux vagues dévastatrices. Le lendemain matin, nous avons essayé de joindre maman et Maryvonne. En vain. Dans un premier temps, on a pensé que la tempête avait abîmé les lignes téléphoniques.
«A 13 heures, la télévision montrait les images terribles des inondations. Nous avons appelé la gendarmerie et la préfecture, sans parvenir à obtenir d’informations. En prenant des contacts avec notre famille sur place, nous avons su que notre mère et notre sœur étaient portées disparues. A 14 heures, l’une de nous [Liliane, ndlr] a pris la route et est arrivée sur place à 17 heures. Là-bas, pas de nouvelles. Et vers 17 h 30, nous avons su que notre sœur et notre mère avaient été retrouvées noyées. Le lendemain, nous sommes allées identifier les corps. Elles portaient les lettres B et C. Elles avaient été retrouvées parmi les premières. Nous savons qu’on ne pouvait pas arrêter l’eau. Mais il aurait fallu prévenir et évacuer les gens.»
Une réponse à to “«Pas un mot de condoléances» (Libération)”
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Bouleversant tout simplement
mais quelle dure réalité, pour la municipalité les victimes et les sinistrés sont devenus des coupables…pas un seul mot de compassion.quel manque de courage.comment peuvent-ils se regarder en face.
nous avons remis une banderole cet après midi,ce n’est pas de la provocation mais seulement du respect pour les disparus et leur famille.
courage à tous nous vous soutenons