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Derrière l’image de carte postale, les habitués de la Faute-sur-Mer se remettent difficilement du drame Xynthia.
Certains Fautais voient leur commune ensablée et personne pour les tirer d’affaire.
En apparence, rien n’a changé. A l’entrée de La Faute, sitôt franchi le pont festonné de pêcheurs au carrelet, il y a toujours le manège qui fait tourner la tête des petits. Toujours la confiserie et quelques attractions foraines qui mettent un peu d’animation. Un peu plus loin, à deux pas du club de boules en bois, aux bords du Lay, les joueurs de pétanque sont-là aussi. Ils taquinent le cochonnet en attendant que les odeurs de fritures viennent leur flatter les narines, signal qu’il est temps de lâcher les boules.
Tout ça a un petit air d’été. Mais les apparences sont parfois trompeuses. Les joueurs de pétanque ? Ils sont dans la partie, mais la tête est buissonnière. Elle rode autour des cendres fumantes de Xynthia, pointe les responsabilités de l’Etat ou du maire.
« Mais j’aime La Faute »
Michel Pelletier fait partie de ceux-là. Il ne reconnaît plus « sa » Faute. La retraite se profilant –« dans deux ans »-, il faisait quelques beaux projets d’avenir. Il envisageait de venir la voir plus souvent, « six mois de l’année », comme une promesse que l’on fait à une compagne trop délaissée.
Mais le doux rêve de profiter plus longuement « de la tranquillité de cet endroit un peu paradisiaque » s’est envolé. Quelque chose s’est cassé. Michel, qui habite les Magnils-Régniers, le pressent, lui qui parle déjà, sans s’en rendre compte, de La Faute au passé.
A La Faute, cet été, il y est venu sur la pointe des pieds, à la dérobée, comme s’il volait quelques instants à cette compagne flétrie par les vagues, comme s’il avait l’intuition douloureusement que l’histoire touchait à sa fin. Comme s’il voulait reculer le moment de la séparation.
« Avec mon épouse, on vient la journée, on pique-nique, mais on ne reste plus dormir, c’est trop angoissant. » Et puis, il y a la vision de ces maisons, « vidées de leurs occupants, sans éclairage ». Insoutenable quand on a connu ces ruelles et villages pleins de vie, avec les mêmes têtes « que l’on croisait chaque année ». « Bien sûr, je pourrai vivre sans La Faute, se persuade Michel, mais j’aime La Faute. »
Gia et Ingrid
Gia Khanh Pham ne reconnaît plus, lui non plus, sa commune d’adoption. Et il craint de ne jamais plus la revoir comme elle était, drôlesse insouciante profitant à pleins poumons du vent et de la mer. Certains voient La Faute reprendre des couleurs, lui comme un bourg trop terne, qui ne parvient pas à remonter la pente. « C’est une station familiale d’habitués, rappelle-t-il. Or, quelque chose s’est brisé. Et on ne se reconstruit pas dans le doute. »
Le Casino de Gia, au pavillon des Dunes, sonne creux, le chiffre d’affaires est dans le rouge (-20%) et lui broie du noir, « même si je dois rester optimiste ». En temps normal, il aurait eu sa clientèle d’habitués. Celle du camping municipal. Ces indéboulonnables de la station donnaient le « la » de la saison estivale. Ils étaient une partie de la mémoire de la commune, mais la fermeture du camping municipal les a contraints à un exil forcé. « Sans qu’on cherche vraiment à les retenir ou les faire revenir », s’étonne Gia, qui voit La Faute comme livrée à elle-même. « Vous connaissez le film Y a-t-il pilote dans l’avion », interroge Gia.
Ceux qui tentent de sortir La Faute de son « linceul » invisible à l’oeil nu viennent parfois d’ailleurs. Comme Ingrid la berlinoise. Elle vient d’écrire à Nicolas Sarkozy. Une belle lettre, en français, où elle appelle à l’aide le Président et où elle clame tout son amour pour La Faute : « Presque mon deuxième chez moi ». Un « endroit où il n’y a pas les riches du monde, où on peut se sentir à l’aise ». Pour attendrir le Président, sa lettre est signée de toute sa petite famille, y compris de sa mère, 82 ans, « qui ne pouvait pas venir à cause de la situation difficile des maisons ». Rien n’a changé à La Faute. En apparence.
Philippe ECALLE
7 réponses à to “A La Faute, une saison estivale en trompe-l’oeil (Ouest France)”
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Bravo Fauteterre , dans ce cas tu as entièrement raison .
Un Fautais nous a dit par ailleurs, que ce ridicule PPRI sentait la poudre !
Nous y sommes . . . Plus Grave encore , le poudrier semble être manipuler par un Fautais d’adoption. . . Pas beau du tout. . .
Le chiffre d’affaires du casino en baisse de 20%, c’est regrettable et personne ne s’en réjouit. Mais le drame économique qui attend La Faute ne se limite pas à l’intérieur des portes coulissantes de l’établissement. Les milliers d’absents de cet été, du camping municipal et d’autres lieux de résidence, ont fait défaut à TOUS les acteurs de l’économie fautaise (commerçants, artisans) et pas seulement au marchand d’illusion.
Et pense-t-on à ce que deviendront les artisans, en particulier du secteur du bâtiment, dans quelques mois? Les maisons revendues à l’Etat, on n’en parlera plus. Celles qui auront été remises à neuf, n’auront plus besoin de rien pour un bon bout de temps. Des constructions nouvelles, on n’est pas près d’en voir. Alors? Ils n’auront pas d’autre solution que mettre la clé sous la porte et aller voir ailleurs. Et ça ne touchera pas qu’une seule entreprise. Remettons les choses dans l’ordre et accordons de l’importance à ce qui en mérite le plus.
Après les centaines de milliers de mètres cubes d’eau qui ont envahi nos rues et nos maisons, laissant tant d’humidité derrière eux, celui qui a cru voir « les cendres fumantes de Xynthia » ferait bien d’arrêter de fumer de la moquette bleue, ça lui donne des hallucinations. Venant pourtant souvent à La Faute, il doit continuer de confondre le Sud Vendée avec l’Islande, et le rocher de la Dive avec l’Eyjafyöll.
Belle prose, tu parles… Ceux qui connaissent un peu l’argot mettraient plutôt ça au masculin.
Bravo Musette,
c’est hélas, tellement vrai ce que tu écris.
Apparemment, pour le conseil municipal, pas de démission en vue ! Ils sont tous fiers d’eux les conseillers, ils se pavanent même au marché, ils osent encore.
Il faudra attendre les prochaines élections en 2014, encore 2 ans à supporter cette « équipe ».
a patrick et musette
c est dur de lire vos messages ! mais helas tellement vrai !
ne vous decouragez pas , ils n attendent que ça !!et dire qu on aurait peut etre pu eviter cette catastrophe tout en prevenent la population , faire evacuer !!
es ce que les elus peuvent dormir tranquilles !! ils n ont pas pense a demissionner …pour beaucoup moins que ça quelques fois on hesite pas a balancer !
allez bon courage , on pense beaucoup a vous tous .
Heu ! Patrick, voilà un gros coup de sang !
C’est vrai que ça commence à bien faire ! C’est vrai qu’apparait au grand jour le vide politique de ce conseil municipal, son incapacité à penser le moindre projet pour sa commune, le regard fixé sur la ligne bleu du porte feuille de quelques uns !
Cette commune est ruinée, c’est clair. Sans aucun projet véritable pouvant la fédérer collectivement. Anéantie d’avoir été littéralement siphonnée de l’intérieur…
Il faudra beaucoup de temps pour s’en remettre. On sent des déchirures profondes s’exprimer et qui n’ont aucun lieu pour se transformer. Cet été, quand on entendait les annonces des cirques, des reptiles, des voitures à casser, un de mes amis disait : « Tiens la politique culturelle de la mairie passe.!.. »L’opposition a souvent dénoncé , avec raison, le néant de la politique culturelle et sociale de cette commune. C’est aussi aujourd’hui qu’on en saisit le vide sidéral, le manque cruel, la vacuité. Rien ne vient fédérer une population assommée, inquiète autour d’un maire qui saurait lui parler.
Ce n’est pas en vendant de la bibine le samedi soir à côté d’orchestres à la qualité artistique plus que douteuse, qu’on est un maire fiable et à l’écoute ! Ce n’est pas en s’offrant une mercédès coupée quelques semaines après que ces concitoyens se soient noyés ou se soient retrouvés à poil sur leur toit grelottant, en ayant tout perdu…alors qu’il porte avec son conseil municipal une responsabilité accablante.
Il faut que l’État invite ce maire à désormais s’occuper exclusivement de ses entreprises, qui ne vont pas très bien, m’a t’on dit…
» Pourvu qu’ ‘il nous vienne un homme
un homme dans la cité,
que son regard soit un psaume
fait de soleils éclatés… » disait Brel,
pour ma part, je l’appelle de mes vœux .Tous ceux qui ont « rêvé » leur ville, ont été de bons maires fédérateurs.
Et ils se sont abstenus d’envoyer leurs chiens pour faire taire leur opposition !
Bonjour, à vous Philippe Ecalle votre prose est belle, et montre bien la nostalgie de l’intant…comme une photo prise sur le vif…c’est beau à lire, mais ceux qui vivent sur place vont devoir se réveiller, et changer le Maire et son conseil avant qu’ils ne recoivent une balle entre les deux yeux, pour non assistance à personne en Danger !
Car les habitants de la Faute sont abandonnés par la Municipalité qui commence déjà a penser à réhabiliter le secteur dévaster, pour : ENCORE FAIRE DU FRIC !
Et cela je ne l’accepterai pas ! c’est une CERTITUDE ! ! !