Pour les services de l’État, elles doivent protéger La Faute et L’Aiguillon-sur-Mer. Les habitants les jugent trop sévères.

Les réunions se sont-elles déroulées dans un bon climat ?

600 personnes à L’Aiguillon, 500 à La Faute-sur-Mer. Le face-à-face avec les services de l’État a commencé dans une tension palpable. À L’Aiguillon, les premières huées ont déboulé au bout de 15 minutes, quand on a expliqué les modes de financement des travaux. Écrans géants, pile de documents en libre-service, l’État a tout fait pour éviter le cafouillage du 8 avril, lors de la publication des zones noires. À L’Aiguillon, le sous-préfet a multiplié les précautions oratoires : « Le PPRI n’est qu’un projet. On vous consulte pour l’amender. La réunion n’est pas conclusive. » À La Faute, son homologue des Sables a trouvé les mots qui apaisent, au risque peut-être de susciter de faux espoirs.

Que contestent les habitants des deux communes ?

Les éléments qui ont servi de base à l’élaboration du PPRI. À savoir la cote de référence de 4,70 m, établie à partir de relevés effectués après la tempête. Autre point de friction : l’ajout d’un mètre supplémentaire, en prévision du réchauffement climatique. Enfin l’absence de prise en compte du rôle des digues, considérées comme transparentes. Ce qui signifie que la hauteur d’eau estimée à l’entrée de la commune serait la même en sortie. « Si on ne tient pas compte des digues, on peut aller jusqu’à Luçon ! », résume un habitant.

L’État a-t-il fait des ouvertures ?

À L’Aiguillon, le sous-préfet de Fontenay a été inflexible sur la cote de référence. « Il n’y a pas de marges d’appréciation sur ce point-là. » Les deux représentants de l’État se rejoignent pour dire que la circulaire du 7 avril a été « écrite dans l’émotion ». C’est elle qui retient une élévation d’un mètre du niveau de la mer, suite au réchauffement climatique. « Une hypothèse extrême », reconnaît Jean-Marie Huftier. Alain Jacobsoone, directeur adjoint de la direction départementale des territoires et de la mer, a aussi admis « qu’il pouvait y avoir une discussion avec l’administration centrale » sur la transparence des digues.

Quel est le sentiment de la population ?

Celui de « servir de boucs émissaires ». À L’Aiguillon, on ne comprend pas qu’on accepte des cotes de référence moins importantes aux Sables, à Noirmoutier (4,20 m), à l’Ile-de-Ré…« Il y a deux poids et deux mesures. C’est injuste. » Une habitante : « L’État a été défaillant avant la tempête. Maintenant, il ouvre les parachutes. »

Que va-t-il se passer maintenant ?

La concertation s’achève le 17 janvier. À partir de cette phase de concertation, l’État va amender son projet initial. Pour proposer une version définitive d’ici trois mois. « On échangera avec les conseils municipaux. » Les zones rouges, les plus controversées, seront-elles moins importantes ? Il est encore trop tôt pour le dire, même si des marges de manoeuvre existent, les deux sous-préfets l’ayant laissé entendre. Le PPRI devrait mis à l’enquête d’utilité publique dans le courant de l’été, l’arrêté du préfet pouvant tomber à la fin de l’année 2011.

Jean-Marcel BOUDARD et Philippe ÉCALLE.

Les phrases fortes de la réunion

Laissés pour compte

« A L’Aiguillon, on n’a pas Patrick Bruel. Pourtant l’Ile de Ré a été submergée à plus de 60 % et on ne lui impose pas les mêmes choses. On voudrait que ce soit pareil sur tout le littoral. »Un habitant de L’Aiguillon.

« On ne veut pas de l’émotion. On veut la justice », une voix, coupant le sous-préfet, à L’Aiguillon.

L’État qui protège

« Les digues, ça rompt. » Alain Jacobsoone, de la direction des Territoires et de la Mer.

« On peut considérer que l’élément le plus fort, c’est Xynthia. Que tout se passera pareil. Ce n’est pas la méthode utilisée. Nous pensons qu’elle pourrait être aggravée par d’autres facteurs », Jean-Marie Huftier, le sous-préfet de Fontenay.

Les incompréhensions

« Je suis en zone rouge et je n’ai pas eu d’eau. Le soir de Xynthia, j’ai même hébergé des gens qui sont aujourd’hui en zone bleue ! » Un habitant de L’Aiguillon.

« Il n’y a pas eu d’interprétation scientifique de Xynthia. C’est ce qui nous met en danger. Si on ne sait pas d’accord sur les fondamentaux (cote de référence, élévation, rôle des digues), on n’en sortira jamais. On doit pouvoir parler le même langage. » Jean-Marie, de L’Aiguillon.

« Je suis handicapé. Que voulez-vous que je fasse avec un refuge, si je ne peux pas monter à l’étage. » Un habitant de L’Aiguillon.

L’État compréhensif

« Plus d’une fois, le lézard à pattes jaunes est passé devant les vies humaines. Je veux faire primer la sécurité des personnes sur celle de l’environnement. » Béatrice Lagarde.

« On est conscient que des choses sont discutables. Et c’est le rôle de la concertation. »Jean-Marie Huftier.« Les cotes NGF retenues, plus un mètre supplémentaire en prévision du risque de réchauffement climatique, on est en train de s’apercevoir que c’est inapplicable. Mais aujourd’hui, il y a une circulaire, et on doit l’appliquer. » Béatrice Lagarde, sous-préfète des Sables-d’Olonne.

8 réponses à to “Xynthia : ces zones rouges qui effraient la population (Ouest France)”

  • Elle says:

    Pour avoir assisté à la réunion, une personne a posé la question de savoir ce qu’il adviendrait des personnes âgées et handicapées qui ne peuvent pas accéder aux zones de refuge dans les habitats. Le maire a répondu que ces personnes seraient recensées au préalable et qu’elles seraient évacuées en priorité en cas d’alerte.

  • Elfes says:

    Bonsoir à tous
    Sans être parfaite, les zones refuge, là où elles sont possibles, restent à mes yeux une sécurité (parmi d’autres).
    A tel point, que si je pouvais, j’en ferais une assez grande pour y accueillir toutes les pièces de sommeil et les supprimer du rez de chaussée.
    Bien sur, nous surveillons la météo, mais notre maison sert aussi à nos parents, neveux et nièces, … et je serais plus tranquille ainsi.

    (même si je trouve que en filigrane, cela signifie « comptez sur vous-même pour vous protéger »)

    Cordialement

  • Bonjour à toutes et tous, pour ma part je ne préfère pas donner mon avis ici sur les zones refuge. Mais en privé par courrier par exemple cela est faisable.

  • Brigitte Devilez says:

    Moi je pense que les zones refuges ne sont pas inutiles dans certaines habitations très exposées, à condition qu’elles soient réalisables techniquement et financées correctement.
    On a déjà obtenu qu’une sous-pente de toit soit suffisante à condition qu’elle soit accessible de l’intérieur et de l’extérieur. C’est déjà beaucoup plus raisonnable qu’un étage de 20 m2!!!
    Ceci dit, cela ne règle peut-être pas le cas des habitations qui sont rès basses…
    Et puis, nous attendons aussi le plan communal de sauvegarde. Il faudra le surveiller de très près.

  • lili says:

    Je ne sais pas qui exactement a dit cette remarque. Je n’attaque pas la sous-préfète. Mais effectivement il y a ce plan de sauvegarde. Toutefois, cela n’enlève pas le problème des prescriptions à réaliser irréalisables ou inutiles dans cet exemple d’une personne qui ne peut accéder à la zone refuge.

  • Brigitte Devilez says:

    Personellement, et sans vouloir défendre la sous Préfète, ce n’est pas la réponse que j’ai entendue.
    Il a été répondu que, pour les personnes handicapées, la seule prévention valable était le plan communal de sauvegarde et que la mairie devait constituer la liste des personnes à risque pour les évacuer en priorité.
    Mais peut-être ai-je manqué quelques refléxions

  • Bonjour à toutes et tous, si vous avez entendu cela Lili, cela va à l’encontre des lois de Notre République , puisque les endroits doivent être accessibles à tous, et même en chaise roulante. Où alors ces de la discrimination. C’est à l’état de protéger ces habitations en assurant la protections par des digues. Reste à savoir qui a dit cette phrase « Les personnes handicapées n’ont qu’à pas habiter à la Faute ». Si c’est la ou le sous Préfet qui ont dit cette phrase elle est attaquable pour discrimination.

  • lili says:

    Et bien pour les personnes handicapées, lors de la réunion à La Faute, quelqu’un de la tribune a répondu: « Les personnes handicapées n’ont qu’à pas habiter à la Faute ». Sans commentaire….

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

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