Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

• «Notre maison est invendable»

C’est une frontière invisible à quelques mètres de leur maison. À dix mètres près, Christian et Mireille ­Nissler ne sont pas dans la zone de solidarité et ne peuvent donc pas quitter leur maison partiellement détruite l’an dernier. «L’État ne nous la reprend pas et elle est invendable vu son état et sa localisation», résume Christian Nissler. Les deux retraités de 60 ans vivent aujourd’hui en compagnie de leur fils de 30 ans dans leur maison de La Faute-sur-Mer au milieu d’un amas de cartons, de branchements électriques provisoires et de cloisons tapissées à la hâte de laine de verre. Le couple a touché 35 000 euros de son assurance. C’est peu mais il n’a jamais pu obtenir de devis de maçons et de plombiers, tous débordés après la tempête. Les ­Nissler ne peuvent aujourd’hui pas se lancer dans les moindres travaux. «Si l’on commence à reconstruire et que l’État finalement nous exproprie, le coût des travaux sera déduit de la revente», explique Christian Nissler. Par peur d’une nouvelle inondation, les deux Vendéens ont muré une porte-fenêtre à travers laquelle ils aperçoivent tout un groupe de maisons désertées par leurs propriétaires. L’une d’elles avait été mise en vente 620 000 euros peu avant Xynthia. L’État l’a finalement reprise 640 000 euros.

• «J’ai alerté dès 2009 de la fragilité de notre digue»


Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

Il parle de cette nuit de cauchemar avec un sanglot dans la voix, mais reconnaît ne pas être le plus mal loti. François Anil, un retraité de 65 ans, restaure actuellement sa maison située à quelques mètres de la digue qui a rompu l’an dernier. Les 200 000 euros qu’il a touchés de son assurance lui ont permis de faire d’importants travaux. Il fait aussi partie des rares habitants de La Faute-sur-Mer qui ont pu être relogés dans le village en attendant que leur villa soit habitable. Cet ancien ingénieur s’apprête pourtant à porter plainte pour non-assistance à personne en danger et abstention de combattre un sinistre. «Les responsables doivent assumer, explique-t-il. J’ai alerté par courrier dès 2009 sur le danger et la fragilité de notre digue.» Pour lui, ce courrier laissé sans réponse est la preuve que les autorités étaient au courant et ont fermé les yeux. «Je veux comprendre pourquoi il ne s’est rien passé face à un phénomène qui a été analysé et anticipé», explique-t-il. À la différence des voisins de son quartier, sa connaissance du danger lui a sauvé la vie. Lorsque la digue a cédé, il avait déjà prévu une procédure de survie : il s’est hissé sur un buffet avec sa femme, derrière un mur porteur et a vu toutes les cloisons et portes de sa maison emportées par la vague.

• «Je ne partirai pas, j’irai jusqu’au bout»


Crédits photo : Sébastien SORIANO/Le Figaro

La nuit de la tempête Xynthia, elle a dormi à poings fermés et s’est réveillée le lendemain avec 10 centimètres d’eau. Pour ces quelques malheureux centimètres, Marie-Pierre de Lepinay est censée quitter sa villa sur la pointe de L’Aiguillon, en Vendée, qui appartient à sa famille depuis quatre-vingts ans. Cette jeune femme de 37 ans, considérée par l’État comme une rescapée de Xynthia, est peu à peu devenue une résistante. «Je ne partirai pas, j’irai jusqu’au bout», martèle-t-elle. Sa maison, construite au ras des dunes et avec vue sur le large, a pour seul tort d’être située au cœur de la «zone de solidarité» et donc d’expropriation. «Cette décision est rocambolesque, affirme Marie-Pierre, qui a été récemment déboutée par le tribunal administratif. Si je dois partir, il faut empêcher les camping-cars de passer l’été au bord de la plage et surtout il faudrait exproprier toute l’île de Ré, où les maisons sont toutes plus basses que sur la côte.» Depuis la publication des zones d’expropriation, ses voisins ont peu à peu déserté les lieux. Leurs maisons sont devenues la cible des vandales et des voleurs. Du coup, il ne se passe pas une semaine sans que la propriété familiale soit visitée. «On me vole des meubles de jardin, des morceaux de portail ou de palissade», raconte la jeune femme qui se bat seule et dont l’avenir est maintenant suspendu au résultat d’une enquête publique. «Les élus de Charente-Maritime ont été très présents, mais les nôtres nous ont totalement laissés tomber.»

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