Archive pour le 28 février 2011

La parole à René Marratier, maire de La Faute-sur-Mer

Le maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier.

Comment avez-vous vécu cette année, depuis Xynthia?
C’était une année difficile. Xynthia est une cicatrice ouverte jusqu’au plus profond de vous -même Elle a laissé des traces indélébiles. On paie un lourd tribut, avec 29 victimes. Mais je rappelle que Xynthia n’a pas touché que la Faute.

Comment expliquez-vous qu’il y ait deux commémorations, l’une officielle, le 27 février, et l’autre le 6 mars, organisée par l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer et de ses environs (Avif) ?
Dès le lendemain de la catastrophe, la municipalité avait réfléchi à une cérémonie officielle avec les autorités. J’y vois juste un volonté de l’Avif de poursuivre son entreprise de dénigrement. On a besoin d’un climat assaini pour se reconstruire. Il faut arrêter ces polémiques.

L’Avif déplore que vous n’ayez manifesté aucune compassion à l’égard des victimes…
C’est faux. Dans chaque famille où il y a eu un décès, nous avons envoyé une carte et un bouquet de fleurs. A chaque cérémonie, il y a eu le maire ou un de ses adjoints. Et on a fait pluralité de minutes de silence. On est humain avant tout, je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas la même compassion. Arrêtons d’alimenter ce conflit politique contre la commune.

Il y a manifestement un gros malaise à La Faute-sur-Mer. Plusieurs personnes soutiennent vous avoir alerté à plusieurs reprises sur la fragilité de la digue et sur les risques encourus…
On avait commencé la réfection de la digue avant la tempête.

Quand?
En décembre 2009. Il faut pas dire que les digues n’étaient pas entretenues! C’est la faute à pas de chance.

Estimez-vous avoir tout fait comme il le fallait?
Je ne vois pas ce qu’on pourrait me reprocher aujourd’hui. Quel que soit le maire, cette zone aurait été urbanisée pareil. Les derniers lotissements faits étaient inscrits dans le plan d’occupation des sols de 1982, approuvé en 1984. Plein de communes ont des maisons en zone inondable. Il y en a 550 000 en France.

Considérez-vous qu’il y a pu avoir conflit d’intérêt, votre adjointe à l’urbanisme, François Babin, ayant vendu un certain nombre des terrains où l’impact de la tempête a été le plus fort?
Je le redis: il n’y a pas eu de conflit d’intérêt. Cessons cette cabale contre l’adjointe, qui certes avait des terrains, mais ce n’était pas la seule. Et les permis de construire sont certes signés par le maire, mais avec l’avis favorable des services instructeurs de l’Etat. Et ces zones étaient classées en zone bleue. Moi qui suis dans une zone de solidarité, je n’ai pas voulu vendre ma maison à l’Etat, et j’irai jusqu’à l’expropriation.

Que vont devenir les terrains classés en zone de solidarité, où les maisons sont vouées à la destruction?
Ces terrains ont été rachetés par l’Etat. Ils lui appartiennent. On verra bien si l’Etat rétrocède ensuite à tel ou tel. Il va bien falloir continuer à la valoriser cette commune!

François Anil: « Les responsables vont devoir s’expliquer »

 

Cet habitant de La Faute-sur-Mer a lancé l’alerte sur le mauvais état des digues dès 2005

 

 

François Anil doit réintégrer sa maison d’ici un mois. Classée en zone rouge (pas de destruction mais plus de construction et construction d’un étage) elle est en plein travaux, et ne sera pas entièrement prête. « Il nous faudra encore un an pour vraiment nous réinstaller. Mais nous n’avons pas le choix. Nous avons trouvé une maison à louer à La Faute pendant un an. C’était une aubaine. Il faut bien que nous tenions notre engagement et que nous la rendions! », explique ce chef d’entreprise à la retraite.

 

 

Il y a 30 ans, sa femme et lui avaient fait construire une coquette maison typique vendéenne (plain-pied, plafond bas), pour y passer leurs vacances. Elle est devenue leur résidence principale il y a cinq ans. Xynthia a fait entrer 1m30 d’eau dans leur demeure. François et son épouse se sont réfugiés sur le buffet. Ils n’ont pas eu peur. « On a très bien compris ce qui se passait, même si voir la porte fenêtre exploser sous la pression de l’eau, c’est de l’adrénaline pure et dure ». S’ils n’ont pas tremblé, c’est bien parce que François et sa femme alertaient depuis plusieurs années déjà la mairie contre les risques encourus par les riverains de digues qu’ils estiment mal entretenues.

 

 

« S’il fallait évacuer tous les endroits à risque, on ne saurait plus où mettre les gens. Donc il ne faut pas tomber dans la phobie sécuritaire, dit cet élégant sexagénaire. Mais ce qui me met en rogne, c’est que dès 2005, nous avons interpelé la municipalité. » 2005, c’est aussi l’année où un arrêté du préfet a classé la digue qui sépare la rivière Le Lay, qui se jette dans l’océan atlantique, des maisons, « comme intéressant la sécurité publique ». « Ca veut dire que le préfet estimait qu’il y avait mise en danger des biens et des personnes! »

 

 

L’arrêté prescrivait de faire un diagnostic technique. « Ca a été fait en 2006 par la DDE, et le mauvais état de la digue a été constaté. Mais les conclusions ont été contestées par le maire! A force de discuter, les travaux n’ont commencé qu’en janvier 2010… » Aujourd’hui, François ne cherche pas de coupable. Il manifeste « une volonté ferme et tenace de dire que maintenant, les responsables vont devoir s’expliquer, à tous les échelons ». Il a rejoint l’association des victimes des inondations de la Faute-sur-Mer et de ses environs, en conflit ouvert avec le maire de la commune, René Marratier.

 

 

A l’heure des cérémonies à La Faute-sur-Mer, un an après la tempête meurtrière, le petit village de Vendée se déchire dans une lutte fratricide. Certains veulent pourtant bâtir l’avenir.

 

Renaud Pinoit, le très actif vice-président de l’Avif MaxPPP

Larmes et recueillement, dimanche matin, sur les berges du Lay. Un semblant de trêve dans la guerre fratricide que se livrent les habitants de La Faute-sur-Mer (Vendée) depuis quelques semaines. Un silence assourdissant troublait cette cérémonie du souvenir en mémoire des 29 morts de la tempête Xynthia : celui de l’absence de plusieurs familles de victimes. « Ces personnes ne voulaient pas d’un hommage en présence du maire de La Faute, René Marratier, qui n’a jamais eu le moindre mot à leur égard », explique Renaud Pinoit, le très actif vice-président de l’Avif (Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer). Ces familles ont choisi d’organiser leur propre célébration dimanche prochain. Et n’y ont pas convié René Marratier. Un camouflet pour le maire de ce village de 650 habitants, le plus touché par la tempête.

Un maire dans la tourmente

Il faut dire que depuis la tempête, La Faute-sur-Mer rejoue Les Rivaux de Painful Gulch, cet album de Lucky Luke où les familles O’Timmins et O’Hara se déchirent sans plus savoir pourquoi. Entre opposants et partisans du maire, le combat est sans merci. Les premiers lui reprochent d’avoir laissé construire dans des zones à risque et de ne pas avoir fait évacuer le soir de la tempête. Les seconds rétorquent que les familles de victimes cherchent à tout prix un coupable à une catastrophe naturelle. Jusque récemment, on lavait encore son linge sale en famille, et si certains ne se saluaient plus dans les rues, bien qu’ils aient été à l’école ensemble, la loupe des médias n’avait pas encore grossi le trait.

Or, le 30 janvier dernier, un reportage de Zone interdite (M6) met le feu aux poudres. Il présente le maire, René Marratier, comme largement responsable du désastre à cause de sa politique d’urbanisation et de spéculations immobilières destinées à favoriser les entreprises de certains élus locaux. « Mensonges, calomnies ! » crient aussitôt ses partisans les plus proches, comme Serge Claveau, pépiniériste et conseiller municipal depuis 2008. « Il n’a que ce qu’il mérite ! », rétorque Marie-Christine Renou, pharmacienne sur le rond-point à l’entrée du village, l’une des plus virulentes contre l’édile.

Projets d’écotourisme

Le principal intéressé se dit blessé par la « vindicte populaire ». Le parking de La Faute est régulièrement tagué du mot « Démission ». Le maire reçoit des lettres anonymes. Et sur le site Internet de l’Avif, des commentaires suggèrent sa mort comme solution. René Marratier a porté plainte contre la chaîne pour diffamation. Et se concentre sur l’avenir : « Nous attendons le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) qui déterminera l’aménagement du territoire avec les contraintes et les interdits. Mais nous avons de nombreux projets de développement d’écotourisme avec les communes alentour. »

On lui reproche son absence dans les jours qui ont suivi le séisme et son manque de compassion. « Il est maladroit et incapable de s’extérioriser », reconnaît Serge Claveau. « Il était tétanisé par les événements », avance Maurice Milcent, le maire de la commune voisine, L’Aiguillon-sur-Mer, qui le connaît depuis toujours. « Les grandes douleurs sont muettes », lui concède le vieil employé de l’Hôtel de la Plage, citant Sénèque. « C’est un homme bien », ajoute-t-il.

« Les morts méritent qu’on soit positifs »

La Pharmacie Océane est devenue un fief des opposants. « René Marratier ne mène aucune politique pour la commune, dénonce Marie-Christine Renou.Rien pour le social, pour le culturel, pour que les jeunes restent chez nous. Il n’y a que l’urbanisme qui l’intéresse. On voit le résultat ! Nous avons pourtant alerté sur les risques… » La pharmacienne s’est déjà présentée trois fois aux municipales, sans succès. Dans la petite station balnéaire en ébullition, certains murmurent que cette femme d’une cinquantaine d’années, la silhouette sèche, profiterait de l’émotion suscitée par Xynthia pour mener une nouvelle campagne. Elle s’en défend : « Je ne compte pas me représenter en 2014. Je ne veux pas profiter de la faiblesse actuelle de Marratier. »

Les tensions empêchent la station balnéaire de regarder l’avenir. Pourtant de nombreux habitants s’indignent de cette guerre qui leur gâche un peu plus la vie. M. Pham, le directeur du Casino des Dunes, très investi dans les projets de réserve ornithologique de la Pointe d’Arçay, veut croire à un futur prospère. « Les morts méritent qu’on soit positifs, et il faut penser aux survivants. Aujourd’hui, les plantes commencent à repousser dans les jardins condamnés de la zone noire. Je veux y voir un signe que nous sommes capables de rebondir. »

Les commerçants écopent

Un an après Xynthia, les commerçants n’en finissent pas d’écoper. Fermeture du camping municipal de 4.000 places, départ de près de 400 personnes sinistrées… Les curieux de passage ne suffisent pas à faire marcher les affaires : – 30 % pour le salon de coiffure de Viviane Michel ; – 80 % pour le PMU la Terrasse, actuellement en vente ; – 15 % pour le Super U… Vincent Boineau, propriétaire du Nautile, la boutique d’articles de plage, a vu, lui, son chiffre baisser de 20 %. « La Faute ne s’en relèvera pas », assène, la voix tremblante, cet homme bourru. Il souhaiterait vendre, mais « qui voudra acheter la boutique ? Je n’ai pas été sinistré le jour de la tempête, j’ai tout perdu quand même, mais pour nous il n’y a pas d’indemnisation prévue. »

Une image d’espoir

Pourtant, certains croient à un avenir. Nathalie Rompillon, la jolie propriétaire de la Boucherie Artisanale, ne baisse pas les bras : « Nous avons des plages magnifiques, les campings ont déjà des réservations pour cet été. Je suis sûre que les gens ont envie de revenir. » Il y a juste un an, alors que la mer déferlait sur le village, la Boucherie Artisanale s’agrandissait, passant de 60 m² à 300 m². Flambant neuve, la boutique a nourri les Fautais tout l’hiver et montré chaque jour un visage souriant : « Notre magasin a remonté le moral de tout le monde. Il symbolise une ouverture sur l’avenir, une image d’espoir. »

 

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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