Après une longue garde à vue, René Marratier est poursuivi pour homicide involontaire et mise en danger de la vie d’autrui. La tempête avait fait 29 morts dans sa ville.

 René Marratier à son arrivée hier au palais de justice des Sables-d'Olonne.  PHOTO AFP

René Marratier à son arrivée hier au palais de justice des Sables-d’Olonne. PHOTO AFP

René Marratier, 58 ans, entrepreneur et maire de La Faute-sur-Mer depuis 1989, n’est pas un grand communicant. Les 29 morts dans sa commune après le passage de Xynthia le 28 février 2010 ne l’ont pas fait changer d’attitude. Motus et bouche cousue est sa devise, qu’il applique également aux 600 familles (1 200 personnes) adhérentes à l’Avif (Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer et ses environs). Ce mutisme et un manque de compassion apparent ont poussé l’association, soutenue par le cabinet d’avocats de Corinne Lepage, à porter plainte et à se porter partie civile contre l’édile et sa mairie.

« Homicide involontaire », « mise en danger de la vie d’autrui », « abstention de combattre un sinistre » et « prise illégale d’intérêt » sont les infractions qui lui sont reprochées. Elles ont été estimées recevables par le procureur, puis par le juge d’instruction. C’est à ce titre que René Marratier a été placé en garde à vue mercredi, avec prolongation hier, à la gendarmerie des Sables-d’Olonne. Il a ensuite été mis en examen (1). Ont également été entendus, puis relâchés, Françoise Babin, première adjointe en charge de l’urbanisme, et Patrick Maslin, maire adjoint, membre de la commission locale d’urbanisme et responsable d’une entreprise de construction immobilière. On soupçonne la première d’avoir délivré des permis de construire à son fils, qui détient la plus importante agence immobilière de la commune. Ces accusations ont toujours été farouchement niées.

Le fait est que la totalité des victimes habitaient des maisons construites depuis 1980, essentiellement dans le quartier placé dans une cuvette surplombée par une digue sur le Lay. Aujourd’hui la démolition des 516 logements, vendus à l’état, a commencé. Le camping municipal, à l’entrée de la commune face à L’Aiguillon-sur-Mer, a déjà été démantelé.

« L’enquête avance »« Cette mise en examen du maire prouve que l’enquête avance et cela nous réjouit. Nous ne demandons la tête de personne mais des réponses à nos questions », assure Renaud Pinoit. Le vice-président de l’Avif ne cache pas que les relations avec la mairie vont de mal en pis. Il parle d’un « climat détestable », avec en point d’orgue cette commémoration séparée des « un an » de la tempête qui s’est tenue officiellement le 27 février dernier pour les élus du Conseil municipal et, une semaine plus tard, pour les familles des victimes. À noter que, contrairement à René Marratier, le président du Conseil régional Jacques Auxiette et le maire de L’Aiguillon (commune qui a aussi été endeuillée) Maurice Milcent assistaient à la seconde manifestation.

« Le problème, c’est que Marratier nous évite. Tout porte à croire qu’il a des choses à se reprocher. Son obsession consiste toujours à chercher le moindre mètre de terrain constructible. Comme s’il ne savait faire que cela depuis vingt ans. L’urbanisation à outrance a longtemps été bénéfique pour la commune, mais après la catastrophe il convenait de revoir ses positions », poursuit Renaut Pinoit.

Pour René Marratier, il n’en a jamais été question. Envers et contre tous il tente encore de maintenir ou de faire venir des habitants dans sa ville. Après les ventes consenties ou forcées, 400 de ses 1 000 administrés à l’année (NDLR : la population passe à 30 000 pendant l’été) sont partis sous des cieux plus cléments.

Lors d’une réunion publique où l’on annonçait les fameuses « zones noires » aux sinistrés, le 8 avril 2010, René Marratier n’avait presque rien dit. Tout à la fin il avait pris la parole pour déclarer, sous le regard furieux du préfet de Vendée : « Je reste persuadé qu’il reste des possibilités. » Le maire faisait référence, un mois après le drame, à des terrains qui pourraient accueillir de nouvelles constructions.

Avec Me Olivier MetznerTout récemment, une nouvelle plainte a été déposée après constat d’huissier. Des employés municipaux sont soupçonnés d’avoir ramené du sable de la grande dune pour remblayer et rendre viable un terrain où gisent quelques mobil-homes. Le maire maintient : « je n’ai rien à me reprocher. » C’est ce qu’il a dû redire aux gendarmes. Son avocat, Olivier Metzner, s’est déplacé hier au palais de justice des Sables-d’Olonne. Il se doutait sans doute que son client, qu’il présente comme « un lampiste », serait présenté au juge et mis en examen.

(1) Ressorti libre, René Marratier a été placé sous contrôle judiciaire.

 

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