Archive pour le 24 février 2012

La tension était encore vive vendredi sur la question des digues de L’Aiguillon-sur-Mer, une des deux communes de Vendée les plus touchées par la tempête Xynthia, lors d’une visite des présidents de région, de département et du préfet.

Le président de la région Pays-de-la-Loire Jacques Auxiette (PS), celui du département de Vendée Bruno Retailleau (DVD) et le préfet de Vendée Bernard Schmeltz, en visite commune sur un chantier de digue à la Pointe de l’Aiguillon, ont vu leur convoi bloqué au retour par un barrage d’engins mis en travers de la route par des agriculteurs.

« Si on vous reçoit comme ça, c’est parce qu’on a l’impression que depuis deux ans ça n’avance pas », a expliqué Jean-Luc Robineau, au nom de la trentaine d’agriculteurs qui tenaient le barrage.

Lors de la tempête Xynthia, qui a tué à La Faute-sur-Mer 29 personnes le 28 février 2010, des milliers d’hectares de terres agricoles avaient été envahis par l’eau salée et des éleveurs avaient vu l’intégralité de leurs bêtes noyées.

Selon M. Robineau, « on va inonder de nouveau », même hors tempête. Les agriculteurs demandent, en plus des consolidations de digues déjà réalisées à hauteur de 20 millions d’euros depuis le drame, des surélévations.

Mais ces dernières, qui entrent dans le cadre de législations administratives complexes (les Plans d’actions de prévention des inondations), nécessitent des délais beaucoup plus longs, source précisément de leur colère.

M. Robineau a aussi souhaité au nom de ses collègues que la surface importante libérée par les destructions de maisons sur les deux communes – l’Etat vient de racheter sa 700e maison selon le préfet – « ne reste pas en friche ». « Ca nous embêterait que ce soit le Conservatoire du littoral qui prenne tout ça », a-t-il ajouté.

Un peu plus tôt sur la digue, les trois décideurs à l’échelon local avaient été interpellés par une habitante de la Pointe de l’Aiguillon, dont la maison est dans le périmètre des « zones noires » décidées après le drame, qui implique sa destruction. « Ici 60 personnes souhaitent rester, il n’y a pas de risque mortel », a expliqué Marie-Christine Baffoux-Kays, dont l’espoir était ravivé par le récent réaménagement des zones noires de Charente-Maritime, également victime de Xynthia.

Une demande aussitôt douchée par le préfet qui a rappelé qu’il « y avait eu des aménagements des zones noires aussi en Vendée, avec la sortie de 244 maisons du périmètre, mais cela s’est fait en 2011 il y a six mois, avant la Charente-Maritime ». « Il ne faudrait pas avoir cette impression, simplement du fait d’un effet d’affichage avec des dates d’aménagement de zones différentes: il n’y a pas deux poids, deux mesures », a-t-il ajouté.

Lors d’une conférence de presse, Bruno Retailleau a regretté qu’il y ait « au niveau parisien, une idéologie selon laquelle une digue contrevient à l’aspect naturel des choses », raison, entre autres, selon lui d’une partie de la complexité administrative et des délais pour rehausser les digues. De son côté, Jacques Auxiette a souligné la nécessité de donner, après ce drame, des perspectives économiques aux deux communes.

Surveillance des digues à La Faute-sur-Mer, lors de la tempête Hergen, en décembre dernier. Deux ans après Xynthia, le plan digues tarde à se concrétiser. Archive Franck Dubray

Surveillance des digues à La Faute-sur-Mer, lors de la tempête Hergen, en décembre dernier. Deux ans après Xynthia, le plan digues tarde à se concrétiser.© Archive Franck Dubray
Deux ans après la tempête meurtrière, les deux communes paraissent mal protégées. Malgré les travaux d’urgence, beaucoup reste à faire pour sécuriser les populations. Une manifestation a lieu ce dimanche.

À La Faute-sur-Mer

Pour Serge Claveau, élu de La Faute, le temps passe et les chantiers de protection de la presqu’île se font attendre. « Même si ça se décante un peu, on se dit que ça n’avance pas assez vite. » Ce qui freine ? Les financements et la lourdeur de l’administration, « qui demande beaucoup de paperasserie », constate l’élu fautais.

Pourtant, dit-il, « même si c’est encore insuffisant, la commune est mieux protégée qu’avant la tempête ». « On aurait eu ça avant  Xynthiapoursuit-il, on aurait eu de l’eau, mais pas les mêmes conséquences. »

Pour le maire aussi, René Marratier, la commune est plus sûre. « Toute la digue Est, du côté du Lay, a été rehaussée et confortée, à une hauteur de 5,10 m. » Renaud Pinoit est plus critique. Pour le président de l’association des victimes des inondations de La Faute (Avif), « la structure de la digue n’est pas satisfaisante, il subsiste des fissures importantes. »

Autre point faible, l’extrémité sud de La Faute, la pointe d’Arçay. « Là, on a beaucoup d’eau qui est rentrée », se souvient Serge Claveau. La commune veut édifier ici une digue de 5,10 m pour « ceinturer » complètement La Faute. Mais l’État regimbe à l’idée de créer cette digue à l’endroit souhaité par la commune, préférant la décaler un peu. Des tergiversations qui retardent encore un peu la réalisation de ce « mur » de protection de quelques centaines de mètres.

Point faible aussi à la Belle-Henriette, au nord de la commune. Une deuxième digue doit voir le jour, sur le domaine public maritime. Ce qui signifie que la balle est dans le camp de l’État. Enfin, dernier point faible, les moyens d’évacuer l’eau. L’après-Xynthia a cédé la place à plus de modestie. Plus personne n’écarte l’hypothèse de « marées » majuscules. « Les protections, c’est nécessaire, analyse Serge Claveau, mais si l’eau rentre, il faut qu’elle puisse s’évacuer le plus vite possible. »

À L’Aiguillon-sur-Mer

Et si c’était le véritable maillon faible de l’estuaire ? On le murmure à La Faute, ça se dit à L’Aiguillon. Pourtant, depuis la tempête, la commune n’a pas ménagé ses efforts. En allant parfois très -trop ?- vite en besogne. Elle a pris sur ses deniers pour financer, en urgence, une digue entre le restaurant la Pergola et le plan d’eau. « Mais là, on a toujours entre 3 et 4 000 maisons qui sont en péril dans cette zone », s’agace Jean-Marie Angotti, le président de l’association L’Avenir ensemble. Sur ses deniers personnels toujours, L’Aiguillon a construit une autre digue, entre ce même restaurant et la Petite jetée, en direction de la Pointe. Au total, près de 250 000 € engloutis.

Mais le compte n’y est pas. Maurice Milcent a calculé qu’il faudrait investir 43 millions d’euros pour protéger sa commune. Le projet le plus lourd ? La digue du Génie. Décalotté par la tempête, l’ouvrage, qui date de 1880, « a peut-être fait son temps », estime Maurice Milcent. Deux options selon lui : soit une réhabilitation de l’existant, soit une réfection intégrale, « qui ne coûterait pas plus cher », a calculé le maire. Coût de cette seconde option : environ 15 millions d’euros.

Enfin, il y a la dune, à la Pointe, arasée par la tempête, remodelée après, mais qu’il faut renforcer. « Car protéger la Pointe, c’est protéger le bourg », analyse encore Maurice Milcent. « C’est même une protection pour tout l’arrière-pays », ajoute Denis Clemenceau, conseiller municipal de L’Aiguillon. De nombreux travaux qui butent sur les financements. « On a entraîné les communes dans un véritable labyrinthe administratif », s’énerve Jean-Marie Angotti.

Lequel craint que les travaux ne se fassent pas « avant 5 à 10 ans, à cause de la lourdeur administrative, qui impose de nombreuses études avant de commencer les travaux ». « Depuis Xynthia, poursuit-il, la population a attendu sagement des travaux de protection. Aujourd’hui, l’inquiétude est grande et il est important et urgent de faire le nécessaire. »Les habitants de L’Aiguillon comptent le faire savoir. Ils manifesteront ce dimanche, à partir de 15 h.

 

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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