Archive pour le 27 février 2012

LA FAUTE-SUR-MER (Vendée) – Deux ans après la tempête Xynthia qui a fait 47 morts dans la nuit du 27 au 28 février 2010, principalement sur la façade atlantique, les familles de victimes attendent toujours un renforcement des digues et l’établissement d’éventuelles responsabilités pénales.

« Après une telle catastrophe, le deuil reste compliqué à gérer, avec des vagues, des pics » de douleur, a indiqué à l’AFP Renaud Pinoit, président de la principale association de victimes, l’Avif, basée à La Faute-sur-Mer (Vendée) où la tempête a fait 29 morts.

Une cérémonie commémorative officielle doit être célébrée ce mardi sur le pont reliant La Faute à L’Aiguillon-sur-Mer, les deux communes les plus frappées par Xynthia, en présence de leurs maires.

L’Avif, qui avait déjà boycotté cette manifestation l’an passé par défiance envers le maire de La Faute, René Marratier, mis en examen depuis pour « homicide involontaire » et « mise en danger de la vie d’autrui », organisera sa propre cérémonie le 4 mars devant le port de la petite station balnéaire.

Une centaine de personnes se sont constituées parties civiles dans l’enquête pénale sur les responsabilités dans le drame, où la majorité des victimes avaient été noyées dans des bâtiments de construction récente situés en zones submersibles.

« Nous avons une totale confiance dans la procédure pénale. On a le sentiment que l’instruction avance bien, et les parties civiles seront reçues le 9 mars aux Sables d’Olonne pour un point avec le juge d’instruction Le Goater », a indiqué M. Pinoit.

Outre M. Marratier, deux de ses adjoints ainsi qu’un promoteur immobilier local et un fonctionnaire de l’ancienne Direction départementale de l’Equipement ont été mis en examen dans ce dossier, a-t-on appris de sources concordantes.

Selon un avocat contacté par l’AFP, « un long débat d’expertises techniques s’annonce sur la prévisibilité ou non de la catastrophe ».

Parallèlement, toujours en Vendée, l’Etat est arrivé au bout de la procédure de rachat à l’amiable de maisons situées en zones noires dans les deux communes, avec 702 rachats effectués, selon la préfecture. Ces maisons doivent être détruites d’ici à la fin de l’année.

Une procédure d’expropriation a par ailleurs été engagée pour 127 logements dont les propriétaires ont refusé l’accord à l’amiable.

En Charente-Maritime, 458 maisons ont été rachetées par l’Etat. Une « grosse cinquantaine » de maisons (à Charron, Aytré et à l’Ile d’Oléron), dont les propriétaires ont refusé une transaction à l’amiable avec l’Etat, feront l’objet d’une procédure d’expropriation, selon une source administrative.

En Vendée et en Charente-Maritime, respectivement 20 et 44 millions d’euros de travaux ont déjà été réalisés sur les digues, pour renforcer la protection face à la mer.

Mais « à La Faute, on ne se sent toujours pas protégés. Nous sommes totalement insatisfaits d’autant qu’il n’y a aucune planification de travaux du côté de la mairie », a indiqué M. Pinoit.

Vendredi, des agriculteurs ont manifesté à L’Aiguillon pour demander une surélévation des digues, estimant qu’à défaut des milliers de hectares de terres agricoles risquaient à nouveau d’être submergés.

En Charente-Maritime, une cérémonie est également prévue mardi à Aytré, ou deux personnes ont péri pendant la tempête. L’association locale de défense des victimes, Div-X, y a par ailleurs indiqué avoir voté le principe d’une plainte pour « mise en danger de la vie d’autrui », comme à La Faute.

Le 28 février 2010, la brusque montée des eaux provoquée par l’effet conjugué de la tempête et d’une marée de fort coefficient avait fait 29 morts en Vendée et 12 en Charente-Maritime. Xynthia avait fait 47 morts au total en France.

 © 2012 AFP

Vue aérienne de La Faute-sur-Mer et L'Aiguillon-sur-Mer, en Vendée, après le passage de la tempête.

Vue aérienne de La Faute-sur-Mer et L’Aiguillon-sur-Mer, en Vendée, après le passage de la tempête. © MAXPPP

Pour les habitants, les existantes ne sont pas assez solides. 3.000 maisons seraient menacées.

« Ça fait deux ans et il n’y a rien eu de fait ». Les habitants de L’Aiguillon-sur-Mer et de La Faute-sur-Mer, en Vendée, perdent patience. Deux ans après le passage de la tempête Xynthia, ils craignent de nouvelles inondations. La raison ? Si certaines digues existantes ont été rehaussées, les structures actuelles laissent à désirer.Les digues se craquèlent

« Cet été, on a eu une température relativement importante et les digues se craquelaient. On pouvait passer un bras ou un pied dans des fissures », se désole au micro d’Europe 1 Renaud Pinoit, président de l’association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (Avif). « Pour l’instant on n’est pas protégé », résume-t-il affirmant qu’entre « 2000 et 3000 maisons sont menacées ».

Pourtant l’Etat et les collectivités locales ont déjà réalisé des consolidations de digues, à hauteur de 20 millions d’euros depuis le drame qui a tué 53 personnes le 28 février 2010. La forte marée conjuguée à des vents violents et une violente dépression avait alors eu raison des digues et submergé des habitations construites en zone inondable. Depuis deux ans, près de 700 maisons inondées ont été rachetées par l’Etat dans les deux communes sinistrées.

L’année dernière, le gouvernement avait présenté une liste de 60 mesures de prévention des risques d’inondation. Il s’était notamment engagé à réaliser 1.200 km de travaux de renforcement d’ouvrages entre 2011 et 2016, pour un budget d’environ 500 millions d’euros.

« On n’a pas de digues suffisamment solides »

L’une des habitantes de La Faute-sur-Mer, Marie Matelier estime sur Europe 1 qu’il y a eu « beaucoup d’urgence de la part de l’Etat pour nous faire partir, en nous disant : ‘vous êtes en danger’. Par contre, l’urgence de secourir ceux qui sont restés n’est pas là. Parce que deux ans après, on n’a pas de digues suffisamment solides pour nous protéger ».

Six kilomètres de digues sont aujourd’hui réclamés par l’association « L’avenir ensemble », qui regroupe 350 familles de sinistrés. Et ce, pour un coût de trois millions d’euros.

Pour montrer leur détermination, plusieurs centaines de sinistrés ont symboliquement lancé des « bouteilles à la mer » dimanche dans la rivière qui sépare L’Aiguillon de La Faute-sur-Mer.

Au port de L'Aiguillon, les frêles pontons-bois ne survivront pas au réaménagement du bassin. Archives Ouest-France

Au port de L’Aiguillon, les frêles pontons-bois ne survivront pas au réaménagement du bassin.© Archives Ouest-France
Xynthia, deux ans après. Les projets fusent à La Faute et L’Aiguillon. Des aménagements, voués à insuffler une nouvelle dynamique, sont portés par la Région. Mais c’est l’État qui aura le dernier mot.
« Nous allons construire le nouvel Aiguillon », tonne le maire Maurice Milcent, qui suit recta son « fil conducteur ». Le projet de rénovation du centre-ville est finalisé. Le démarrage des travaux imminent. « Actuellement, le dynamisme commercial est cantonné à une grande surface à l’entrée de la ville. » L’idée est donc de faire migrer les consommateurs jusqu’au centre.Nouvelles boutiques en lieu et place du centre de vacances, construction d’une bibliothèque et d’un pôle médical doivent permettre au bourg de se refaire une santé. Le réaménagement des halles est englobé à ce lifting.

Pour ce qui est du coût, Maurice Milcent rassure : « Tous les travaux seront autofinancés. Il n’y aura aucune répercussion sur les impôts. » Sur le port, les pontons seront reconstruits, une aire de carénage réalisée. « Ces aménagements profiteront aussi bien aux professionnels qu’aux plaisanciers. » Mais surtout, le plan d’eau pourrait se muer en véritable port à flot. Un projet ambitieux, largement soutenu par la Région.

Dans sa quête de terrains, l’idée d’utiliser le stade de football pour créer une cinquantaine de logements n’est que temporairement mise en touche par la municipalité. Reste à définir sur quelle terre de l’intercommunalité, même classée zone rouge, le stade pourrait être déplacé.

Litoralis : « Un lieu de mémoire »

Sur la rive gauche, René Marratier, maire de La Faute-sur-Mer, commence à voir le jour. « Jusqu’ici, toutes nos forces se sont concentrées sur la protection du littoral. Nous allons commencer à nous pencher sur des aménagements sportifs ou culturels. » L’idée d’un golf est avancée. Un practice de neuf trous, sur une surface de vingt hectares pourrait être créé dans le secteur des Doris et des Voiliers. Des plans de simulation ont déjà été réalisés. « La Région a donné son aval. Mais rien n’est encore conclu », rappelle le maire.

Certains élus émettent des doutes sur la faisabilité d’un projet qui induit la création de bâtiments en zone rouge. Ils imaginent plutôt un secteur figé dans son état naturel. De fait, les terrains concernés sont situés en zone de déconstruction. La balle est donc dans le camp de l’État, nouveau propriétaire des lieux.

« Il ne faut pas laisser les zones rouges à l’abandon. Cela crée un sentiment de désolation. Elles doivent rapidement être réutilisées », insiste Jacques Auxiette, président de Région. Il doit prochainement saisir les préfets de région et de département. « Depuis juillet 2011, il ne s’est pas passé grand-chose. »

Le président tient compte de la longueur des procédures engagées après Xynthia. « A force d’échange et de travail avec les acteurs locaux, des projets ont émergé. Nous les suivons de près et nous les soutenons. » En 2011, la Région a débloqué un million d’euros pour lancer les études nécessaires.

En pôle position, avec la conversion du plan d’eau en port à L’Aiguillon, la création d’un centre baptisé Litoralis à La Faute. « Nous voulons créer un lieu de mémoire. Non pas un monument, mais un site dédié à la protection du littoral, à la gestion des activités humaines, à la prévention des risques climatiques. » Jacques Auxiette imagine un « Centre de recherche national », basé sur le terrain de l’ancien camping municipal, là encore, propriété de l’État.

 

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

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