La pointe de l'Aiguillon envahie par les eaux au lendemain de la tempête.

Au lendemain de Xynthia, le 28 février 2010, ici Le Pont Cardinal, à la base de La Pointe de L’Aiguillon. – (Photo archives NR, Éric Pollet)

En voie d’expropriation de La Pointe de L’Aiguillon (Vendée) après la tempête Xynthia, les propriétaires ne désarment pas. Mardi, ils ont déposé un recours.

 On les appelle les « Pointus ». Parce que la pointe de leur combat, c’est la fameuse pointe de L’Aiguillon-sur-Mer, toute une vie de vacances au bord de l’eau ravagée en une nuit par la tempête Xynthia début 2010. Depuis, ils n’ont cessé de se battre.

Mardi, ils étaient encore soixante-trois propriétaires de résidences secondaires (dont 18 Deux-Sévriens sur les 23 départements représentés) à déposer un recours auprès du tribunal administratif de Nantes pour s’opposer aux expropriations scellées par l’État le 25 janvier, jour de colère noire.
Mardi après-midi, il a fallu un chariot à l’avocat d’Airvault, Me Laurent Falacho, pour déposer à la greffière du tribunal nantais tous les recours, motivés en une dizaine de pages chacun, en quatre exemplaires, s’il vous plaît.
Voilà ce que contestent les « Pointus » : le cadre général, avec cette déclaration d’utilité publique ; plus le cadre particulier, avec cet avis de cessibilité au bénéfice de l’État que chacun a reçu en une lettre type sans âme, le 1er février.

Ils estiment que «  c’est un acte discriminatoire  »

« Voilà. Nos maisons ne valent rien pour l’État, alors qu’elles valent tout l’or du monde pour nous », s’emporte Marie-Christine Baffoux-Kays, présidente de l’Association amicale des résidants de La Pointe de L’Aiguillon-sur-Mer (Aarpa). Porte-flambeau originaire de La Crèche et demeurant à Poitiers, elle en veut au « mépris affiché par l’État », dédain illustré par ses trois lettres sans lendemains dans les ministères où l’on n’a même pas consenti à un rendez-vous. Depuis les larmes du printemps 2011 et l’annonce des « zones noires » à raser, l’association ne cesse de clamer ses arguments. « Exproprier, déconstruire, pour finir par protéger quand même la zone, c’est du gaspillage d’argent public, un non-sens », peste Marie-Christine Baffoux-Kays.« C’est un acte discriminatoire », ajoute-t-elle. Suivez son regard vers des Rétais mieux lotis, épargnés par l’État. Trop coûteux ? « Effectivement, il y a quelque chose de scandaleux dans ces expropriations, plaide l’avocat airvaudais. Ces maisons, construites dans les années 50 en pleine nature, et aménagées ensuite par les enfants, à l’image de ce wagon de cheminot sur l’une des parcelles, montrent que La Pointe de l’Aiguillon est d’une composition sociologique modeste. »

La procédure de l’État continue

L’avocat fait valoir le fait que toutes les solutions alternatives n’ont pas été envisagées avant de fonder l’expropriation sur le risque encouru, alors qu’elles sont obligatoires. Il conteste également la durée de l’enquête d’utilité publique et ses insuffisances qui ont conduit à l’enquête parcellaire complémentaire. L’avocat traque le vice de forme. L’État a-t-il bien répondu à son obligation de déceler les parcelles concernées dès l’ouverture de l’enquête d’utilité publique ?
« L’administration s’est embrouillée sur l’enquête initiale », argue Laurent Falacho en espérant que le délai moyen de deux ans de procédures du tribunal administratif nantais sera écourté. Parce qu’en attendant, la procédure de l’État suit son cours. L’épée de Damoclès des premières ordonnances d’expropriations du tribunal de La Roche-sur-Yon pend au-dessus de la tête des « Pointus » et de leur amertume.

nr.niort@nrco.fr

dates clés

> Dans la nuit du 27 au 28 février 2010. La tempête Xynthia, conjuguée à une marée à fort coefficient (102), ravage le littoral ouest français : elle fait 53 morts, dont 35 en Vendée. Aucune victime sur La Pointe de L’Aiguillon. La surcote d’un mètre cinquante crée des inondations sans précédent, notamment dans l’estuaire du Lay, à L’Aiguillon-sur-Mer (Vendée).
> 15 mars 2011. Date limite fixée aux propriétaires situés en zone de solidarité pour accepter l’offre de rachat de l’État, avant enquête en vue de l’expropriation. En avril, le préfet de la Vendée avait en effet rendu publiques trois « zones noires », dites « zones de solidarité » dans lesquelles 241 maisons du secteur de La Pointe de L’Aiguillon devaient être détruites.
> Du 19 décembre 2011 au 27 janvier 2012. Enquête publique de l’État.
> Septembre 2012. Enquête complémentaire parcellaire de l’État.
> 25 janvier 2013. Arrêté par l’État de déclaration d’utilité publique des biens exposés au risque de submersion marine à L’Aiguillon-sur-Mer. L’État envoie aux propriétaires l’avis de cessibilité. L’expropriation, sur la commune de L’Aiguillon-sur-Mer, concerne 156 parcelles situées sur les secteurs du Génie, de La Prise-du-Bois et de La Pointe.
> Mardi 2 avril 2013. Me Laurent Lalacho, avocat à Airvault, dépose au tribunal administratif de Nantes les recours de 63 adhérents de l’Association amicale des résidants de La Pointe de L’Aiguillon-sur-Mer (Aarpa), contre la déclaration d’utilité publique et l’avis de cessibilité.

Sébastien Acker

11 réponses à to “Les  » Pointus  » de L’Aiguillon piqués au vif (lanouvellerepublique.fr)”

  • goldberg says:

    je viens de voir la photo de la destruction de la maison de mes parents décédés lors de la tempête ,rue des vignes.
    cela est très douloureux ,il y avait tant de souvenirs heureux en famille,avec leurs petits enfants.
    pourquoi tant de négligences ?

  • fauxfautais99 says:

    POUR NE PAS OUBLIER…

    (Photo prise le 27 novembre 2012)

  • fauxfautais says:

    POUR NE PAS OUBLIER…
    (Pointe d’Arcay, photo prise le 4 mai 2010)

  • fauxfautais99 says:

    POUR NE PAS OUBLIER…
    (photo prise le 11 janvier 2012)

  • FOURMENT says:

    Bildan: il semble qu’un petit côté anarchiste émerge dans ton dernier mail poutant plein de logique !
    le « Raymond » ,c’est pas un Pingouin dirait sa minette pourtant il nous a bien coxé lui aussi en excluant , au départ ,le cas par cas!!
    Si j’étais « pointu » ,je tenterai la pétition nationale ….(change.org)

  • fauxfautais99 says:

    POUR NE PAS OUBLIER…
    (photo prise le 20 aout 2011)

  • BILDAN says:

    Ce qu’il faut retenir de ces destructions faites ou restant prescrites, c’est que les travaux de mises en sécurité sont ou seront à faire, ce qui est en totale contradiction avec les règles de la loi Barnier.
    L’expropriation des biens et donc leur rachat n’a pas lieu d’être si les travaux nécessaire à la protection des mêmes biens est moins cher que le rachat par l’état pour destruction.
    Ici, à l’Aiguillon comme à La Faute, l’état rachète des maisons, ce qui ne l’exonère pas de faire les travaux de mise en sécurité.
    Notre pays à tellement de réserves financières que l’on peut bien se permettre ce genre de dépense en partie inutile.
    Combien de maisons ont été rachetées et détruites?
    Combien de maisons restent soumises au risque de submersion en absence de renforcement des digues?
    Peut-on vraiment ne consolider qu’une partie des digues pour protéger les maisons restantes?
    Pour racheter et détruire les maisons des zones de solidarité, l’Etat (donc nous) a dépensé plus de 100 millions d’Euros… Il s’apprête à augmenter cette facture pour les quelques maisons encore soumises à la règle absurde décidée dans la précipitation suite aux commentaires irréfléchis de « Raymond » comme l’appelle sa charmante épouse…
    Et par dessus le marché, il faut bien refaire les digues pour protéger les habitations qui n’ont pas subis les foudres « solidaires » du gouvernement.

    Tout ceci est encore aggravé par les différentes couches juridictionnelles qui font que les décisions prises par des autorités préfectorales ne peuvent pas être contestées sereinement en raison de calendriers judiciaires absurdes.
    Autorités qui sont équipées de boite aux lettres sans fond, personne ne répond au courrier (même envoyé en recommandé). La règle habituelle qui veut que « qui ne dit mot consent », est inversée car dans ce cas quand la préfecture ne répond pas c’est qu’elle dénie la question. Allez vous faire voir ailleurs…
    Les tribunaux sont eux aussi submergés, puisque toutes les questions n’ayant pas reçues de réponse de la préfecture se retrouvent devant les tribunaux.
    Il faut vite mettre les tribunaux hors de danger, ou bien les détruire!!!

  • gisèle arnault says:

    bon courage à vous les pointus, la photo de l’article est je n’ai pas de mots , bon courage

  • fauxfautais99 says:

    POUR NE PAS OUBLIER…
    (photo prise le 4 mars 2013)

  • brigitte says:

    Une très belle photo de la Dive redevenue une île…
    Mais là n’est pas le sujet de l’article. Si je comprends bien, le recours au TA ne serait pas suspensif?
    Encore bien des moments de stress pour les pointus. Bon courage.

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