De Alexandra TURCAT (AFP)
LES SABLES-D’OLONNE (France / VENDEE) — Trois ans après la tempête Xynthia, la justice a achevé son enquête sur les éventuelles responsabilités dans la mort de 29 personnes à La Faute-sur-Mer, en Vendée, ouvrant la voie à un procès très attendu par les victimes.
Des centaines d’auditions, cinq personnes et deux entreprises mises en examen: c’est au final un dossier de 22 tomes qui a atterri sur le bureau du procureur des Sables-d’Olonne, Thierry Dran, à qui revient désormais d’en faire la synthèse, un travail qui devrait lui prendre environ trois mois.
Le magistrat vendéen a confirmé à l’AFP la fin, annoncée en exclusivité par France Bleu Loire Océan vendredi, de l’information judiciaire ouverte après le drame, qui avait vu 29 habitants de La Faute piégés par les eaux dans leurs maisons le 28 février 2010.
Les parties civiles –plus d’une centaine de personnes– de cette information judiciaire pour « homicide involontaire », « mise en danger de la vie d’autrui », « abstention de combattre un sinistre » et « prise illégale d’intérêt », auront un mois pour émettre des observations une fois que le parquet aura rendu sa synthèse.
« C’est une étape importante, ça fait un bout de temps qu’on attendait ce moment là au niveau des parties civiles », a déclaré à l’AFP vendredi Renaud Pinoit, président de l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer et de ses environs (Avif). « C’est le début d’une nouvelle attente, celle d’une date pour le procès », a-t-il ajouté.
S’il n’y a pas d’imprévu, l’ordonnance de renvoi, si le juge d’instruction Yannick Le Goater décide d’en rendre une, n’interviendra pas avant la mi-août. Et dans ce cas, il ne faut pas attendre de procès Xynthia « avant mi-2014 au mieux », a indiqué M. Dran.
Douleurs et rancoeurs
Sur place, ce drame, qui a causé la mort de près de trente personnes sur une commune de 700 habitants, a laissé une empreinte très douloureuse, que l’enquête judiciaire a contribué à aviver.
En effet, parmi les cinq personnes mises en examen dans ce dossier figure le maire, René Marratier, deux de ses adjoints, ainsi qu’un promoteur immobilier local et un fonctionnaire de l’ancienne Direction départementale de l’Équipement. Deux personnes morales, les entreprises ayant construit les maisons situées dans la « cuvette mortifère », zone sous le niveau de la mer où ont été retrouvées la plupart des victimes, ont également été mises en examen.
A la demande de l’Etat, la zone pavillonnaire, qui était habitée en grande partie par des retraités qui avaient cru y trouver un logement abordable, a été rasée et nettoyée. Elle est désormais strictement inconstructible.
Les douleurs et les rancoeurs entre familles de victimes et soutiens du maire de la commune, qui estiment qu’il n’a rien à se reprocher, sont longtemps restées telles qu’il a fallu attendre le 3 mars dernier pour que se tienne une commémoration commune du drame. Celle-ci avait rassemblé quelque 400 personnes, élus, familles de victimes et autorités.
Les années précédentes, les familles de victimes avaient toujours refusé de commémorer le souvenir de leurs proches avec les élus ou les autorités.
Outre les tensions autour de la question des responsabilités, de nombreux habitants à La Faute et dans la commune voisine de L’Aiguillon-sur-Mer ont très mal vécu la procédure de vente à l’amiable, puis le cas échéant d’expropriations, décidée par l’Etat à la suite de la tempête sur les zones considérées comme submersibles.
L’Etat a racheté à l’amiable 688 maisons sur ces deux communes pour les détruire. En janvier a été déclarée d’utilité publique une procédure d’expropriation concernant dix maisons de La Faute-sur-Mer et 93 de L’Aiguillon, que leurs propriétaires ont refusé de céder.
« Il y a des choses qui de toutes façon ne s’effaceront pas », a souligné vendredi François Anil, un autre membre de l’Avif.
5 réponses à to “Xynthia: l’enquête est terminée, les victimes attendent un procès (AFP)”
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POUR NE PAS OUBLIER…
(Photo prise le 14 mars 2010)
« Nous voulons des réponses »
« Le maire de Charron de l’époque de Xynthia, Jean-François Faget, brisé par la tragédie qui s’était abattue sur sa commune, avait, lui, choisi de démissionner. »
http://www.sudouest.fr/2013/04/13/nous-voulons-des-reponses-1023640-710.php
POUR NE PAS OUBLIER…
(Photos prises les 11 et 12 mars 2010)
http://www.franceinfo.fr/justice/tempete-xynthia-l-instruction-est-bouclee-proces-en-2014-949787-2013-04-12
« Revoir les dégâts, dans ce diaporama sonore réalisé trois mois après le sinistre »
Trop facile, NON, il y a des choses qui ne s’effaceront pas.
Il ne s’agit pas de juger, il s’agit de ne pas oublier.
Puisque certains estiment avoir fait leur devoir, pourquoi OUBLIER ?
Que chacun assume ses actes.
Le procès permettra aux familles de SAVOIR et, peut-être, de COMPRENDRE.
J’attends que chacun exprime sous SERMENT devant un tribunal ce qu’il a fait, ou ce qu’il n’a pas fait.
Emotion …