Le juge d’instruction pointe la responsabilité des élus dans la mort de 29 habitants lors de la tempête à La Faute-sur-Mer (Vendée). Et dénonce une « urbanisation déraisonnable ».

29 morts, 47 blessés, 767 personnes évacuées : c’est le bilan de Xynthia à La Faute-sur-Mer. L’État a racheté et détruit 472 maisons pour un coût de 118 millions d’euros. (archives X. L.)
La mort de 29 habitants, hommes, femmes, enfants, le 28 février 2010 à La Faute-sur-Mer (Vendée), ne doit rien à la fatalité. L’inconséquence des élus locaux et de l’administration, le manquement aux règles les plus élémentaires de prudence, l’appétit des promoteurs les ont tués aussi sûrement que la tempête Xynthia qui, cette nuit-là, a noyé leurs maisons sous 5 mètres d’eau.
Telle est la conviction que s’est forgé le juge d’instruction olonnais Yannick Le Goater. Au terme de plus de trois ans d’investigations, il a décidé le renvoi devant le tribunal correctionnel pour « homicides involontaires » et « mise en danger délibérée de la vie d’autrui » de cinq personnes physiques et deux personnes morales : le maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, son adjointe à l’urbanisme, Françoise Babin, le fils de celle-ci, Philippe Babin, promoteur, un conseiller municipal, Patrick Maslin, et les deux sociétés de construction qu’il gère. Un fonctionnaire, Alain Jacobsoone, ancien directeur adjoint de l’équipement de la Vendée, complète le tableau.
« Permis irréguliers »
Les victimes de Xynthia habitaient des lotissements récents, construits en partie en zone inondable, sur une bande de sable coincée entre l’Océan et la rivière Lay. René Marratier et Françoise Babin sont poursuivis pour y avoir délivré 15 permis de construire irréguliers « qui ne respectaient pas les mentions obligatoires en matière de sécurité ».
Philippe Babin, lui, est mis en cause en tant que président de l’Association syndicale des marais, propriétaire de la digue sur le Lay, qui n’a pas résisté à l’assaut de la tempête. Un défaut d’entretien et de surveillance imputable également à Alain Jacobsoone, accusé de ne pas avoir alerté la mairie à la veille de Xynthia, « malgré la conscience qu’il avait du danger et du peu de fiabilité de la digue ».
Quant à Patrick Maslin, sa responsabilité est engagée dans la mort des quatre membres d’une même famille piégés par la montée des eaux dans une maison qu’il avait construite sans respecter les prescriptions d’urbanisme.
Zone inondable
Les élus savaient et ils n’ont rien fait. Tout au long des 148 pages de son ordonnance de renvoi aux accents de réquisitoire, le juge d’instruction pointe leur responsabilité. Ils ont favorisé la construction de lotissements dans ce qui allait devenir « la cuvette de la mort ». Ils ont combattu obstinément le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) que la préfecture a finalement imposé en 2007. Ensuite, ils n’en ont pas respecté les obligations, et notamment l’interdiction de construire des maisons de plain-pied dans le secteur. Ils ne pouvaient pas ne pas savoir, poursuit le juge, « que l’ensemble des lotissements situés derrière la digue Est étaient en zone inondable » et que cette même digue était « dans l’incapacité de remplir son rôle de défense ».
Conclusion, écrite en toutes lettres : les élus de La Faute-sur-Mer ont « privilégié les intérêts de développement économique de leur commune en favorisant une urbanisation déraisonnable ». Au mépris de la sécurité des habitants.
Laxisme
L’État aussi a failli. Le juge rappelle comment, en 2002, la première esquisse du PPRI avait classé inconstructibles les trois quarts de la commune. Et comment, deux ans plus tard, au terme d’« une sorte de marchandage » (sic) entre l’administration et la mairie, la zone rouge avait été réduite à une simple bande de 50 mètres le long de la digue. Le maire s’était alors engagé, en échange, à élaborer le plan communal de secours exigé par la préfecture. Ce qu’il n’a pas fait. L’absence de ce document s’est fait cruellement sentir le 28 février 2010.
Le procès est programmé sur quatre semaines à la mi-septembre 2014. Les prévenus auront, face à eux, pas moins de 92 parties civiles, les familles des victimes et leur association, l’Avif.
21 réponses à to “Victimes de la tempête Xynthia : la responsabilité des élus pointée du doigt (Sud Ouest)”
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C’est affreux pour tous les pointus, comme ça l’a été pour les Fautais.
Attention particulièrement aux Pointus âgés qui ont toujours vécu là… C’est un vrai risque d’effondrement et de santé pour eux.
Du courage il y en a , se qui serait bien , c’est du soutien ! Preneur de toutes les idées qui ferait parler de notre engagement et notre combat !
Bon courage aux « pointus » il va leur en falloir
Ca y est , les Pointus reçoivent leurs lettres recommandées notifiant l’ordonnance d’expropriation:
Le rouleau compresseur avance, malgré tout……
Imaginez le moral des Pointus….
POUR NE PAS OUBLIER…
(Photos prises les 13 et 14 mars 2010)
Je pense aujourd’hui aux milliers de victimes du typhon Haiyan qui s’est abattu sur les Philippines. Effroyable.
POUR NE PAS OUBLIER…
(Photo prise le 2 mai 2010 à l’Aiguillon)
C’est bien de lever la confusion François.
Quant à faire de RM la victime de l’Avif (Ca c’est dit !!??) c’est une lourde faute contre la vérité, la morale et une méconnaissance complète du fonctionnement de la justice en France…
« Les prévenus auront, face à eux, pas moins de 92 parties civiles, les familles des victimes et leur association, l’Avif. »
C’EST COMPLETEMENT FAUX
Grave méconnaissance du Droit Pénal de ce journaliste.
Les prévenus auront, face à eux, LE MINISTERE PUBLIC.
C’est lui qui a déclenché l’enquête, lui qui a mené les investigations, lui qui a fait un réquisitoire, auquel le Juge d’Instruction a donné suite.
Les parties civiles ont eu juste accès au dossier par l’intermédiaire de leurs avocats.
Le statut de partie civile permet de se faire reconnaître comme VICTIME d’une éventuelle infraction.
La reconnaissance de cette infraction appartient au Tribunal, le requisitoire contre les prévenus appartient au Ministère Public.
Ne pas inverser les rôles entre les PREVENUS et les VICTIMES
Dominique, … Ordonnance de Renvoi devant le Tribunal Correctionnel: ORTC, cqfd
C’est quoi l’ORTC , j’ai juste trouvé Office de Radio Television Comorien ?
Ce journal a eu accès à l’ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel.
L’article a pour conséquence de lancer la polémique un an avant le procès.
Ne pas oublier réalité: l’ORTC s’appuie sur le dossier d’instruction qui, lui, relate la TOTALITE des faits.
Qui avait intérêt à lancer la polémique ?
Restez calmes …le temps viendra !
Passé le premier moment, je me demande pourquoi cet article a été écrit dans Sud ouest et non dans Ouest France. Par ailleurs, qui signe cet article qui semble reprendre les arguments du juge d’instruction qui ont justifié le renvoi ?
Je comprends que les familles soient émues de lire cet article, car les choses qui sont si déniées par d’autres, sont comme enfin réelles. Mais, de fait, ça pose la question de l’origine de ces informations….
POUR NE PAS OUBLIER…
(Photo prise le 4 mars 2010 par D.B.)
@ Kiwi,
ne regarde pas les commentaires ignobles…Ce serait leur donner trop d’importance.
Ignore les , évitons de les relayer car c’est ce qu’ils attendent.
Bien à vous.
http://www.catnat.net/reglementation/veille-reglementaire/16840-la-responsabilité-des-élus-pointée-du-doigt-pour-les-morts-de-la-tempête-xynthia
Le mercantilisme peut tuer …Sans état d’âme …..
Pitoyable !!!
alors ne dis rien Chantal, et surtout sèche tes larmes, on en verra la fin un jour ou l’autre, courage
je n’ai pas de mots pour dire ce que je ressents!!!
Ca fait du bien de voir les choses clairement énoncées . Il faudrait photocopier l’article et le mettre dans les boites au lettres de tous les Fautais …
Je me souviens que du temps de l’écho Fautais, même les partisans de Maratier le lisait et était d’accord !
va plutôt voir les commentaires du sud ouest sur cet article et cela te donnera un aperçu de ce que nous allons traverser comme conneries au moment du procès, on sent sur ceux ci que nous les côtiers ont est privilégié alors de quoi se plaindre. Il est aussi intéressant de suivre l’évolution du site de « la vigie à Brétignolles » René à côté c’est de la gnognotte . J’en quite un pour retrouver pire!!!
La vigie se bat contre le port et site souvent notre site de la fautesurmer.net comme exemple. En tous cas Sud ouest n’a pas de barrière et ne mâche pas ses mots c’est même étonnant alors qu’il va y avoir un procès de s’engager autant sans crainte de représailles. Ce journal a tout compris.
Bon, et bien voilà un tableau terrifiant de la situation crée par cette municipalité. Depuis le temps qu’on le dit…
L’attitude de constant défi de RM à l’égard de la loi, et des Institutions supposées la garantir, trouve aujourd’hui ses limites, celles des sanctions probables.
On apprend une négociation avec l’Etat lourde de conséquences. Négociation ahurissante, quand on y pense. On aimerait que ces Préfets répondent de leurs actes devant la justice. Mais ça ne dédouane en rien RM et ses adjoints des leurs.
Ça ne dédouane en rien non plus les conseillers municipaux qui ont joué les caisses enregistreuses des décisions d’un type autoritaire, dénué du moindre sens de la démocratie, et totalement narcissique ( voir entre autres les dernières réunions du CM).
Enfin, il est urgent de retirer aux maires leurs prérogatives en matière d’urbanisme. A la Faute et ailleurs, des maires mettent en danger de mort leurs administrés pour être élus à nouveau. Les organisations mafieuses, c’est à dire les organisations où tout le monde se serre les coudes et se tient par la barbichette, sont légions et se sont répandues comme vérole sur le bas clergé en même temps que se répandaient le libéralisme et les attaques sur le centralisme étatique !
@Frédéric.
Je comprends ta fureur. Il y a de quoi. D’autant que ne doutant de rien, comme tu le dis, il est quasi certain que RM annoncera son intention de se représenter aux élections de mars.
représenter aux élections de Mars… Narcissique et pas une once de pudeur !