En se basant sur des événements climatiques passés comme Xynthia, des chercheurs se sont demandés si l’on pouvait anticiper les coûts des futures tempêtes

‘il semble compliqué de prévoir les événements climatiques, peut-on au moins prévoir les coûts des dommages liés aux submersions marines et aux vagues lors des tempêtes ? C’est la question à laquelle souhaitait répondre l’équipe qui a travaillé de 2010 à 2013, sur le projet Johanna, du nom de la tempête qui a frappé la Bretagne le 10 mars 2008.
« Pour la tempête Xynthia, 60 % des dommages d’inondations assurés, concernent les biens de particuliers »
Menée par le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et cofinancée par laFondation Maif et le BRGM, cette étude avait pour objectif de faire avancer la connaissance des dommages causés aux habitations.
Elle s’est basée sur les données d’assurances (Maaf, Maif, Axa) de deux tempêtes : Johanna et Xynthia, qui a durement frappé la Charente-Maritime les 27 et 28 février 2010. « Pour Xynthia, 60 % des dommages d’inondation assurés concernent les biens de particuliers », écrit Camille André dans sa thèse, qui fait partie du projet Johanna.

« Intensité, durée, exposition… Chaque tempête a ses caractéristiques et nous n’avons pas étudié assez de tempêtes historiques, il nous faudrait plus d’exemples », souligne Charlotte Vinchon, chef de projet au BRGM. « Nous ne pouvons pas modéliser les phénomènes climatiques« , renchérit le directeur de la Fondation Maif Marc Rigolot.
Sens et force du vent, hauteur d’eau, débit du courant, durée d’immersion, hauteur et période des vagues, présence de polluants dans l’eau etc. sont autant d’éléments qu’il semble très compliqué de prédire à l’heure actuelle.

Si le projet Johanna n’a donc pas permis d’établir une typologie en fonction des caractéristiques des tempêtes, il a tout de même aidé à identifier desparamètres qui ont un impact important sur les dégâts. Du moins les dégâts liés à la submersion et au choc des vagues, phénomènes qui sont plus que jamais d’actualité après le rude hiver qui a frappé la côte atlantique.
- « Des politiques d’aménagement surprenantes »
« La submersion et les inondations ne sont pas des phénomènes exceptionnels », note Marc Rigolot. « Mais ils entraînent des coûts de plus en plus élevés ». La faute à « un problème d’occupation du territoire et à des politiques d’aménagement surprenantes », estime-t-il. « Sous prétexte de développement économique du territoire, certaines maisons étaient à des endroits dans lesquels elles n’auraient jamais dû se trouver, note-t-il. Il suffit de regarder dans le rétroviseur pour le savoir. Si ces zones n’ont jamais été construites par les anciens c’est pour une bonne raison. »

Selon le directeur de la Fondation Maif, il convient d’agir en priorité sur cette « démission de responsabilité, qui consiste à faire payer au collectif des prises de risques individuelles. Aujourd’hui, on construit en se disant que de toute manière l’assurance paiera les pots cassés« , regrette-t-il. Il prône donc un durcissement des règles de construction en zones inondables, un sujet très sensible. « Sinon les assurances ne cesseront d’augmenter pour couvrir l’augmentation des coûts liés aux tempêtes ».
- Des matériaux particulièrement vulnérables
Autre élément à prendre en compte dans le cas de constructions en bord de mer : le choix de matériaux trop sensibles à l’eau salée, qui cause bien plus de dégradations que l’eau douce. Ainsi le second oeuvre (et en particulier les cloisons) a payé un lourd tribut. « Aujourd’hui on construit vite, à moindre coût, et dans des matériaux qui ne valent rien », déplore Marc Rigolot.
Selon les conclusions de la thèse de Camille André, mieux vaut, par exemple, privilégier les cloisons en briques ou en carreaux de plâtre sans armatures, qui ont nettement moins souffert des infiltrations d’eau salée que les cloisons de type « panneaux en plâtre ». Car dans ce cas, les infiltrations ont été jusqu’àprovoquer la corrosion des installations électriques. Du côté des menuiseries extérieures, les installations en bois ont mieux tenu le choc que celles en PVC, qui contiennent des éléments métalliques.
- Des aménagements à revoir
« Dans la mesure du possible, il ne faut pas aménager son rez-de-chaussée », martèle Charlotte Vinchon, du BRGM. La maison idéale en bord de mer (mais pas trop près donc) est donc une maison à étage et/ou avec un sous-sol. Pour bien faire également, en zone inondable, il faudrait que le système électrique soit placé le plus haut possible dans les murs. A bannir également, le chauffage au sol.

Un autre élément marquant de la tempête Xynthia, outre les très importants dégâts matériels, est qu’elle a provoqué la mort de 59 personnes. Marc Rigolot, directeur de la Fondation Maif plaide lui pour l’installation de sorties par le toit, par exemple, afin de limiter les drames humains. « mais il ne s’agit pas que chacun fasse de petits arrangements dans son coin », souligne toutefois Charlotte Vinchon.
- Un pas vers la mise en place de modèles reproductibles ?
Dans le meilleur des mondes, ces données pourraient aider à mettre en place des réglementations pour protéger les personnes et les biens qui vivent dans des zones plus ou moins inondables. « Elles vont en tous cas nous permettre de peser dans le débat et de faire de la pédagogie« , estime Marc Rigolot.
Si l’analyse de ces données « permet d’émettre des recommandations en termes de prévention individuelle et d’aménagement urbain en zone de risque », tout ne peut toutefois pas être appliqué à tout le littoral.
Sur la côte aquitaine par exemple, plus que la submersion, c’est l’érosion qui a provoqué des dommages cet hiver. Or lors de la tempête Xynthia, le choc des vagues a eu moins de conséquences que les inondations. « D’autant qu’en Aquitaine, il y a des dunes, contrairement à la Charente-Maritime », relève Charlotte Vinchon. « Il faudrait donc plus d’exemples » pour créer une typologie en fonction des caractéristiques des tempêtes.

4 réponses à to “Intempéries : peut-on prévoir et limiter les coûts des futures tempêtes ? (Sud Ouest)”
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A Jaquotte
Désolée mais j’ai oublié de vous dire que détruites ou dévastées cela a une importance de taille et le résultat n’est pas le même. Si les maisons avaient été détruites par la tempête, il y aurait eu plus de victimes encore parce que détruite = cassées, écroulées, des tas de gravas alors que dévastées implique que seul l’intérieur des dites maisons était détruit et vous le dites très justement, le placoplâtre ne résiste pas aux coups des meubles dans les cloisons.
Soyons précises voulez-vous.
Jacquotte, permettez-moi de sourire gentiment. Votre exemple ne me semble pas pertinent car vous parlez …. d’une maison à étage de très bonne qualité où seul le terrain a été inondé et qui était toute fissurée entre les 2 niveaux … et là votre démonstration ne tient plus puisque vous expliquez que ces dégâts ont été causés … du fait des pompages intensifs qui ont déplacé le sable sur lequel elle était construite. Je ne doute pas de la véracité de ces faits, mais le pompage n’a tout de même pas été fait par Xynthia mais bien par les hommes afin d’évacuer les eaux bloquées par la digue. Enfin je vous dirai encore que si les maisons devaient être détruites parce que trop fragilisées, les propriétaires étant assurés, ce sont les assurances qui auraient payé les démolitions et la roue de la répartition des coûts des dommages par corps d’état pour les catégories de sinistres au bâtiment principal ferait apparaitre un pourcentage bien plus important puisqu’il y aurait eu reconstruction de ces bâtiments. Pardon, mais je suis une vieille bourrique et plus têtu que moi, je ne connais pas !
Détruites dévastées quelle importance ,le résultat est le même.
pour moi si le faible pourcentage dû aux structures est si faible,c’est justement parce qu’elles étaient si atteintes qu’il ne fallait pas les réparer.Je connais le cas d’une maison à étage de très bonne qualité où seul le terrain a été inondé et qui était toute fissurée entre les 2 niveaux du fait des pompages intensifs qui ont déplacé le sable sur lequel elle était construite. je pense que ce n’est pas un cas isolé.
Méfions nous des conclusions hatives dans un sens comme dans l’autre.seuls les experts peuvent trancher.
Je reviens sur le commentaire accompagnant la première image illustrant cet article fort intéressant par ailleurs.
Il est indiqué que « Lors du passage de Xynthia, en 2010, des maisons ont été entièrement détruites » Je trouve le terme de « détruites » tout à fait inadéquat, mensonger et donc dangereux. Le terme de « dévastées » eut été plus approprié, il me semble.
Certes des maisons ont été détruites, mais ultérieurement et nous savons tous que ces maisons n’avaient structurellement pas souffert de Xynthia.Je n’en veux pour preuve que le schéma de la répartition des coûts des dommages par corps d’état pour les catégories de sinistres au bâtiment principal, soit 2% de ces coûts.
Quitte à dire et écrire quelque chose, autant ne pas raconter n’importe quoi, la vérité se suffit à elle même.