Archive pour le 11 septembre 2014

La vie d’Elisabeth et de ses proches a été dévastée par le drame. Elle reste discrète et digne : « Je n’ai pas à faire supporter »

Les conséquences de la tempête Xynthia ont été terribles pour l’Angevine Elisabeth Tabary. A La Faute-sur-Mer, en ce 28 février 2010, elle a tout perdu : des êtres chers – son mari et son petit fils – sa maison… et son avenir. Nous l’avons rencontrée à quelques jours de l’ouverture du procès qui se déroulera aux Sables-d’Olonne à partir de lundi. Partie civile, elle témoignera le 23 septembre en fin de journée.

Martine Vaillant-Prot

► La maison de famille à La Faute

« Je connais La Faute-sur-Mer depuis mon enfance. Mon père ancien militaire, médecin-chef à la sécu à Angers qui a exercé auparavant en Deux-Sèvres, avait acheté une maison de famille à La Faute-sur-Mer. Elle appartient aujourd’hui à ma sœur Annette. J’y ai passé toutes mes vacances.

J’ai connu mon mari à Angers en 1967, l’année où je terminais mes études d’infirmière. J’ai travaillé pendant dix ans à Saint-Léonard, trente ans au Louroux-Beconnais puis à nouveau à Angers. J’étais cadre de santé à la Maison d’enfants des Capucins et à la Maison de convalescence du Chillon.

A partir de 2001, j’avais un logement de fonction à Angers et je faisais l’aller-retour chaque semaine à La Faute (jusqu’à mon départ à la retraite fin 2006). Nous y avions acheté en 1971 une maison rue des Courlis, qui est alors devenue notre résidence principale.

Ma mère et ma sœur vivent toujours à Angers. Mon fils et ma belle-fille qui  habitent à Paris,  s’y sont mariés. Leur petit garçon y est enterré ».

► Le drame

« Les enfants – mon fils et ma belle-fille – étaient descendus à La Faute. Ils nous laissaient Raphaël, notre petit-fils de deux ans et demi, pour huit jours. Ils occupaient la chambre à l’étage, accessible par l’extérieur. Nous avions gardé le petit avec nous, en bas, pour qu’il s’habitue à son environnement.

Dans la nuit, la tempête était impressionnante. Quand l’eau est entrée partout dans la maison, mon mari m’a dit « la digue a pété, on est foutu ». L’eau est montée jusqu’à 1,90 m. Il s’est noyé. J’avais mon petit fils dans les bras ».

Raphaël est mort de froid, Elisabeth se laisse couler. « Je voulais mourir aussi ».

« Les enfants là-haut n’ont pas entendu ce qui se passait en bas. Quand mon fils m’a récupérée – j’ai été conduite au gymnase – je criais, j’étais délirante. J’ai été transportée à l’hôpital de La Roche-sur-Yon. Je suis tombée dans le coma.

J’ai fait un infarctus et un œdème pulmonaire.

Le petit a été porté disparu pendant deux jours. Mon fils l’a cherché dans chaque recoin de la maison. Ce sont les pompiers qui l’ont retrouvé, à l’endroit où je l’avais déposé mais mon message ne leur a pas été transmis. J’avais très peur qu’il disparaisse avec la marée et qu’on ne retrouve jamais son corps.

J’ai reconstitué la nuit du drame par morceaux, grâce à mes proches, aux secours et aux voisins ».

► Les jours qui ont suivi

« Il y a l’hôpital, l’enterrement de mon mari, de mon petit-fils, une maison dévastée.

Le chien s’est laissé mourir, le chat ne quittait plus le dessus de l’armoire…

Le bateau du voisin était arrivé dans notre jardin. Notre voiture a été déplacée par la force de l’eau. Nous avons retrouvé des papiers administratifs d’un monsieur décédé, chez nous, alors que des dossiers nous appartenant ont été découverts cinq maisons plus loin.

Je n’avais plus rien. J’étais SDF.


J’ai voulu mettre fin à mes jours. J’ai appelé à l’aide.

Je souffre encore d’amnésie. J’occulte ma vie d’avant. Le psychothérapeute qui me suit, dit que c’est une façon de me protéger.

Je suis devenue insomniaque. Je n’ai pas d’avenir. Je vis au jour, le jour.

Très vite, je suis quand même entrée en action. Dès que j’avais une info, je prévenais les autres victimes.

Je continue à vivre et pourtant cette existence est brisée. A jamais. Je ne suis plus la même. Ma famille non plus. »

Impossible de capturer aisément la vidéo, vous pouvez la voir en cliquant sur ce lien http://pluzz.francetv.fr/videos/jt20h_,108810565.html et cliquez pour aller à la minute 25 du journal.

 

La justice se prépare à un procès-fleuve de cinq semaines pour déterminer les responsabilités dans le drame du 12 décembre 2010 qui avait fait 29 morts.

Des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d'interdiction, que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l'époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014.
Des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d’interdiction, que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l’époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014. © FRANK PERRY / AFP

Près de cinq ans après le passage de la tempête Xynthia à La Faute-sur-Mer (Vendée), la justice va tenter à partir de lundi de mettre en lumière les erreurs qui ont conduit à la mort de vingt-neuf habitants, logés dans des zones qui auraient dû être inconstructibles. Jusqu’au 17 octobre, c’est un procès-fleuve de cinq semaines qui se tiendra aux Sables-d’Olonne, avec plus de cent vingt parties civiles attendues. Le jugement sera rendu le 12 décembre, près de cinq ans après le drame du 28 février 2010. « Nous attendons des réponses à nos questions », affirme Renaud Pinoit, président de l’association des victimes, l’Avif. « Pourquoi il y a eu 2,80 mètres d’eau dans certaines zones de La Faute ? Pourquoi vingt-neuf morts dans un si petit secteur ? Pourquoi n’avons nous pas été prévenus de cette tempête correctement ? » Les victimes et leurs familles veulent « que ça ne se reproduise plus », affirme-t-il.

Une cinquantaine de parties civiles vont venir témoigner à la barre lors des deux premières semaines de procès. « Ça va être une épreuve assez compliquée, on sera là pour se soutenir les uns les autres », assure Renaud Pinoit. « Très peu de personnes sont restées à La Faute », explique-t-il, « il y a même des gens qui ne veulent plus habiter sur le littoral parce que le bruit de l’eau leur fait peur ».

La zone inondée aurait dû être classée inconstructible

Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, une conjonction de phénomènes engendrés par la tempête Xynthia avait provoqué la submersion d’une digue et inondé des dizaines de maisons, construites dans une zone qui aurait dû être classée rouge, donc inconstructible, sur cette commune située sur une langue de terre coincée entre l’océan et l’estuaire du Lay. Les victimes, principalement des retraités, qui ignoraient pour la plupart le danger qui les menaçait, ont péri noyées, surprises en pleine nuit par la montée des eaux, emprisonnées dans leur maison ou emportées par les torrents boueux. Sur ces terrains, des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d’interdiction, que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l’époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014.

Ces terrains, dont certains appartenaient à sa première adjointe à l’Urbanisme, Françoise Babin, étaient notamment commercialisés par le fils de celle-ci, Philippe Babin, propriétaire d’une agence immobilière… Et aussi président de l’association chargée de l’entretien et de la surveillance des digues submergées la nuit de la catastrophe par la montée des eaux. La plupart des maisons construites dans ces nouveaux lotissements l’ont été par les entreprises de Patrick Maslin, aussi conseiller municipal et membre de la commission urbanisme de la commune.

Ce procès doit avoir « une valeur exemplaire »

Ils sont tous les quatre poursuivis pour homicides involontaires aggravés et mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. Ils encourent cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Lors de l’audience, René Marratier « veut pouvoir dire sa vérité », « il veut pouvoir répondre publiquement de ses actes, répondre aux accusations », a assuré à l’AFP son avocat, Antonin Lévy. « Il regrette que l’on ne lui ait pas dit clairement, que l’on ne lui ait pas expliqué simplement que des gens risquaient de mourir » s’il n’appliquait pas les mesures réclamées par les autorités, a assuré Me Lévy. Les quatre premiers prévenus seront dans le box avec Alain Jacobsoone, à l’époque directeur départemental adjoint des Territoires et de la Mer, poursuivi pour homicides involontaires aggravés pour avoir négligé d’alerter le maire sur les dangers de la tempête qui s’annonçait.

Ce procès doit avoir « une valeur exemplaire », souligne l’ancienne ministre Corinne Lepage, avocate de l’Avif et de cent vingt parties civiles. Les parties civiles « veulent que les choses soient dites », affirme-t-elle, tout en soulignant dans cette affaire la « faiblesse de l’État », qui n’a pas su imposer à la commune des mesures pour éviter les constructions à risque.

 

Lundi prochain, le tribunal correctionnel des Sables d’Olonne devra déterminer les responsabilités dans ce que le Premier ministre de l’époque François Fillon qualifia de « catastrophe nationale ». Il y a 4 ans et demi, la tempête Xynthia faisait 29 morts sur le seul territoire de la Faute-sur-mer en Vendée. Dans cette commune, des maisons étaient sorties de terre en dépit des mesures de précaution les plus élémentaires.

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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