La justice se prépare à un procès-fleuve de cinq semaines pour déterminer les responsabilités dans le drame du 12 décembre 2010 qui avait fait 29 morts.
Près de cinq ans après le passage de la tempête Xynthia à La Faute-sur-Mer (Vendée), la justice va tenter à partir de lundi de mettre en lumière les erreurs qui ont conduit à la mort de vingt-neuf habitants, logés dans des zones qui auraient dû être inconstructibles. Jusqu’au 17 octobre, c’est un procès-fleuve de cinq semaines qui se tiendra aux Sables-d’Olonne, avec plus de cent vingt parties civiles attendues. Le jugement sera rendu le 12 décembre, près de cinq ans après le drame du 28 février 2010. « Nous attendons des réponses à nos questions », affirme Renaud Pinoit, président de l’association des victimes, l’Avif. « Pourquoi il y a eu 2,80 mètres d’eau dans certaines zones de La Faute ? Pourquoi vingt-neuf morts dans un si petit secteur ? Pourquoi n’avons nous pas été prévenus de cette tempête correctement ? » Les victimes et leurs familles veulent « que ça ne se reproduise plus », affirme-t-il.
Une cinquantaine de parties civiles vont venir témoigner à la barre lors des deux premières semaines de procès. « Ça va être une épreuve assez compliquée, on sera là pour se soutenir les uns les autres », assure Renaud Pinoit. « Très peu de personnes sont restées à La Faute », explique-t-il, « il y a même des gens qui ne veulent plus habiter sur le littoral parce que le bruit de l’eau leur fait peur ».
La zone inondée aurait dû être classée inconstructible
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, une conjonction de phénomènes engendrés par la tempête Xynthia avait provoqué la submersion d’une digue et inondé des dizaines de maisons, construites dans une zone qui aurait dû être classée rouge, donc inconstructible, sur cette commune située sur une langue de terre coincée entre l’océan et l’estuaire du Lay. Les victimes, principalement des retraités, qui ignoraient pour la plupart le danger qui les menaçait, ont péri noyées, surprises en pleine nuit par la montée des eaux, emprisonnées dans leur maison ou emportées par les torrents boueux. Sur ces terrains, des lotissements avaient poussé, sans tenir compte des mesures de précaution, voire d’interdiction, que les autorités réclamaient depuis des années au maire de l’époque, René Marratier, élu de 1989 à mars 2014.
Ces terrains, dont certains appartenaient à sa première adjointe à l’Urbanisme, Françoise Babin, étaient notamment commercialisés par le fils de celle-ci, Philippe Babin, propriétaire d’une agence immobilière… Et aussi président de l’association chargée de l’entretien et de la surveillance des digues submergées la nuit de la catastrophe par la montée des eaux. La plupart des maisons construites dans ces nouveaux lotissements l’ont été par les entreprises de Patrick Maslin, aussi conseiller municipal et membre de la commission urbanisme de la commune.
Ce procès doit avoir « une valeur exemplaire »
Ils sont tous les quatre poursuivis pour homicides involontaires aggravés et mise en danger d’autrui par violation manifestement délibérée d’une obligation réglementaire de sécurité ou de prudence. Ils encourent cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Lors de l’audience, René Marratier « veut pouvoir dire sa vérité », « il veut pouvoir répondre publiquement de ses actes, répondre aux accusations », a assuré à l’AFP son avocat, Antonin Lévy. « Il regrette que l’on ne lui ait pas dit clairement, que l’on ne lui ait pas expliqué simplement que des gens risquaient de mourir » s’il n’appliquait pas les mesures réclamées par les autorités, a assuré Me Lévy. Les quatre premiers prévenus seront dans le box avec Alain Jacobsoone, à l’époque directeur départemental adjoint des Territoires et de la Mer, poursuivi pour homicides involontaires aggravés pour avoir négligé d’alerter le maire sur les dangers de la tempête qui s’annonçait.
Ce procès doit avoir « une valeur exemplaire », souligne l’ancienne ministre Corinne Lepage, avocate de l’Avif et de cent vingt parties civiles. Les parties civiles « veulent que les choses soient dites », affirme-t-elle, tout en soulignant dans cette affaire la « faiblesse de l’État », qui n’a pas su imposer à la commune des mesures pour éviter les constructions à risque.
5 réponses à to “La Faute-sur-Mer : cinq ans après Xynthia, le procès s’ouvre lundi (AFP)”
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Tempête Xynthia : « ils sont tous morts là-bas »
http://www.europe1.fr/societe/tempete-xynthia-ils-sont-tous-morts-la-bas-2228993
Xynthia : le scénario de la catastrophe (France 2)
https://www.facebook.com/video.php?v=794528337237407
La Faute-sur-Mer : un procès aux enjeux nationaux (La gazette des communes)
http://www.lagazettedescommunes.com/264332/la-faute-sur-mer-un-proces-aux-enjeux-nationaux/
http://www.courrierdelouest.fr/actualite/angers-je-voulais-mourir-aussi-le-temoignage-dune-angevine-apres-xynthia-11-09-2014-183137
RM veut nous expliquer que personne ne lui avait dit que construire en dessous du niveau de la Mer était dangereux, et qu’une zone inondable est… inondable ! Si c’est sa ligne de défense, ce sera passionnant d’écouter un maire n’écoutant jamais personne, ni aucun conseil nous faire le coup du pauvre Armand qui comprenait pas bien son boulot ! Ça promet !…