Archive pour le 17 septembre 2014

En ce 3e jour de procès, la parole a été donnée aux Dr Laurent Boidin, médecin légiste, et Ronan Orio, psychiatre. Des témoignages éloquents sur ce qu’on vécu les victimes.

Le docteur Laurent Boidin (à gauche), médecin légiste, et le docteur Ronan Orio (à droite), psychiatre, ont livré une analyse poignante du drame.
Le docteur Laurent Boidin (à gauche), médecin légiste, et le docteur Ronan Orio (à droite), psychiatre, ont livré une analyse poignante du drame.

Chacun dans leur témoignages, les deux médecins ont fait le distinguo entre les victimes décédées et les victimes survivantes.

Le docteur Boidin a commencé par décrire le processus de noyade, cause de la mort des 29 victimes.“Les constatations médico-légales ont montré sur 26 des personnes décédées une coloration bleutée de la peau synonyme de cyanose ainsi que la présence d’un champignon de mousse (au niveau de la bouche et du nez) caractéristique de la noyade. Pour les trois autres victimes, aucun élément ne permettait de ne pas retenir la noyade comme cause de la mort”. L’absence de symptômes laisserait penser à un processus de noyade plus rapide. Laurent Boidin et sa collègue le docteur Anne-Elisabeth Rocard sont intervenus sur place, à La Faute-sur-Mer, au moment du drame.“Dès le dimanche 28 nous avons examiné 15 victimes, 12 le lundi, une le mardi et une dernière le mercredi”. Lors de ces examens, ils ont pu observer des lésions cutanées sur un certain nombre de corps : sur les mains, les doigts, les fesses, les coudes, les genoux… “Ce sont des signes de mouvements de lutte. Pour 26 d’entre eux, ces lésions sont apparues importantes.”. Le médecin légiste poursuit son discours parlant notamment de la façon dont étaient habillées les victimes. Celles restées en tenue de nuit et qui donc n’ont pas eu le temps de réagir et les autres… Celles qui avaient eu le temps de se changer, tout du moins d’enfiler un pantalon, une veste. En bref, celles qui ont essayé de s’en sortir sans y parvenir.

Dans la salle d’audience, parmi les parties civiles, l’émotion est palpable. Certaines informations sont difficiles à entendre. Notamment au moment de l’intervention du docteur Ronan Orio. Le psychiatre n’est pas intervenu lors de la catastrophe mais c’est un phénomène qu’il connaît bien. Il a notamment été rattaché à la cellule de crise du ministère des Affaires Étrangères lors du tsunami en Thaïlande en 2004 et de l’ouragan Katrina aux Etats-Unis en 2005. Dès le début de son témoignage, il n’y est pas allé par quatre chemins : “Les victimes de noyades lors de ces phénomènes sont mortes dans des conditions particulièrement violentes, horribles, monstrueuses, indicibles. Il n’y a pas de vocabulaire pour décrire ce genre de situation”. Cette réalité atteint les proches des victimes en plein coeur. Le moment est pesant.

6 infarctus, 403 prescriptions d’anti-dépresseurs

Les victimes de Xynthia ne se résument malheureusement pas aux 29 morts. Il y a tous les survivants. Ceux qui aujourd’hui souffrent d’un stress post-traumatique et qui se réveillent chaque nuit à 3 heures. Le docteur Boidin révèle que plusieurs tentatives de suicide ont été commises par certaines de ces victimes.“Il y a eu également des manifestations physiques à savoir des infarctus du myocarde chez six habitants de La Faute ou L’Aiguillon-sur-Mer dans la semaine qui a suivi Xynthia et qui ont été hospitalisés au CHD de La Roche-sur-Yon”, se souvient le médecin. D’autres personnes touchées par un infarctus ont été admises dans d’autres établissements et n’ont pas été comptabilisées. Autre “effet secondaire” à Xynthia : la délivrance inhabituelle de psychotropes, anxiolytiques et autres anti-dépresseurs au nombre de 403.

Et il y a tous les syndromes qui sont nés suite au traumatisme. A commencer par celui du survivant. Les proches de personnes décédées se demandant pourquoi eux s’en sont sortis. Puis vient le sentiment de culpabilité “pourquoi je n’ai pas fait ça ?”, “pourquoi ai-je fait installer des volets roulants électriques ?”, etc. Il y a ensuite le sentiment de délaissement total, d’abandon. “La commune de La Faute et les victimes ont connu tout de suite après le drame une hypermédiatisation décérébrante, déclare le psychiatre. Et, quasiment du jour au lendemain, plus rien”. L’énorme compassion des premiers jours s’essouffle. “La décision de destruction des maisons sans la consultation des propriétaires a fait que ceux-ci se sentent encore plus dépossédés de la situation”.

Selon le docteur Orio, “ce procès va être primordial” pour les victimes. “Elles ont besoin d’être entendues, de se dire que toutes ces morts ont un sens, qu’on tiendra compte de ce genre d’événement dans le futur”. Quant à la colère, elle est “le signe que la personne est sur la voie de la guérison”

Les Sables-d’Olonne, 85

René Marratier a reconnu pour la première fois ne pas avoir assez bien informé les habitants des risques d’inondation avant le passage de la tempête.
René Marratier arrive au tribunal des Sables-d'Olonne le 14 avril 2011.René Marratier arrive au tribunal des Sables-d’Olonne le 14 avril 2011. © FRANK PERRY / AFP

L’ancien maire de La Faute-sur-Mer René Marratier a reconnu mercredi pour la première fois ne pas avoir assez bien informé les habitants des risques d’inondation avant le passage de la tempête Xynthia, lors du procès du drame qui a coûté la vie à 29 personnes le 28 février 2010.

« Il n’y a sans doute pas eu assez d’information »

« Effectivement, il n’y a sans doute pas eu assez d’information », a-t-il reconnu devant le tribunal, interrogé sur son avis concernant l’information fournie aux habitants sur ces risques d’inondation. « Non, c’est évident », a-t-il reconnu. « J’ai considéré que l’information était véhiculée, que les populations étaient conscientes » du risque en raison de la situation géographique de la commune sur une presqu’île coincée entre l’océan Atlantique et l’estuaire du Lay, a-t-il expliqué. Il a souligné avoir communiqué sur ces risques avec certains de ses administrés, mais sans plus. Pour lui « s’il y avait des risques, je pensais que l’on pouvait les surmonter ».

Indignation

Il y avait bien un petit livret d’information sur les risques, qui avait vocation à être distribué aux habitants… Mais il est resté sur le comptoir de la mairie. Le maire a alors expliqué avoir pensé que quelqu’un de la mairie se serait chargé de le distribuer ou de le mettre en ligne sur le site de la commune, provoquant l’indignation des parties civiles.

Cinq prévenus, dont l’ancien maire de la commune, mais aussi deux entreprises, comparaissent principalement pour homicides involontaires dans ce procès auquel participent plus de 120 parties civiles, qui ne prendra fin que le 17 octobre, avant le jugement attendu le 12 décembre.

L’ancien maire de La Faute-sur-Mer a été mis en difficulté, ce mercredi matin, par la déposition du président de l’association des victimes de Xynthia, Renaud Pinoit.

Mercredi matin, à l’issue des dépositions des deux médecins légiste et psychiatre (voir vidéo), les dépositions des parties civiles débute. Le premier à se présenter à la barre est Renaud Pinoit, président de l’Avif (association des victimes de La Faute). Des dégâts matériels, ce chef d’une entreprise informatique domicilié dans le centre-ville en a subi très peu. En revanche, il est psychologiquement très marqué. « Je connaissais 15 des 29 victimes », indique t-il à la barre du tribunal correctionnel.

Au matin du drame, un ami vient le voir. « Il me dit qu’on dénombre dèja 9 morts dans les lotissements près de la mer ». Dès lors, Renaud Pinoit va se démener pour prêter main-forte aux victimes de la tempête.  Avec quelques amis, ils créent l’association des victimes de La Faute, pour apporter une aide matérielle et psychologique aux personnes les plus touchées. Mais très vite, il est déconcerté, voire scandalisé par le comportement du conseil municipal et de son maire, René Marratier. « C’était le chaos et on ne le voyait pas. Nous lui avons demandé plusieurs entrevues, sans réponse. On faisait confiance à nos élus, mais c’était le néant total ».

Minute de silence refusée

La colère de l’Avif atteint son paroxysme, lorsque, au cours du premier conseil municipal publique réuni après le drame, une minute de silence est refusée aux proches des victimes. « Impossible également de se voir attribuer un lieu pour ériger une stèle à leur mémoire », poursuit Renaud Pinoit. Les clans qui se sont formés au cours des années précédentes, sur fond de politique locale, ont-il pu dicter leur conduite à certaines personnes ? «  Nous, on pensait que ce malheur allait ressouder tout le monde  », se désole le président de l’Avif. Au contraire, les lendemains de Xynthia ont provoqué des divisions encore plus profondes. Divisions que la candidature individuelle de Renaud Pinoit, aux dernières élections municipales, ont probablement aggravé.

« Je ne suis plus le même homme »

Appelé à la barre pour s’expliquer sur cette supposée absence de réaction, l’ancien maire de la commune, René Marratier, déjà malmené par le président du tribunal, la veille, explique qu’il ne supporte plus les accusations dont il fait l’objet. « Mais pour qui veut-on me faire passer ? se lamente t-il. Moi aussi j’ai été victime, moi aussi j’ai perdu des amis ». Il ne peut retenir quelques sanglots en assurant que « depuis le drame, je ne suis plus le même homme ».

Des propos qui n’émeuvent pas plus que ça Corinne Lepage, l’une des avocates des parties civiles. « Des faits ! Pas des sentiments ! » adresse t-elle à l’intention du prévenu.

Malheureusement, ni le juge ni les avocats des parties civiles ne seront convaincus par les explications de René Marratier. Visiblement sonné par cette déposition qui l’accable et envahi par l’émotion, l’ancien maire a de plus en plus de mal à trouver ses mots. « Nous n’avons pas failli à notre mission… On a fait ce que l’on avait à faire », plaide t-il difficilement. L’un de ses avocats lui vient en aide en lui posant quelques questions précises auxquels son client répond de manière laconique.

Après trois jours d’audience, le procès s’annonce très éprouvant pour l’ancien maire de La Faute, qui semble focaliser l’attention du juge et les accusations des parties civiles.

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

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