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Un survivant de la tempête Xynthia, qui estime avoir été désinformé du début à la fin, a raconté le calvaire de sa famille à la barre. Poignant.

Un quartier de la Faute-sur-Mer sous les eaux après le passage de la tempête Xynthia.
Un quartier de la Faute-sur-Mer sous les eaux après le passage de la tempête Xynthia. © BERTRAND GUAY / AFP

Un survivant de la tempête Xynthia s’est souvenu lundi, au procès du drame de La Faute-sur-Mer (Vendée), que des « poissons » nageaient parfois au bout de son terrain, avant que n’y soient construits les lotissements dans la cuvette où 29 personnes ont trouvé la mort lors de la tempête de février 2010. « J’ai vu 40 à 50 cm d’eau dans le lotissement, c’était plus que des mares… Il y avait des mulets, des poissons qui nageaient au pied de mon terrain », a témoigné Thierry Berlemont, installé en 1997 avec sa femme Chantal et leurs deux filles dans l’Océanide 2, l’un des premiers lotissements de la « cuvette mortifère ».

Habitant à une centaine de mètres de la digue, loin du « petit ruisseau » qui passait là, se rappelle Chantal, ils verront se construire les lotissements tout autour. « Même la nuit on pompait la flotte, les pompes fonctionnaient à plein régime » pour assécher les terrains, puis sont venus « les remblaiements. Il y avait des chantiers partout, ça construisait, ça construisait… », raconte son mari. On leur refusera en 2004 un agrandissement d’un étage, pour raison « d’esthétisme ». Ils ajouteront donc une chambre au rez-de-chaussée, avec des « matériaux très costauds ». « On a construit notre propre piège qui a failli nous coûter la vie », regrette-t-il. « On ne m’a jamais dit qu’il y avait des risques d’inondation. Du début à la fin, on a été désinformés », accuse-t-il à la barre. « Notre pavillon était surélevé de 28 cm par rapport aux autres, je ne sais pas pourquoi », ajoute-t-il, trouvant comme seule explication qu’il était à l’époque le seul habitant en résidence principale.

« Et s’il n’y avait pas eu les 28 cm ? » demande le président Pascal Almy. « On serait morts », répond Thierry Berlemont dans un souffle. Les bras écartés, les mains agrippées à la barre, il raconte comment, avec sa femme et ses deux filles, ils ont survécu.

Hurlements dans l’eau glacée

Réveillé dans la nuit par les cris de ses filles, inconscient des risques de submersion marine, le couple a d’abord cru à une fuite d’eau. « J’ai entendu un bruit comme un aquarium à côté, du côté du garage. J’ai ouvert la porte et ça a été l’hécatombe, l’eau s’est engouffrée », se souvient le mari. « L’eau rentrait comme un torrent, c’était d’une violence inimaginable », décrit son épouse. Le couple se retrouve épuisé, dans l’eau glacée. « J’ai entendu mes filles hurler de l’autre côté de la porte », lâche Thierry Berlemont. « C’était insupportable », se remémore sa femme, tremblante d’émotion. Les époux essayent en vain d’ouvrir la porte de la chambre où sont prisonnières les deux adolescentes. C’est dans un dernier « moment de révolte » que le père réussira enfin à faire céder la porte et à les libérer.

Il entraîne ensuite sa famille sur le toit, enlève des tuiles et ils se glissent à l’abri du vent dans le faux grenier, alors que l’eau atteint la deuxième rangée de tuiles sur la toiture. « On a su à ce moment-là qu’on était des survivants », dit-il. « J’ai vu des silhouettes partout sur les toits. On a entendu, tous, des hurlements dans tous les sens », mais « le plus dur pour nous, c’est quand les cris ont été remplacés par le silence », raconte celui qui verra certains voisins se battre, d’autres sombrer. « Depuis Xynthia, il n’y a pas une journée où je ne me sens pas coupable d’avoir mis mes enfants dans cette cuvette », lâche-t-il, avant de décrire les difficiles lendemains de la catastrophe pour sa famille, entre dépressions et dénuement.

Cinq prévenus, dont l’ancien maire de la commune René Marratier comparaissent, principalement pour homicides involontaires, dans ce procès qui réunit plus de 120 parties civiles. Deux entreprises de construction comparaissent aussi en tant que personnes morales. Le procès doit durer jusqu’au 17 octobre, avant le jugement prévu le 12 décembre.

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