Archive pour le 23 septembre 2014

Audrey Vairé

Les audiences des parties civiles continuaient ce mardi après-midi avec les témoignages de trois rescapés. Parmi eux, Elisabeth Tabary, qui a perdu son mari et son petit-fils.

Ce mardi après-midi, les témoignages des parties civiles se sont succédé aux Atlantes. Dominique Caillaud, 59 ans, a ouvert le bal, en racontant son histoire. Il a réussi à sauver son beau-père, sa belle-mère, sa femme et ses deux enfants avec un canoé. Pourtant, il ressent tout de même de la culpabilité, car il n’a pas pu secourir ses voisins.

Après lui, Renée Chiron, sa belle-mère a témoigné. « Je parle aussi au nom de mon mari, Michel, qui s’était constitué partie civile mais est décédé entre-temps. » Leur maison à La Faute-sur-Mer, c’était leur fierté. Elle parle des fleurs, des rosiers qu’on pouvait y trouver. « Là-bas, c’était le paradis des fleurs. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques photos. »

L’histoire d’Élisabeth Tabary, un moment fort

La semaine du drame, Élisabeth Tabary et son mari gardaient exceptionnellement leur petit-fils, Raphaël.

« Le soir de la tempête, nous n’avions pas allumé la télévision, pour pouvoir se consacrer entièrement à notre petit-fils. » À 3 h 15, cette ancienne infirmière est réveillée par le bruit du téléphone qui a sauté. Elle va dans la cuisine, se rend compte qu’il y a de l’eau. Immédiatement, elle réveille son mari.

« Il a tout de suite compris et m’a dit :  »c’est la digue qui a pété, on va mourir.«  J’ai tout de suite été chercher Raphaël », explique-t-elle. Le couple essaye d’appeler au secours, mais personne ne répond.

Très vite, tout se met à flotter. Elle garde son petit-fils dans un bras et s’accroche à une poignée avec l’autre.

« L’eau arrivait, on ne pouvait pas sortir. Elle arrivait en cascade, c’était invraisemblable. À un moment, mon mari me dit qu’il n’a plus d’oxygène et que c’est fini pour lui. On a eu le temps de se dire au revoir.

Puis, le petit est devenu lourd. Je l’ai vu devenir violet, je l’ai gardé contre moi tant que j’ai pu. Quand c’était terminé, je l’ai coincé derrière la porte, pour que son corps ne parte pas au loin. »

Après cela, elle s’est jetée à l’eau, « pour mourir ». Plus tard, elle se réveille à l’hôpital, sans se souvenir comment elle est arrivée là.

« J’ai réalisé que mon mari était mort, que Raphaël n’était plus là. Je ne voulais pas vivre. Ma vie s’est arrêtée ce jour-là. » Hier, le 22 septembre, Raphaël devait fêter ses sept ans.

Son témoignage, véritable temps fort de la journée, a ému les personnes présentes au tribunal. Demain mercredi, les audiences des parties civiles se poursuivent.

© JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP

Corinne Lepage, avocate et ancienne ministre, défend les parties civiles dans le procès de la Faute-sur-Mer. Alors que l’audition des victimes de la tempête Xynthia se poursuit, elle insiste sur le particularisme de cette affaire.

Le procès du maire de La Faute-sur-Mer présente-t-il un enjeu national ?

Oui, mais dans la seule mesure où il existe d’autres cas dans lesquels des élus ont délibérément construit dans des zones à haut risque. Mais c’est d’abord  un procès très particulier, car les comportements reprochés aux élus dans cette dramatique affaire sont heureusement très peu fréquents. Ce procès n’est pas le procès des maires en général ! Nous sommes dans un cas d’école… de très mauvaise école !

Mais il pose plus largement la problématique du développement économique versus la protection des habitants, et de la mauvaise évaluation des intérêts de la commune, à court et long termes.

Quels sont les arguments des parties civiles ?

Contrairement à ce qu’écrit la grande presse, ce n’est pas un procès compassionnel. Bien sûr, la dimension humaine y est particulièrement forte et  tragique. Mais il s’inscrit dans du droit « dur », du droit pénal !

En étudiant l’immense dossier (des dizaines de milliers de pièces !), je suis atterrée de découvrir le comportement des personnes mises en cause. Nous allons défendre le fait qu’il s’agit non seulement de fautes pénales, mais aussi de fautes personnelles, et non de service.

Vous contestez l’argument selon lequel ce procès est aussi celui des services de l’Etat ?

Cet argument ne tient pas.

D’abord, même si l’Etat était reconnu aussi fautif, cela ne changerait rien à la responsabilité pénale des personnes mises en cause. Parce que chacun a des compétences et donc des responsabilités.

Ensuite, l’argument selon lequel une petite commune est démunie ne tient pas la route non plus. Ce n’est pas la vérité : La Faute-sur-Mer est une commune riche, surclassée, avec un budget de fonctionnement de 4,5 millions d’euros !

La Faute-sur-Mer s’est surdensifiée au cours des mandats de monsieur Marratier et ce dans des zones de plus en plus dangereuses.

L’Etat a-t-il insuffisamment contrôlé cette surdensification ?

L’opposition de la préfecture à cette surdensification a été constante. Depuis vingt ans, la mairie a bataillé contre la préfecture pour ne pas établir de plan de prévention des risques inondations (PPRI), pour ne pas subir de normes strictes, en évitant toute véritable communication et sans mettre en place de plan de sauvegarde. Elle a voté contre les travaux  sur la digue et a demandé à sursoir sur l’enquête publique sur ces travaux parce que la demande émanait de propriétaires privés…

La seule chose qu’on pourrait reprocher aux services de l’Etat, c’est de ne pas s’être montrés plus fermes  à l’égard de la commune de La Faute-sur-Mer. Mais la réduction des moyens de l’Etat a  pour effet de réduire ses moyens de contrôle. Visiblement, la structure du contrôle de légalité en Vendée est très modeste et pâtit d’une mauvaise organisation des services.

Il n’y a donc pas carence de l’Etat ?

La loi Littoral est en vigueur depuis le 3 janvier 1986 ; la jurisprudence est depuis bien fixée… De très nombreux élus de communes littorales sont sérieux ! Ils respectent la loi et ont mis en place de véritables mesures de protection des habitants. Quelques autres n’ont de cesse que de ne pas appliquer la loi Littoral. C’est le cas de la Faute-sur-Mer. Tous les espaces construits l’ont été non seulement  en violation de la loi littoral, mais au-delà, en dépit du bon sens !

M. Marratier, il faut le rappeler, n’est pas le seul mis en cause. Dans cette commune, la famille de la première adjointe joue un rôle ambigu à tous les niveaux : propriétaires de terrains, lotisseurs, agents immobiliers, président de l’association de la digue… Même si le délit de prise illégale d’intérêt n’a pas été retenu, cela fait beaucoup ! Il y a eu manifestement des intérêts dans les prises de décision, même s’ils n’ont pas été jugés suffisamment puissants, pour caractériser un délit.

2014 09 23 CM

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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