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Elisabeth Tabary, avec ses avocats, avant de témoigner. | Patrick Guyomard
Les audiences des parties civiles continuaient ce mardi après-midi avec les témoignages de trois rescapés. Parmi eux, Elisabeth Tabary, qui a perdu son mari et son petit-fils.
Ce mardi après-midi, les témoignages des parties civiles se sont succédé aux Atlantes. Dominique Caillaud, 59 ans, a ouvert le bal, en racontant son histoire. Il a réussi à sauver son beau-père, sa belle-mère, sa femme et ses deux enfants avec un canoé. Pourtant, il ressent tout de même de la culpabilité, car il n’a pas pu secourir ses voisins.
Après lui, Renée Chiron, sa belle-mère a témoigné. « Je parle aussi au nom de mon mari, Michel, qui s’était constitué partie civile mais est décédé entre-temps. » Leur maison à La Faute-sur-Mer, c’était leur fierté. Elle parle des fleurs, des rosiers qu’on pouvait y trouver. « Là-bas, c’était le paradis des fleurs. Aujourd’hui, il n’en reste que quelques photos. »
L’histoire d’Élisabeth Tabary, un moment fort
La semaine du drame, Élisabeth Tabary et son mari gardaient exceptionnellement leur petit-fils, Raphaël.
« Le soir de la tempête, nous n’avions pas allumé la télévision, pour pouvoir se consacrer entièrement à notre petit-fils. » À 3 h 15, cette ancienne infirmière est réveillée par le bruit du téléphone qui a sauté. Elle va dans la cuisine, se rend compte qu’il y a de l’eau. Immédiatement, elle réveille son mari.
« Il a tout de suite compris et m’a dit : »c’est la digue qui a pété, on va mourir.« J’ai tout de suite été chercher Raphaël », explique-t-elle. Le couple essaye d’appeler au secours, mais personne ne répond.
Très vite, tout se met à flotter. Elle garde son petit-fils dans un bras et s’accroche à une poignée avec l’autre.
« L’eau arrivait, on ne pouvait pas sortir. Elle arrivait en cascade, c’était invraisemblable. À un moment, mon mari me dit qu’il n’a plus d’oxygène et que c’est fini pour lui. On a eu le temps de se dire au revoir.
Puis, le petit est devenu lourd. Je l’ai vu devenir violet, je l’ai gardé contre moi tant que j’ai pu. Quand c’était terminé, je l’ai coincé derrière la porte, pour que son corps ne parte pas au loin. »
Après cela, elle s’est jetée à l’eau, « pour mourir ». Plus tard, elle se réveille à l’hôpital, sans se souvenir comment elle est arrivée là.
« J’ai réalisé que mon mari était mort, que Raphaël n’était plus là. Je ne voulais pas vivre. Ma vie s’est arrêtée ce jour-là. » Hier, le 22 septembre, Raphaël devait fêter ses sept ans.
Son témoignage, véritable temps fort de la journée, a ému les personnes présentes au tribunal. Demain mercredi, les audiences des parties civiles se poursuivent.
3 réponses à to “Procès Xynthia. « J’ai réalisé que mon mari était mort, avec Raphaël » (Ouest France)”
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Quelle haine, quelle insensibilité peut animer des gens qui osent mettre des pouces rouges à de tels témoignages et à des personnes qui expriment leur émotion. C’est la question, demeurée sans réponse pour l’instant, qui a été mainte fois posée à M. Marratier concernant son manque de compassion qui semble avoir contaminé une partie du personnel de la mairie et peut-être au-delà.
Je suis cette affaire xynthia avec beaucoup d émotions .
Ces témoignages sont bouleversants et d une grande tristesse .
Vous faites preuve tous d un grand courage pour venir revivre ces moments tragiques .
On pense a vous .
« Alors que se déroule aux Sables-d’Olonne jusqu’au 17 octobre prochain le procès de l’ancien maire de La Faute-sur-Mer et de quatre autres prévenus poursuivis pour homicides involontaires après la tempête Xynthia qui a coûté la vie à 29 personnes le 28 février 2010 dans cette commune de Vendée, le ministère de l’Ecologie a mis en ligne un document récapitulant les actions mises en œuvre par l’Etat à la suite de cette catastrophe. »
http://www.localtis.info/cs/ContentServer?pagename=Localtis/LOCActu/ArticleActualite&jid=1250267750371&cid=1250267749893