Archive pour le 26 septembre 2014

Magistrats, prévenus, victimes, iIls se sont tous retrouvés hier dans la cuvette
de La Faute, aujourd’hui no man’s land chargé de souvenirs macabres. Pour comprendre et se projeter dans le drame.

  • Le président du tribunal Pascal Almy (à gauche) voulait comprendre. Une audience sur le terrain imposée au maire et principal prévenu René Marratier (au centre).
  • Retour douloureux des familles
    Retour douloureux des familles
  • Le président du tribunal Pascal Almy (à gauche) voulait comprendre. Une audience sur le terrain imposée au maire et principal prévenu René Marratier (au centre).

Aujourd’hui, sur la digue de La Faute, entre mer et Lay, il y a des vélos et le cliquetis des bâtons de randonnée des retraités.

Hier, après-midi, sur la digue de La Faute, il y avait le souvenir du malheur, de cette funeste nuit de février 2010, de cette vague qui a emporté les 29 dont les noms sont à jamais gravés sur la stèle aux victimes de Xynthia. Au bout de la digue, là où l’eau s’est arrêtée.

C’est là que les victimes, les parties civiles au procès du maire et de ses adjoints aux Sables-d’Olonne, sont venues se recueillir une fois encore – la première pour quelques-uns.

Hier sur la digue, il y avait la justice en tenue de ville. Transports sur les lieux du drame. Pour comprendre. Pour prendre la mesure.

Aujourd’hui, au pied de la digue, rehaussée, élargie, renforcée, il n’y a plus de maisons. Il n’y a plus que des tas de gravats que les camions de l’hiver dernier n’ont encore pu évacuer. Dans ce paysage déroutant, envahi par les herbes folles, où ne subsistent que les lampadaires et les voiries, il y a les souvenirs et la colère qui persistent. Des repères de géomètres pour matérialiser les hauteurs d’eau, à quelques centimètres des repères de hauteurs de plafonds.

 

« C’est pas le marquage. C’est les souvenirs qui rappellent ». Thierry Berlement n’est revenu sur les lieux que quelques fois, « avec les journalistes ». Et puis hier, avec le tribunal, la centaine de parties civiles, les magistrats et René Marratier, le maire, ses adjoints qui ont vendu les terrains et distribué les permis de construire, dans la nasse de la justice qui leur reproche leur négligence coupable et meurtrière.

« Les gens qui l’ont vécu ne reviennent pas », glisse Thierrry sur le bord du chemin. Il est passé devant sa maison. Devant l’emplacement. A La Faute, toutes celles de la cuvette ont été détruites. Il est passé chez Renaud Pinoit, le président de l’association des victimes, « pour prendre du courage ». Parce qu’il fallait être là.

Mais être là, c’était encore affronter le souvenir. Les heures « dans le noir dans le froid. Ma femme qui ne savait pas nager et l’eau glacée qui montait. Les cris de mes filles et les meubles qui flottaient. La mort qu’on voit, et ce n’est pas rien. les bruits et les odeurs, la terreur, que j’ai dans la tête. La terreur dans les yeux de mes filles ». Le coup de chance et le sauvetage in extremis. « Ce silence, au bout du lotissement, et soudain, tous les secours, aux Flots bleus. »

Sur la digue, ils étaient des dizaines. Tendus, les traits tirés. Ils sont venus nombreux. Pour montrer. Pour que « les autres », ceux qui n’ont pas vécu cette nuit puissent comprendre.

L'ancien maire de la commune, René Marratier.

Le transport sur les lieux s’est déroulé jeudi dans une atmosphère de deuil.

La procession judiciaire chemine lentement sur la digue qui fut submergée le 28 février 2010 à La Faute-sur-Mer (Vendée), lors du passage de la tempête Xynthia. Le président du tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne, flanqué de ses deux assesseurs, ouvre la marche, suivi des cinq prévenus, dont l’ancien maire de la commune, des avocats, des journalistes, et d’une longue théorie de parties civiles. Certaines ont apporté des fleurs. Un important déploiement de gendarmes assure la sécurité de ce transport sur les lieux.

Régulièrement, on marque le pas devant une petite pancarte mentionnant le nom et l’âge de l’une des 29 victimes de la catastrophe. La digue, depuis, a été consolidée et rehaussée: elle délimite aujourd’hui plus franchement qu’à l’époque la «cuvette mortifère» décrite par le juge d’instruction dans son ordonnance de renvoi. Mais elle reste dérisoire, même en ce jour de septembre où l’Océan – qu’on ne voit pas d’ici – roule des flots bienveillants jusqu’aux plages propices à la rêverie, et où la rivière Lay a pris la forme d’un placide ruban gris pour se jeter dans l’Atlantique.

«Cuvette mortifère»

Puis l’on descend de la digue pour arpenter les lotissements détruits par des pelleteuses après le drame. Rues sans but, lampadaires sans rien à éclairer, épaves de voitures concassées, monceaux de gravats comme autant de terrils du malheur. Des rubans de chantier rouge et blanc matérialisent, au milieu des herbes folles, l’emplacement des pavillons engloutis, tandis que des tubulures de plomberie coiffées de signaux rouge et jaune fluo indiquent la hauteur du plafond et celle, extravagante, de la mer surgie dans la nuit: parfois, les deux sont alignés. L’actuel maire, Patrick Jouin, assiste à cette huitième journée du procès, avec deux de ses adjoints: «Il y a eu 600 maisons déconstruites, rappelle-t-il, soit 20 % du territoire de la commune.» On arrive à cet instant devant l’endroit où les Bounaceur avaient fait construire leur résidence. Le panneau rappelle les âges des quatre membres de la famille noyés en 2010: 73, 43, 13 et 4 ans.

Dans un silence absolu, le cortège se disloque aux portes du lotissement fantôme. Quelle leçon judiciaire le tribunal peut-il tirer de cette émouvante déambulation, lui qui dispose déjà de plans, de relevés, de photographies, de témoignages?

Un jour, explique M. Jouin, il devrait y avoir dans cette brèche urbaine un centre d’équitation, un golf de 9 trous, une piste cyclable… Pour l’heure il n’y a rien, et ce rien hurle le souvenir d’une nuit infernale. La nature, indifférente au malheur des hommes, reprend ses droits, les arbres sont pleins de vigueur – et les plus beaux, dans ce lieu désolé, ce sont les saules pleureurs.

Le tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne (Vendée), chargé du procès Xynthia – dans lequel 5 prévenus sont poursuivis pour homicides involontaires – a délocalisé ce jeudi son audience à la Faute-sur-Mer, où la tempête éponyme avait provoqué la mort de 29 personnes,en février 2010. Ce retour a constitué une véritable épreuve pour certains témoins résidents qui n’étaient jamais revenus sur les lieux du drame. Nos correspondants en région étaient sur place.
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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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