Archive pour le 2 octobre 2014


Attendez la 5eme minute pour le procès Xynthia

« Personne dans le service n’avait les compétences scientifiques pour comprendre ce qui allait se passer » explique à la barre le colonel Philippe Chabot, directeur adjoint du SDIS de Vendée en fondant en larmes.
Les pompiers au lendemain du drame à la Faute-sur-mer. © XAVIER LEOTY / AFP
© XAVIER LEOTY / AFP Les pompiers au lendemain du drame à la Faute-sur-mer.

Les larmes du colonel

« J’ai pris conscience assez tard de la situation, que le phénomène tempête n’était plus la menace prioritaire, que c’était la submersion marine, les inondations. Personne dans le service n’avait les compétences scientifiques nécessaires pour comprendre ce qui allait se passer car on n’avait jamais connu ça » explique le directeur adjoint du Service départemental d’incendie et de secours de Vendée ( SDIS), en larmes.

Encore des larmes

La suite de ses propos est interrompue par des sanglots :  » À 3h30, il y a eu le premier appel dramatique de la Faute-sur-mer. Une dame qui appelle au secours, elle a déjà de l’eau jusqu’à la taille. Elle dit que l’eau monte, l’opérateur lui conseille de monter sur la table, et puis il y a les enfants qui crient derrière. Tous les moyens possibles ont été engagés » , plus de 500 pompiers venus de 27 départements arriveront en renfort quelques heures après le drame.

Un plan de sauvegarde « impératif »

Interrogé au cours de l’audience, le colonel des pompiers est formel, l’existence d’un plan communal de sauvegarde (PCS), réclamé avant le drame à la commune de la Faute-sur-mer, est « impératif ». « Une alerte, ça ne s’improvise pas. On ne passe pas comme ça dans les rues. Ça se prépare, il faut vérifier si les maisons sont bien occupées, s’il y a des personnes à mobilité réduites. C’est quasiment du porte-à-porte qu’il faut faire ».

Avec AFP

Les sapeurs-pompiers de Vendée ont été vite débordés lors du passage de la tempête Xynthia, qui a fait 29 morts à La Faute-sur-Mer en février 2010, a décrit jeudi leur responsable, devant le tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne.

« J’ai pris conscience assez tard de la situation, que le phénomène tempête n’était plus la menace prioritaire, que c’était la submersion marine, les inondations », a raconté à la barre, fondant en larmes, le colonel Philippe Chabot, directeur adjoint du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Vendée.

Malgré l’alerte rouge de Météo-France la veille qui évoquait la possibilité d’une surcote d’un mètre, pour le colonel « les digues allaient tenir », comme lors de la tempête de 1999. « Personne dans le service n’avait les compétences scientifiques nécessaires pour comprendre ce qui allait se passer (…) car on n’avait jamais connu ça », a-t-il assuré.

Dans la nuit, les appels affluent, « plus de 1.000 en une heure et demie, sur toute la Vendée », mobilisant les secours aux quatre coins du département, a poursuivi le colonel Chabot.

« A 03H30, il y a eu le premier appel dramatique de La Faute-sur-Mer. Une dame qui appelle au secours, elle a déjà de l’eau jusqu’à la taille. Elle dit que l’eau monte, l’opérateur lui conseille de monter sur la table, et puis il y a les enfants qui crient derrière », s’est-il remémoré, ses propos interrompus par des sanglots.

Une jeune pompier volontaire le prévient également que l’eau est passée au-dessus de la digue qui protégeait les habitations, rendant inaccessible le centre de secours de L’Aiguillon-sur-Mer, situé face à La Faute-sur-Mer.

« Tous les moyens possibles » sont alors engagés, assure le colonel. Plus de 500 pompiers venus de 27 départements arriveront finalement en renfort quelques heures après le drame.

Pour le responsable, l’existence d’un Plan communal de sauvegarde (PCS) dans ce genre de crise, comme réclamé à la commune de La Faute-sur-Mer depuis 2003, est « impératif ».

« Une alerte, ça ne s’improvise pas. On ne passe pas comme ça dans les rues. Ça se prépare, il faut vérifier si les maisons sont bien occupées, s’il y a des personnes à mobilité réduite (…). C’est quasiment du porte-à-porte qu’il faut faire », a-t-il déclaré.

Mais ces plans, il n’en existait que « 14 dans tout le département de la Vendée » au moment du passage de la tempête Xynthia, et ils n’ont été rendus obligatoires qu’après, a relevé l’un des avocats de la défense, Me Didier Seban.

L’audience s’était ouverte jeudi matin avec « l’officialisation » du décès de l’un des prévenus, Patrick Maslin, ancien conseiller municipal de La Faute-sur-Mer et responsable de deux entreprises de BTP, elles-mêmes poursuivies dans ce procès.

M. Maslin, 64 ans, est mort mercredi d’un cancer du foie. Il était venu à l’ouverture du procès, le 15 septembre, très amaigri et en chaise roulante, et avait expliqué attendre des résultats médicaux. Il n’était plus réapparu depuis.

Quatre personnes physiques, dont l’ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, comparaissent désormais pour homicides involontaires lors de ce procès qui doit se terminer le 17 octobre. Le jugement sera rendu le 12 décembre.

Matthieu MARIN.

Le colonel Chabot commandait les sapeurs-pompiers la nuit de Xynthia. Témoignage poignant ce jeudi matin lors du procès.

« À 22 h, nous étions encore dans une configuration tempête. Nous avions tous le souvenir de cette catastrophe de 1999. À 1 h, premier point de situation avec le préfet. 108 interventions liées à la tempête : chute d’arbres, demandes de secours. »

Témoignage du colonel Philippe Chabot, directeur-adjoint du service départemental du service d’incendie et de secours.

L’ensemble du littoral

« Vers 2 h, je regagne l’État-major. Les premiers appels arrivent… »

Longue pause. Émotion.

« De 3 h jusqu’à 4 h, on a reçu mille appels. Pas que de La Faute ou L’Aiguillon. Également des Sables, de Saint-Gilles, des marais… Tout est arrivé en même temps. Il a fallu réagit très vite. J’ai pris conscience que la tempête n’était plus la menace prioritaire. C’était la submersion, les inondations. L’ensemble du littoral qui était touché. »

Les enfants criaient, elle avait de l’eau jusqu’à la taille

« À 3 h 15, la petite Cassandra, sapeur-pompier volontaire, tente de rejoindre le centre de L’Aiguillon depuis La Faute où elle habite. Elle nous informe que le pont est coupé. Qu’il y a impossibilité de nous rejoindre. On mesure que c’est grave, que tout le secteur va être inondé. »

« 3 h 30, premier appel dramatique. » Il ne trouve pas ces mots. « L’appel de Mme… Bounaceur, je pense (NDLR Ahmed Bounaceur a perdu sa femme, sa mère et deux de ses enfants dans la catastrophe.) C’est dramatique. Elle appelle au secours. Elle a de l’eau jusqu’à la taille. J’entends la conversation. Je me revois encore tout près de l’opérateur. Il lui conseille de monter sur la table. Il y a les enfants qui crient derrière. »

Nouvelle pause. Le président Pascal Almy intervient. «  Si cela est trop pénible pour vous, on peut le comprendre, compte tenu de la tragédie et de votre engagement de toute une vie. »

Le colonel Chabot reprend. « Ce n’est plus l’intuition, c’est la réalité. Il va se passer un drame. Je demande au commandant Clément Préault, chef du centre des Sables-d’Olonne, de se rendre sur place ; à Samuel Veillard, le chef de centre de L’Aiguillon, de s’engager. J’engage également La Tranche et Saint-Michel-en-L’Herm. »

Le préfet décide d’aller sur place

« À 5 h, point au préfet. Je n’ai pas encore les remontées du terrain. Compte tenu de la situation, mes hommes ont mis du temps pour se rendre sur place. Mais j’étais sûr qu’il se passait quelque chose. Sur l’ensemble du département. À 8 h, nouvelle réunion. Le commandant Préault a mis en place le poste de commandement. Nous demandons un hélicoptère pour assurer des reconnaissances. Je dis au préfet : c’est clair, c’est dramatique ce qu’il se passe. On n’a pas encore d’éléments sur le nombre de victimes. Beaucoup se regroupent, remontent des lotissements. On procède aux premiers sauvetages. »

« Le préfet décide d’aller sur place. Nous arrivons vers 9 h. »

500 pompiers à coordonner

« Je sens au niveau des messages radio, il y a une pression importante au centre de traitement des appels, tant au niveau des appels que des moyens. Je propose de rentrer à La Roche. Là-bas, ça pousse. Tout le département est impacté. Pas que le littoral. L’intérieur également, Chaillé, Les Herbiers… Je demande des renforts. 27 départements vont venir. Il faut coordonner les moyens, assurer la logistique. Vers 17 h, il y a plus de 500 pompiers. Il fallait assurer la nourriture, le couchage. » 

« Je ne pouvais plus y retourner »

« Au bout de 48 heures on m’a relevé. Le lendemain, je ne voulais plus revenir au centre de traitement des appels. Il s’était passé trop de choses. Je me suis engagé volontairement sur le secteur de Bouin. Après une journée sur le terrain, j’ai assuré pendant près de dix jours la fonction de chef du centre de traitement des appels. »

Dialogue surréaliste, ce matin au procès Xynthia, entre le tribunal et l’ancien chef de la subdivision des Sables-d’Olonne. Extraits.

En 2007, Stéphane Montfort était, à l’Equipement, chef de la subdivision des Sables-d’Olonne, chargée de l’instruction des permis de construire. Ces documents étaient, ensuite, validés ou non par la commune.

Le maire, René Marratier, et son adjointe Françoise Babin sont, notamment, accusés d’avoir signé 15 de ces permis, considérés comme illégaux.

Alors que la DDE avait émis un avis favorable. Elle prévenait simplement qu’il fallait respecter une cote, sans donner sa valeur. Au final, les maisons ne respectaient pas la hauteur minimum.

Extrait de son audition, ce matin au procès.

Un dialogue surréaliste entre le tribunal et le témoin.

Le président Pascal Almy. « Vous avez décalqué une prescription : la cote de plancher sera fixée à 0,20 au delà de la côte de référence au projet de PPRI. Qu’est-ce que vous aviez compris de cette prescription ?

Stéphane Montfort. «… »

Le président. « Vous émettez une prescription sans chercher à comprendre si elle était applicable. Or, elle ne l’était pas. Vous instruisiez des projets de plain-pied ; or, cela exclut de fait que cette prescription soit applicable. Le projet de maison de plain-pied vidait de son sens la prescription. Il fallait que les projets soient situés à la côte de 4,10 NGF ; c’est-à-dire 3,90, la cote de référence du PPRI de 2004, plus 20 centimètres. Soit 10 cm au-dessus de la digue. »

Le vice-président, Christophe Lefort. « On devait commencer à vivre à 4 mètres ! Est-ce que vous aviez l’altimétrie des terrains ? Vous avez cherché à vous renseigner ? »

Le président. « Ce qu’on essaie de vous faire comprendre, c’est que le texte tel qu’il est rédigé, n’est pas applicable pour une maison de plain-pied, ce n’est pas possible. »

Le vice-président. « On a l’impression que vous le découvrez. Vous le découvrez aujourd’hui ? »« Les agents instruisaient les permis sans comprendre ? »

Stéphane Montfort. « Il n’y avait pas de doctrine… »

Le président. « Pas besoin de doctrine très dense. Il suffit de prendre la cote, l’altimétrie. En dix secondes on peut le savoir ! L’une de vos collègues, qui avait travaillé dans le Vaucluse où elle avait cette valeur, s’en était ouverte au responsable de pôle. »

L’assesseur, Gwénolé Ploux. « Pourquoi on a fait un renvoi au projet de plan ? Pourquoi ne pas avoir indiqué directement la cote ? Cela aurait été plus logique. Cet article visait à pallier une carence du projet de PPRI. Mais vous ne palliez pas la carence ! »

Le président. « Et ensuite le maire signait. Personne ne pouvait se rendre compte. Tout était clandestin. Aucune anomalie apparente. »« Et les relevés topographiques ? »

Stéphane Montfort. « On les a demandés on les a jamais eus… »

Le président. « Il faut que vous touchiez du doigt que cela a eu un impact très important. Aux Voiliers, des maisons de plain-pied ont été inondées lors de Xynthia, alors qu’il aurait fallu bâtir sur un merlot ou un premier niveau de deux mètres, dont on aurait pu faire un garage, mais pas plus. C’est surprenant ce manque de… Clairvoyance, de curiosité. »

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

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