-
L’interrogatoire de René Marratier débute cet après-midi, à 14 h. | Franck Dubray
L’ancien maire de La Faute devra trouver les mots pour évoquer l’avant-Xynthia, mais aussi l’après, quand il n’a pas su exprimer sa compassion aux victimes.
René Marratier a préféré ne pas s’exprimer avant le procès. Se terrer dans le silence. Comme s’il se méfiait de lui-même. Car celui qui a la manie de ponctuer ses phrases d’un « hein » traînant, cherchant l’approbation, a commis quelques belles bourdes dans le passé.
L’une des premières, c’était lors de la présentation des zones noires. Obnubilé par l’impact économique de Xynthia, il en avait oublié les victimes. L’effet avait été terrible.
« J’ai alors cru qu’il fallait que je me consacre à la reconstruction de La Faute-sur-Mer […] J’ai sûrement eu tort », a-t-il dit dans un début de mea culpa, à la barre, le 30 septembre.
Il y eut ensuite l’affaire de la stèle, ce monument voulu par les victimes qu’il a donné l’impression de ne pas vouloir. Puis l’absence de minute de silence lors du premier conseil municipal d’après tempête. Et enfin, ces gestes ou ces mots que certaines victimes ont tant attendus.
Des « bourdes » à répétition, qui ont renvoyé l’image d’un homme dépourvu de sentiments. Une étiquette qu’il réfute.
« Interrogez-le sur les plans d’inondation, il est intarissable »
« Je ne me suis pas reconnu dans l’homme décrit, a-t-il dit à la barre, ce 30 septembre, après les témoignages des parties civiles. Je ne pense pas être cet homme-là. Je n’ai peut-être pas eu les mots qu’il fallait, et je m’en excuse. »
Aveux tardifs et de circonstance de la part d’un homme acculé ? Ou déclaration sincère et spontanée d’un homme qui cherche à montrer son vrai visage. « Je suis un être humain quand même », a-t-il même précisé au président qui l’interrogeait au premier jour du procès. « On ne peut pas m’accuser : j’ai des enfants et des petits-enfants. »
Déroutant et imprévisible René Marratier. « Ce n’est pas un grand causant, c’est vrai, confirme l’un de ses avocats, Antonin Lévy, il est plutôt du genre taiseux. »
S’il parle volontiers de sa commune, l’ex-maire a le plus grand mal à parler de lui, au point, d’ailleurs, de souvent se cacher derrière un « on » impersonnel et agaçant.
« Interrogez-le sur les plans de prévention et d’inondation, les plans de secours, il est intarissable, il vous en parlera des heures, poursuit son avocat. Mais si vous lui demandez comment ça va, il se contente de répéter « bien, bien, bien ».
À La Faute, depuis le drame, il n’a quasiment rien changé à ses habitudes. Il est aujourd’hui à la retraite, après avoir cédé son entreprise de transports.
« Il a 62 ans, il a commencé à travailler à l’âge de 14 ans, il en a bien le droit », témoigne une vieille connaissance. « Il fait un peu de vélo, va au foot à Luçon », ajoute son ami.
On le voit aussi parfois à la Beaujoire. Il était récemment dans les tribunes, invité, pour assister à Nantes-Monaco. « Il voit ses amis », ajoute un Fautais qui conserve des relations avec lui.
Mais de la tempête ou du procès, il n’est jamais question. « On a bien d’autres choses à évoquer, insiste un de ses proches. J’ai pas envie de lui en parler. C’est pas la peine de ressasser tout ça. »
« Je veux bien vous demander pardon »
L’autre grand changement dans sa vie, c’est la mairie. Il a dû céder le fauteuil de maire à Patrick Jouin, après quatre mandats consécutifs. « Il a digéré cette déception », assure un de ses amis footeux.
Il se console en pensant au nombre de voix qu’il a recueilli. Neuf voix d’écart seulement le séparait de Samuel Veillard, le pompier héros de Xynthia, décoré de la Légion d’honneur, invité à la table de Nicolas Sarkozy !
Une réponse à ses détracteurs, mais aussi le symbole terrible d’une commune déchirée depuis la tempête, qu’il n’a jamais voulu quitter, malgré les insultes, voire les menaces de mort.
« Il s’y sent bien et en sécurité », souligne son avocat. Tellement bien que certains l’imaginent bien tenter de reprendre son sceptre municipal dans six ans.
D’autant qu’il reste intimement convaincu qu’il n’est pour rien dans la catastrophe Xynthia. Simple posture pour tenir le choc psychologiquement ? Ou vraie conviction qu’il est tout à fait étranger à ce drame ?
Difficile de savoir, tant le personnage est insaisissable. Peu bavard, René Marratier est aussi parfois brouillon dans son expression.
Dernier exemple en date ? C’était le jour de sa demande de pardon, à l’évidence sincère. Il a pris le temps. A pesé ses mots. Avant de conclure par cette phrase curieuse : « Je veux bien vous demander pardon ». Tout est dans le « bien ».
Une réponse à to “Procès Xynthia. René Marratier face à ces juges aujourd’hui (Ouest France)”
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Ce qui m’écoeure le plus, c’est qu’une bonne partie des Fautais serait (semble) effectivement près à revoter une nième fois pour un homme qui se dit lui-même intellectuellement déficient.
Il faut savoir : soit il est sot et incapable d’assumer ses responsabilités, soit c’est un menteur et un manipulateur. Dans tous les cas, il n’est pas digne de confiance.
PS: naïvement, à qui a-t-il céder son entreprise déjà ?
http://www.societe.com/societe/transports-marratier-310644695.html