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Le mois de procès Xynthia les a soudés comme jamais. Ils sont une cinquantaine à ne rater aucune audience. Et à attendre le réquisitoire, prévu cette semaine…

« C’est énormément de stress, de douleur, mais cela répond à un besoin vital de comprendre. » Mireille Guillet, qui a perdu sa mère, se rend tous les jours au tribunal des Sables-d’Olonne. Depuis quatre semaines, les juges tentent de cerner les responsabilités qui ont pu causer la mort de 29 personnes en février 2010 àLa Faute-sur-Mer (Vendée). Le procès s’achève vendredi. Plus de 120 parties civiles espèrent connaître « la vérité ». Et forment – le terme revient sans cesse – « une famille », unie par la douleur.

Chaque jour, 50 à 60 d’entre eux prennent place dans la salle d’audience. Une assiduité assez exceptionnelle pour un procès-fleuve. Mais peu importe s’il faut effectuer deux heures de trajet, louer un appartement ou vivre dans un camping-car. S’il faut poser des congés ou se mettre en disponibilité. Si l’indemnité versée par la justice (30 à 40 euros par jour) ne compense pas le manque à gagner… « Je m’étais promis de le faire pour mon mari », confie une veuve.

Parler les a soulagés

Une cinquantaine de parties civiles sont venues à la barre. Bien plus que dans la plupart des procès (pour la catastrophe AZF, ils étaient une quinzaine). « J’avais griffonné 5 pages tellement j’avais peur que l’émotion soit trop forte, se souvient Mireille. Finalement, j’ai oublié des choses, mais j’ai réussi à dire ce qui m’importait : que ma maman n’avait jamais eu d’informations sur le danger que représentait le fait d’avoir une maison à cet endroit, qu’elle a fait confiance à la municipalité et qu’elle a été abusée! »

Sandrine Fourgereau, 38 ans, raconte sa nuit d’horreur, quand elle a cru mourir avec son mari, ses parents et ses jeunes enfants. « Parler devant tout le monde, cela nous a fait du bien, confie-t-elle ensuite. C’était aussi important de le dire devant mes enfants. Mon fils Maxence [3 ans et demi au moment de Xynthia] a pleuré pour la première fois depuis quatre ans, quand il a entendu que son père avait pensé à récupérer les doudous. »

Les sinistrés ont le sentiment d’avoir été enfin entendus. « Les parties civiles ont été reconnues ­publiquement comme victimes, estime Renaud Pinoit, président de l’Avif, l’association qui les représente. Pendant quatre ans, cela n’a pas été le cas à La Faute-sur-Mer. » Car le village s’est déchiré. Certains estiment que le tribunal se montre trop proche d’eux? « C’est la première fois qu’on ressent de la compassion à notre égard », souffle une rescapée.

« Nous n’avons pas besoin de nous parler, nous nous comprenons »

L’audience les a rapprochés. « Un procès crée toujours un lien, analyse Stéphane Gicquel, de la Fédération nationale des victimes d’attentats et d’accidents collectifs (FENVAC). Mais c’est particulièrement vrai pour Xynthia. Peut-être parce que les parties civiles ont un vécu en commun : la nuit de la catastrophe. Mais surtout parce qu’elles ont dû batailler pour obtenir ce procès. » Quand un rescapé regagne son siège, les autres l’entourent, le prennent dans leurs bras, le félicitent d’avoir parlé. « C’est ma seconde famille, estime ­Élisabeth Tabary, qui a vu mourir son mari et son petit-fils. Nous n’avons pas besoin de nous parler, nous nous comprenons. » La plupart ne se connaissaient pas en 2010. Aujourd’hui, ils se font la bise, se tutoient, se soutiennent.

Cette semaine, ils sont venus en nombre pour écouter les quatre prévenus, mis en examen principalement pour « homicides involontaires ». En particulier René ­Marratier, l’ancien maire de La Faute, dont les propos – « Je veux bien vous demander pardon » – les avaient déjà ulcérés. Certains écoutent, d’autres noircissent des feuilles. Quand c’est trop dur, ils peuvent s’isoler dans la pièce réservée aux parties civiles. Parler à l’une des deux psychologues mises à disposition. Et laisser éclater leur indignation.

La fin du procès approche. Les prévenus encourent cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende. « Ils jouent tous aux idiots, ils vont s’en sortir par une pirouette… », craint un rescapé. Personne n’avance de pronostic. Tous espèrent que le procès servira d’exemple : qu’on évitera d’urbaniser dans les zones à risque. Et que la « famille » restera en contact.

Marie Quenet

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