Archive pour le 17 novembre 2015
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La Faute-sur-Mer, le 5 mars 2010, quatre jours après le passage de la tempête.Photo Franck Perrogon. Made in France Plus de cinq ans après la tempête Xynthia qui a tué 29 personnes dans la commune vendéenne, s’ouvre ce mercredi le procès en appel de trois élus municipaux. En première instance, le maire avait été condamné à quatre ans ferme.
C’est l’un des «grands procès» de l’année, ne serait-ce que par le nombre de personnes qu’il déplace (146 parties civiles) et les moyens mis en œuvre – le hall du palais de justice de Poitiers transformé en salle d’audience. La deuxième édition du procès dit «de la tempête Xynthia», en appel cette fois, démarre ce mercredi 18 novembre, après un report de deux jours pour respecter le deuil national. En première instance, aux Sables-d’Olonne en septembre-octobre 2014, trois prévenus avaient été condamnés. René Marratier, maire de la Faute-sur-Mer de 1989 à 2014, à quatre ans de prison ferme pour homicides involontaires. Françoise Babin, sa première adjointe, présidente de la commission d’urbanisme, à deux ans de prison ferme pour les mêmes chefs. Philippe Babin, fils de cette dernière, agent immobilier, à dix-huit mois de prison ferme. Tous les trois ont fait appel, et demandent leur relaxe.
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, 29 personnes sont mortes noyées dans la commune de La Faute-sur-Mer. Tour d’horizon des acteurs et lieux clés.
Xynthia, une tempête prévisible
Un film avait été projeté sur les écrans de la salle d’audience, au deuxième jour du premier «procès Xynthia», aux Sables-d’Olonne. En gris, les terres de la commune de La Faute-sur-Mer. En bleu, la mer qui avançait, de plus en plus, envahissait tout. Une voix off commentait :«A 4 heures du matin, le 28 février 2010, le niveau de la mer s’était élevé de 4,60 mètres à la hauteur de La Faute-sur-Mer. […] La vitesse de montée des eaux a atteint des pointes de 3 à 6 mètres par heure.» Au total, 1,2 million de mètres cube d’eau ont été déversés sur la commune. Passant au-dessus de la digue de protection de quatre mètres de haut. Stagnant dans une zone baptisée «la cuvette», située en dessous du niveau de la mer. C’est là que sont mortes la plupart des victimes, noyées dans des eaux gelées passées de quelques centimètres à deux mètres trente de hauteur parfois en une seconde, après le bris d’une fenêtre ou d’une véranda sous la pression. La tempête Xynthia, a poursuivi le documentaire réalisé pour la justice, était pourtant «prévisible», et«moins forte que celle de 1999». Les alertes météo ont été transmises. Le maire René Marratier en a reçu plusieurs dans la journée du 27 février. Il ne les a pas répercutées aux habitants.
La Faute-sur-Mer, fièvre bâtisseuse en zone inondable
Commune du centre-ouest de la France, La Faute-sur-Mer, 900 habitants l’hiver, 20 000 l’été, est située sur une langue de terre entourée d’eau. A l’ouest, l’Atlantique, et 8 kilomètres de plage. A l’est, l’embouchure du fleuve Lay. Maire de la commune de 1989 à 2014, René Marratier, poursuivi pour homicides involontaires, ne se cache pas d’avoir eu d’importantes ambitions touristiques, encourageant la construction de résidences secondaires. «Entre 1990 et 2000, on était sur un rythme de 45 nouvelles maisons par an à La Faute, a expliqué un expert au premier procès. La liberté de construire en zone inondable était totale. On s’est retrouvé avec des guichets de distribution de permis de construire, la procédure étant réduite à une simple formalité.» Conséquence de cette fièvre bâtisseuse : 80 % des Fautais sont des «nouveaux habitants». Or, entre 1957 et 1999, la commune a vécu une sorte de «rémission», sans inondation, alors qu’elles avaient été fréquentes les années précédentes (1924, 1926, 1940, 1941, 1943). Ceci explique la situation de beaucoup de victimes qui, en l’absence de toute information par la mairie, étaient ignorantes du risque. Les trois prévenus poursuivis pour homicides involontaires sont en revanche issus de familles implantées de longue date dans la région. Les anciens du village ont témoigné que les zones de construction s’appelaient autrefois les «prés salés» et que les vaches, jusqu’à la fin des années 80, y broutaient «les pattes dans l’eau». Des machines sont venues «aspirer l’eau» pour permettre les constructions.
René Marratier, un maire jugé pour avoir méprisé les risques
«On a voulu tout mettre sur ses épaules», dit son avocat Didier Seban. René Marratier, 63 ans, ex-chef d’entreprises (garage et société de transports) à la retraite, moustache, ventre rond et ton bourru, a été le personnage central du premier procès. Les juges qui l’ont condamné lui reprochent plusieurs choses. D’abord, d’avoir sciemment refusé toute mesure de protection de ses administrés. L’instruction a pointé quarante démarches intentées auprès de lui par la préfecture pour demander la mise en place d’un plan de prévention des risques d’inondation (PPRI), d’un plan d’organisation des secours, et de campagnes d’information des habitants. En vain. On lui reproche aussi d’avoir encouragé une politique de construction immobilière frénétique au mépris de la prudence élémentaire. Il a lui-même signé quatre permis de construire illégaux, prévoyant l’édification d’habitations de plain-pied sur des terrains inondables. Enfin, il admet avoir négligé les alertes reçues juste avant la tempête, parce que, dit-il, lui-même «n’y croyait pas». «On lui fait porter un costume trop grand pour lui, s’insurge MeDidier Seban. La justice doit analyser l’ensemble des responsabilités, celles de l’Etat, des services de secours, de Météo France…»
Françoise et Philippe Babin, deux élus, une agence immobilière et «la manne du Paradis»
Françoise Babin, 71 ans, était première adjointe de La Faute-sur-Mer et présidente de la commission d’urbanisme. Elle a été condamnée à deux ans ferme pour avoir délivré en conscience onze permis de construire irréguliers dans des zones inondables. Elle était aussi, avec son fils Philippe (condamné à dix-huit mois de prison ferme) propriétaire de terrains que les permis de construire qu’elle a favorisés ont rendu constructibles. Et tous deux dirigeaient une agence immobilière, qui a réalisé la majorité des transactions. Philippe Babin est aussi poursuivi en tant que président de l’association responsable de la digue censée protéger la commune : on lui reproche de ne pas en avoir assuré l’entretien et la surveillance. La justice, faute de preuves concrètes, n’a pas retenu le délit de prise illégale d’intérêt. Il plane pourtant sur le dossier. «Le tribunal s’en est pris à Mme et M. Babin parce qu’ils sont propriétaires, donc ils ont de l’argent, et ça, c’est forcément un tort, s’emporte Christian Charrière-Bournazel, leur avocat.On les accuse de s’être enrichis au détriment de la vie des autres, c’est ignoble !» Le jugement du tribunal des Sables-d’Olonne leur reproche d’avoir «intentionnellement occulté le risque pour ne pas entraver la manne du Paradis».
Alain Marcos : «J’étais au bout, je me laissais glisser vers la mort»
Alain Marcos, 54 ans, professeur de menuiserie, fait partie des huit parties civiles qui témoigneront au procès en appel. Le 27 février 2010, il est arrivé à La Faute-sur-Mer avec sa fille Ophélie, 17 ans à l’époque. A 3 heures du matin, ils se sont réveillés dans leur maison remplie d’eau gelée. Ophélie réussit à s’échapper par une fenêtre. Alain la suit, mais un pan de mur s’écroule sur lui. «J’ai été projeté, j’étais désorienté, en panique. Je me cognais aux objets qui flottaient dans le noir. Je ne savais plus où était la fenêtre.» Entre le niveau de l’eau et le plafond, il ne reste que quelques millimètres d’air. Il y passe la bouche, aspire, replonge à la recherche d’une issue, les membres de plus en plus engourdis. «Finalement, j’ai réussi à sortir. Ma fille m’appelait, elle était accrochée à la gouttière. Je ne sentais plus mes jambes. Je ne sais pas où j’ai trouvé la force pour l’attraper et la hisser sur le toit. Ensuite, j’ai compris que je n’avais plus aucune ressource, que je n’arriverai pas à grimper. J’étais au bout, je me laissais glisser vers la mort. A ce moment-là, Ophélie m’a crié : «Je t’aime papa ! Je ne veux pas que tu meures là !» Elle m’a tiré sur le toit.» Alain et Ophélie descellent des tuiles, arrachent de la laine de verre et s’enroulent dedans. Jusqu’à l’arrivée des secours, à midi, Ophélie chante des chansons à son père, pour le garder conscient et couvrir le bruit des cris. «Aujourd’hui, je me réveille toutes les nuits en sursaut, avec la peur de me noyer, dit Alain. Ma fille vit en permanence angoissée. On n’est plus les mêmes.»
Ahmed Bounaceur : «Tous les jours, j’entends les appels de mes enfants»
Ahmed Bounaceur a 52 ans. Il est médecin urgentiste «spécialisé dans le traitement de la douleur» au centre hospitalier de Fontenay-le-Comte (Vendée). En 2007, il achète un terrain à Philippe Babin, et Françoise Babin (mère de Philippe et première adjointe de la Faute-sur-mer) lui signe un permis de construire en quinze jours, vitesse record.
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, il est réveillé par un «sifflement»vers 3 heures du matin. L’eau entre dans sa maison. A 3 h 40, elle lui arrive à la poitrine. Dix minutes plus tard, elle atteint quasiment le plafond. Il essaie d’y faire un trou pour sortir par les combles, en vain. Il plonge par la fenêtre de la chambre pour atteindre le toit par dehors et enlever les tuiles. «Mes souvenirs, c’est les cris de mon fils qui me dit «Pousse, pousse la fenêtre, papa», et qui me donne la force de la briser, a-t-il raconté à la barre du premier procès. J’étais gelé, je n’arrivais presque plus à bouger.» Dans l’eau à 5 degrés, fouetté par le courant, il parvient à s’agripper à la gouttière et à se hisser sur le toit. «J’ai enlevé des tuiles, j’ai fait un trou, j’ai vu ma fille en hypothermie, je l’ai hissée. J’ai cherché les autres. J’ai vu les corps de ma mère et de ma femme.»
Ses fils Ismaël, 4 ans, et Camil, 13 ans, meurent également noyés. Ahmed Bounaceur et sa fille restent seuls sur le toit. «J’ai passé ma nuit, de 4 heures jusqu’à 8 heures, l’oreille sur son cœur, à la frictionner. J’avais peur qu’elle meure aussi. Tous les jours j’entends les appels de mes enfants.»
le 30/Mar/2020 à 09:11
Prefet de la Vendée
le 18/Mar/2020 à 12:02
Municipales à La Faute-sur-Mer : l’ancien maire René Marratier et ses colistiers n’obtiennent aucun siège (France Bleu)
le 16/Mar/2020 à 21:21
Municipales à La Faute-sur-Mer : l’ancien maire René Marratier et ses colistiers n’obtiennent aucun siège (France Bleu)
le 16/Mar/2020 à 20:58
Municipales à La Faute-sur-Mer : l’ancien maire René Marratier et ses colistiers n’obtiennent aucun siège (France Bleu)
le 16/Mar/2020 à 18:09
Les résultats du 1er tour des municipales 2020 La Faute-sur-Mer
le 16/Mar/2020 à 14:35
Municipales à La Faute-sur-Mer : l’ancien maire René Marratier et ses colistiers n’obtiennent aucun siège (France Bleu)
le 16/Mar/2020 à 12:53
Les résultats du 1er tour des municipales 2020 La Faute-sur-Mer
le 16/Mar/2020 à 12:12
Les résultats du 1er tour des municipales 2020 La Faute-sur-Mer
le 16/Mar/2020 à 07:18
Résultats partiels municipales 2020
le 16/Mar/2020 à 06:48
Résultats partiels municipales 2020
le 11/Mar/2020 à 08:05
Cérémonie de Commémoration – discours – Dimanche 1 mars 2020
le 08/Mar/2020 à 21:23
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 08/Mar/2020 à 19:09
Cérémonie de Commémoration – discours – Dimanche 1 mars 2020
le 07/Mar/2020 à 13:13
Cérémonie de Commémoration – discours – Dimanche 1 mars 2020
le 06/Mar/2020 à 15:09
Cérémonie de Commémoration – discours – Dimanche 1 mars 2020
le 06/Mar/2020 à 03:03
Cérémonie de Commémoration – discours – Dimanche 1 mars 2020
le 06/Mar/2020 à 02:53
Cérémonie de Commémoration – discours – Dimanche 1 mars 2020
le 05/Mar/2020 à 09:01
communiqué de presse (Préfecture de Vendée)
le 29/Fév/2020 à 09:55
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 29/Fév/2020 à 09:48
Xynthia : la vie, dix ans après la tempête (1/10) – Élisabeth, la résiliente (france bleu)
le 28/Fév/2020 à 07:19
Xynthia, 10 ans après. À La Faute-sur-Mer, le golf a remplacé les maisons disparues (Ouest France)
le 27/Fév/2020 à 11:12
communiqué de presse (Préfecture de Vendée)
le 27/Fév/2020 à 10:17
Xynthia : la vie, dix ans après la tempête (1/10) – Élisabeth, la résiliente (france bleu)
le 26/Fév/2020 à 16:32
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 26/Fév/2020 à 07:47
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 23/Fév/2020 à 20:25
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 23/Fév/2020 à 18:36
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 22/Fév/2020 à 17:26
Dix ans après le drame de Xynthia, l’ancien maire de La Faute-sur-Mer en Vendée, bien que condamné, se représente (France 3)
le 22/Fév/2020 à 08:06
Allez simple pour le maire de La Faute sur Mer (Ouest France)
le 22/Fév/2020 à 07:48
Xynthia : la vie, dix ans après la tempête (1/10) – Élisabeth, la résiliente (france bleu)