Archive pour le 19 novembre 2015

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Le procès en appel de la tempête Xynthia a repris ce matin avec le rappel des faits et le début des auditions des parties civiles.

Nouvel épreuve que ce procès en appel pour les parties civiles qui espèrent pouvoir tourner la page à son issue.

Nouvelle épreuve que ce procès en appel pour les parties civiles qui espèrent pouvoir tourner la page à son issue.

La cour d’appel de Poitiers est rentrée depuis ce matin dans le vif du sujet dans le cadre du procès en appel dit de la tempête Xynthia. La présidente Michèle Martinez est revenue sur les faits qui se sont déroulés dans la nuit du 27 au 28 février 2010 à La Faute-sur-Mer. Avant que l’audition des premières parties civiles ne commence, elle a déclaré : “Cette affaire sera rejugée dans son intégralité. La situation a pu évoluer. Nous disposons de tout le travail du tribunal et des dépositions, des notes d’audience de la première instance. Nous estimons qu’il est inutile de réentendre tous les témoins de même que de visionner le film et de se rendre sur les lieux”. Puis s’adressant plus particulièrement aux parties civiles : “Ce procès pourra vous paraître plus aride. Le débat oral s’orientera davantage sur les aspects juridiques. Mais ces différences avec la première instance ne doivent pas vous faire craindre un intérêt moindre de notre part”. René Marratier, Françoise et Philippe Babin ainsi que les représentants des sociétés Constructions d’aujourd’hui et Technique d’aujourd’hui ont été appelés à “prendre place sur leurs sièges de prévenus”.

Un statut de victime difficile à acquérir

Première partie civile à être intervenue, la Fenvac (Fédération nationale des victimes d’accidents collectifs) par la voix de son vice-président Yann Méheux. Il est revenu sur le traumatisme subi par les victimes de Xynthia : “Xynthia, ce n’est pas seulement une tempête, c’est l’angoisse de sa propre mort, de la perte des siens et cette angoisse qui persiste après”. Il a également largement insisté sur le statut de victime que les sinistrés et leurs proches ont eu du mal à obtenir : “Au tout début, ils n’ont pas été reconnus comme victimes. On leur disait : “Vous étiez au mauvais endroit au mauvais moment”. Ce déni de leur statut de victime, ce qui est rare dans les catastrophes, a certainement accentué leur angoisse et leur amertume”.

Le comportement de René Marratier (ici avec ses avocats Didier Seban et Mathieu Hénon) après la catastrophe a de nouvelle fois été montré du doigt par des parties civiles.
Le comportement de René Marratier (ici avec ses avocats Didier Seban et Mathieu Hénon) après la catastrophe a de nouvelle fois été montré du doigt par des parties civiles.

La parole a ensuite été donnée à Renaud Pinoit. Le président de l’Avif (Association des victimes des inondations de La Faute-sur-mer) a insisté sur le manque d’action et de réaction du maire de l’époque René Marratier : “Cette association est née pour pallier un certain manque local d’informations. Tout se passait à L’Aiguillon. A La Faute, il n’y avait pas d’intendance réelle. Les sinistrés ont eu l’impression d’être totalement abandonnés par la commune. Il n’y a pas eu de compassion, de retour, de “bonjour, comment ça va ?”. Les victimes étaient isolées par rapport à une mairie totalement absente. D’ailleurs, il n’y a pas eu de minute de silence pendant le premier conseil municipal après la catastrophe”. Et de conclure : “Nous nous sommes battus pendant quatre ans pour avoir un mémorial. Il y avait une volonté de cacher les sinistrés, de les mettre de côté. Il ne fallait pas faire de tort au tourisme, au commerce”.

Les parties civiles appelées ensuite à la barre se sont accordées sur le fait qu’aucun n’avait connaissance du caractère inondable de leurs biens avant leur achat ou construction à l’image de Pierre Métais : “Nulle part sur mes actes il n’était mentionné que mon terrain était inondable”. Quand il l’a appris, il a tenté d’annuler la vente auprès de Françoise Babin qui lui avait vendu ce terrain et qui était alors aussi première adjointe et présidente de la commission urbanisme. “Elle et le géomètre m’ont convaincu me disant qu’avec un niveau de construction plus élevé je ne serai jamais inondé”. La nuit de la tempête, l’eau est pourtant montée à 2,50 mètres dans sa maison… “Aujourd’hui, j’aimerais entendre René Marratier me dire les raisons pour lesquelles il n’a rien fait”.

“La digue a pété, on est perdus”

Comme en première instance, le témoignage très fort d’Elisabeth Tabary qui a perdu son époux Francis et son petit-fils Raphaël, à peine trois ans, a été plein de pudeur face à l’horreur vécue. Son mari qui s’est vu mourir lui disant “La digue a pété on est perdus”, son petit-fils qui s’est éteint dans ses bras et elle qui s’est jetée à l’eau ne voyant pas d’autre issue… Après un coma, un infarctus et des obsèques à organiser, elle a dû gérer l’après :“Je n’avais plus rien, j’ai tout perdu. Vous savez, j’ai déménagé quatre fois en très peu de temps. J’avais l’impression d’être SDF”. Quand elle s’est tournée vers la mairie de La Faute pour demander de l’aide, “j’ai été très mal reçue. On m’a dit que je n’avais pas qu’à être à l’hôpital. De colère, je suis partie à la mairie de L’Aiguillon et, là, j’ai été prise en charge. On m’a beaucoup aidée”. Aujourd’hui, Elisabeth Tabary n’a pas de haine “mais j’aimerais que chacun reconnaisse ses responsabilités. Si nous avions été avertis du danger, mon petit-fils aurait dormi à l’étage et il ne serait pas mort. C’est quelque chose qui me hante”.

“On n’a plus qu’une tombe à La Faute”

Françoise Beauget aussi est hantée, encore plus depuis le premier procès, depuis qu’elle sait de parole d’expert que ses beaux-parents Simone et René qu’elle considérait comme ses propres parents se sont rendus compte qu’ils allaient mourir et que cette mort avait été longue et douloureuse. Ils avaient acheté leur maison à La Faute dans les années 70 et “ils ne craignaient rien. Madame Babin les avaient rassurés, ils lui faisaient confiance”. Françoise Beauget regrette de ne pas avoir su le danger que courraient ses beaux-parents :“Nous serions venus les chercher”. Sa famille a beaucoup souffert après ce drame. Son mari a subi un infarctus sévère, un lien de cause à effet reconnu avec le traumatisme de Xynthia. Son beau-frère a lui été victime d’un cancer, “il s’est laissé mourir”. Quand la présidente lui demande s’il lui reste de la famille à La Faute, elle a cette réponse : “Non, on n’a plus qu’une tombe à La Faute”.

L'ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, et son avocat, Didier Sabin (G), le 19 novembre 2015 au tribunal à Poitiers

L’ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, et son avocat, Didier Sabin (G), le 19 novembre 2015 au tribunal à Poitiers

afp.com/GUILLAUME SOUVANT

Poitiers – « De l’eau partout, jusqu’au plafond », des cris puis « un silence total »: des survivants de la tempête Xynthia ont revécu jeudi devant la cour d’appel de Poitiers leur « traumatisme », intact plus de cinq ans et demi après le drame, qui a fait 29 morts à La Faute-sur-Mer (Vendée).

Condamnés à de la prison ferme en première instance, le 12 décembre 2014, l’ancien maire de la commune, René Marratier, et son ex-adjointe à l’urbanisme, Françoise Babin, sont rejugés pour « homicides involontaires« , après la mort, dans la nuit du 27 au 28 février 2010, de 29 personnes. Des habitants qui avaient péri noyés dans leurs maisons de plain-pied, qui auraient dû comporter un étage en raison du risque de submersion de la digue censée protéger leurs habitations.

Après une suspension de deux jours dès son ouverture lundi pour cause de deuil national, et une audience technique mercredi, le procès est entré dans le vif du sujet jeudi, replongeant dans cette nuit d’horreur la cinquantaine des 146 parties civiles présente dans la salle d’audience, installée dans le hall du palais de justice de Poitiers.

Premier à se présenter à la barre, Pierre Métais explique d’une voix sobre que c’est l’étage de sa maison qui lui a sauvé la vie, l’eau étant « montée à 2,50 m, jusqu’à son plafond » cette nuit du 27 au 28 février 2010.

« En trois minutes, on est passé de 50 cm à 1,10 m. Je dis à ma femme: +Il faut absolument quitter la maison, car si l’eau continue de monter à cette vitesse, on est morts+« , témoigne Gérard Ferchaud, sauvé par les pompiers après avoir passé plusieurs heures avec sa femme sur le toit de la cabine de son bateau « qui flottait dans la cour« , se « frottant l’un contre l’autre » ou « faisant des pompes » pour ne pas geler, le « silence » de la nuit étant « de temps en temps troublé par des appels au secours« .

– ‘Pas d’issue’ –

« De l’eau partout, dans la cuisine, dans la salle à manger« , se souvient également Elisabeth Tabary, qui a perdu son mari et son petit-fils qui allait fêter ses trois ans « mort dans (ses) bras« , dans cette maison achetée en 1999 et qui comportait un étage extérieur, accessible par le garage.

« Mon mari a dit: +La digue a pété, on est perdus+. Je suis montée sur la poignée de la porte et je me suis accrochée à la porte-fenêtre avec le petit sur le côté. (…) Tout d’un coup, il s’est affaissé sur moi, j’ai su qu’il était décédé, il était violet« , a décrit d’une voix très émue Mme Tabary, femme aux cheveux blancs coupés courts.

« Je me suis jetée à l’eau parce que j’ai su qu’il n’y avait pas d’issue. Je me suis réveillée à l’hôpital de La Roche-sur-Yon« , dont elle ne sortira, après un infarctus et un oedème pulmonaire, que pour enterrer son petit-fils, a poursuivi la retraitée, sans « haine« , mais « plus la même depuis cette histoire » et toujours suivie par un psychologue.

« C’est toujours aussi dur pour les parties civiles de venir s’exprimer. (…) Ça montre la persistance des traumatismes, traumatismes — et c’est malheureusement cruellement d’actualité — que les experts en première instance avaient rapprochés des traumatismes de guerre« , a déclaré à la presse Benoît Denis, l’un des avocats de l’Avif, l’association des victimes. « Et les événements dramatiques de ces derniers jours réveillent des douleurs qui sont loin d’être guéries« .

Encore « hantée » par la mort de ses beaux-parents, Françoise Beauget veut entendre lors de ce procès en appel l’ancien maire, René Marratier, dire: « +Je n’ai pas fait mon travail, je n’ai pas pris mes responsabilités+« . Après la destruction de leur maison, « on n’a plus qu’une tombe à La Faute« , conclut-elle.

M. Marratier devrait être interrogé dès lundi après-midi, après l’audition le matin de quatre autres parties civiles. Le procès doit se terminer le 4 décembre.

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