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L'ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, et son avocat, Didier Sabin (G), le 19 novembre 2015 au tribunal à Poitiers

L’ancien maire de La Faute-sur-Mer, René Marratier, et son avocat, Didier Sabin (G), le 19 novembre 2015 au tribunal à Poitiers

afp.com/GUILLAUME SOUVANT

Poitiers – « De l’eau partout, jusqu’au plafond », des cris puis « un silence total »: des survivants de la tempête Xynthia ont revécu jeudi devant la cour d’appel de Poitiers leur « traumatisme », intact plus de cinq ans et demi après le drame, qui a fait 29 morts à La Faute-sur-Mer (Vendée).

Condamnés à de la prison ferme en première instance, le 12 décembre 2014, l’ancien maire de la commune, René Marratier, et son ex-adjointe à l’urbanisme, Françoise Babin, sont rejugés pour « homicides involontaires« , après la mort, dans la nuit du 27 au 28 février 2010, de 29 personnes. Des habitants qui avaient péri noyés dans leurs maisons de plain-pied, qui auraient dû comporter un étage en raison du risque de submersion de la digue censée protéger leurs habitations.

Après une suspension de deux jours dès son ouverture lundi pour cause de deuil national, et une audience technique mercredi, le procès est entré dans le vif du sujet jeudi, replongeant dans cette nuit d’horreur la cinquantaine des 146 parties civiles présente dans la salle d’audience, installée dans le hall du palais de justice de Poitiers.

Premier à se présenter à la barre, Pierre Métais explique d’une voix sobre que c’est l’étage de sa maison qui lui a sauvé la vie, l’eau étant « montée à 2,50 m, jusqu’à son plafond » cette nuit du 27 au 28 février 2010.

« En trois minutes, on est passé de 50 cm à 1,10 m. Je dis à ma femme: +Il faut absolument quitter la maison, car si l’eau continue de monter à cette vitesse, on est morts+« , témoigne Gérard Ferchaud, sauvé par les pompiers après avoir passé plusieurs heures avec sa femme sur le toit de la cabine de son bateau « qui flottait dans la cour« , se « frottant l’un contre l’autre » ou « faisant des pompes » pour ne pas geler, le « silence » de la nuit étant « de temps en temps troublé par des appels au secours« .

– ‘Pas d’issue’ –

« De l’eau partout, dans la cuisine, dans la salle à manger« , se souvient également Elisabeth Tabary, qui a perdu son mari et son petit-fils qui allait fêter ses trois ans « mort dans (ses) bras« , dans cette maison achetée en 1999 et qui comportait un étage extérieur, accessible par le garage.

« Mon mari a dit: +La digue a pété, on est perdus+. Je suis montée sur la poignée de la porte et je me suis accrochée à la porte-fenêtre avec le petit sur le côté. (…) Tout d’un coup, il s’est affaissé sur moi, j’ai su qu’il était décédé, il était violet« , a décrit d’une voix très émue Mme Tabary, femme aux cheveux blancs coupés courts.

« Je me suis jetée à l’eau parce que j’ai su qu’il n’y avait pas d’issue. Je me suis réveillée à l’hôpital de La Roche-sur-Yon« , dont elle ne sortira, après un infarctus et un oedème pulmonaire, que pour enterrer son petit-fils, a poursuivi la retraitée, sans « haine« , mais « plus la même depuis cette histoire » et toujours suivie par un psychologue.

« C’est toujours aussi dur pour les parties civiles de venir s’exprimer. (…) Ça montre la persistance des traumatismes, traumatismes — et c’est malheureusement cruellement d’actualité — que les experts en première instance avaient rapprochés des traumatismes de guerre« , a déclaré à la presse Benoît Denis, l’un des avocats de l’Avif, l’association des victimes. « Et les événements dramatiques de ces derniers jours réveillent des douleurs qui sont loin d’être guéries« .

Encore « hantée » par la mort de ses beaux-parents, Françoise Beauget veut entendre lors de ce procès en appel l’ancien maire, René Marratier, dire: « +Je n’ai pas fait mon travail, je n’ai pas pris mes responsabilités+« . Après la destruction de leur maison, « on n’a plus qu’une tombe à La Faute« , conclut-elle.

M. Marratier devrait être interrogé dès lundi après-midi, après l’audition le matin de quatre autres parties civiles. Le procès doit se terminer le 4 décembre.

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