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Le flot violent a tout ravagé dans les maisons la nuit du 26 février 2010. - Le flot violent a tout ravagé dans les maisons la nuit du 26 février 2010. - (Photo archives Patrick Lavaud)

Le flot violent a tout ravagé dans les maisons la nuit du 26 février 2010. – (Photo archives Patrick Lavaud)

C’était l’heure de la retraite, ils rêvaient d’un pavillon près de la mer. La nuit de la tempête Xynthia, l’eau les a submergés.

 Un rêve les pieds dans l’eau… la tête aussi !

La nuit de la tempête Xynthia, ce 26 février 2010 où pour la première fois de son histoire la Vendée est placée en vigilance rouge, l’eau est montée très vite. Et très haut.
Dans ces lotissements bâtis à La Faute-sur-Mer sur des terres basses, coincées entre l’estuaire du Lay et la mer, le niveau de l’eau est monté jusqu’à 2,80 m. Il a noyé tous ces jolis pavillons de plain-pied bâtis surtout pour des retraités. Des maisons devenues des pièges pour vingt-neuf personnes : seize femmes, dix hommes et trois enfants.

«  Je l’ai mis derrière la porte pour pas que la marée l’emporte  »

Pendant une heure, la présidente Martinez, rappelle les faits de cette nuit de tempête. Le vent et la marée d’équinoxe conjugués poussent une eau glacée et visqueuse au-dessus du remblai de terre servant de digue.
Il est 3 h du matin quand la digue Est est victime d’une surverse, un passage de l’eau au-dessus de sa crête, en cinq points. Elle durera jusqu’au pic de la marée à 4 h 17.
« Les premiers appels aux secours sont parvenus à 3 h 21 », rappelle la présidente. « A 4 h 13 des personnes appellent et disent que l’eau atteint le plafond. »
Après ce récit technique, la cour prend la réalité en pleine figure, les témoignages terribles des victimes piégées par l’eau. Élisabeth Tabary glace l’assistance. « Cette nuit-là, j’ai perdu mon mari et mon petit-fils de deux ans et demi. Ils (NDLR : ses parents) avaient mis dix ans pour l’avoir. Ils étaient arrivés la veille. Nous étions si contents de le voir, on ne l’avait pas revu depuis Noël.
On a joué avec lui toute la soirée. On n’a pas regardé la télé, on n’a pas vu les infos, on n’a pas su pour l’alerte. Quand il a fallu se coucher, on a décidé de garder le petit avec nous en bas. Nos enfants sont montés à l’étage accessible depuis l’extérieur.
L’eau est montée très vite. Mon mari était sous oxygène, il a rapidement été très mal. On s’est dit des choses très personnelles et je savais que c’était fini pour lui. J’ai crié, mais les enfants n’entendaient pas.
J’avais le petit dans les bras, il m’a dit j’ai froid, j’avais déjà de l’eau jusqu’au ventre. Il s’est affaissé sur moi. Il était violet. C’était fini. Je l’ai laissé derrière une porte pour pas que la marée l’emporte. Quand je me suis réveillée, j’étais aux urgences à La Roche-sur-Yon. »
La même question en boucle. La même réponse aussi quand la cour demande : « Vous saviez que vous étiez en zone inondable ? » « Non, on ne nous a rien dit. En mairie, il n’y avait aucune information. Le notaire ne m’a rien dit quand j’ai acheté le terrain », racontent plusieurs personnes.
Pourtant, certains connaissent le secteur de longue date, son histoire, cette langue marécageuse devenue une ville.« Je me souviens qu’avant il y avait des vaches, là, elles avaient souvent de l’eau jusqu’aux rotules », raconte Gérard Ferchaud, sauvé par le bateau qui était posé sur sa remorque dans son jardin.
« Avant, on allait chercher des têtards à cet endroit-là », se souvient Martine Beauget qui pleure ses beaux-parents.« Vingt ans plus tard, c’était devenu une ville. On a oublié le danger. »
La mer a repris ses droits dans ces lotissements bâtis dans une cuvette correspondant au lit majeur du Lay. Et personne n’a voulu vouloir le danger. « On a fait confiance, mais on ne nous a jamais parlé du risque d’inondation », reconnaît Pierre Métais ancien du bâtiment. « Maintenant, je sais qu’une digue c’est une fausse protection. »
A La Faute, l’État a dépensé 118M€ pour racheter et détruire les maisons les plus exposées. « Moi, j’ai plus de maison », remarque Martine. « J’ai une tombe. »

L’audience reprend lundi à 10 h avec l’audition de quatre parties civiles et l’interrogatoire de l’ancien maire René Marratier.

repères

Salves et passes d’armes

Pour la première fois, hier, défense et parties civiles ont commencé à se «  chercher  » tandis que l’ancien maire, René Marratier, essuyait les premières salves venues des témoignages des victimes appelées à la barre.
C’est l’audition du président de l’AVIF, Renaud Pinoit, qui déclenche les hostilités. Il évoque le jour d’après. Ce qui a fait défaut. Le symbolique, les fleurs, les petits mots pour les proches des victimes, l’absence de minute de silence lors du conseil ; et puis l’essentiel, l’évacuation que le maire n’a pas décidée ni organisée en urgence ; l’absence de salle mise à disposition pour les victimes.
« Savez-vous que c’est le préfet qui a décidé que l’accueil des victimes se ferait à L’Aiguillon ? Savez-vous que la doctrine de Sécurité civile prévoit qu’on n’évacue pas dans ces cas-là ? », rétorque Me Seban l’un des trois défenseurs de René Marratier.
« Vous avez été candidat à des élections politiques M. Pinoit » poursuit l’avocat en provoquant un « oh » outré sur les bancs des parties civiles. « C’est donc que vous pensez qu’il y a des choses à améliorer. »
« Oui, je pense qu’on ne peut pas éviter les inondations bien sûr, mais on aurait pu éviter les morts en informant mieux les gens ils auraient pu se préparer se réfugier dans des maisons à étage. »

Emmanuel Coupaye

2 réponses à to “Un rêve les pieds dans l’eau devenu un cauchemar (lanouvellerepublique.fr)”

  • brigitte says:

    Un procès mené tambour battant par la Présidente avec un calendrier très fluctuant. Difficile de suivre pour ceux qui ne sont pas présents tous les jours.

    Le « comité de soutien aux prévenus » était dans la salle mercredi et chacun arborait fièrement un badge : curieux et sans doute interdit à l’intérieur d’un tribunal !!!! Personne jeudi.
    Il leur faudrait pourtant venir tous les jours pour avoir les réponses à leur « litanie des pourquoi » et pour corriger les grosses erreurs « d’appréciation » contenues dans leur communiqué de presse.

    Les audiences reprendront lundi avec, en principe, l’audition de trois parties civiles le matin et l’interrogatoire de M Marratier l’après midi.
    La FENVAC a mis en ligne, sur le site mentionné plus haut dans ce blog, le verbatim des deux premières journées d’audience.

    Bon courage à toutes les victimes pour affronter dignement cette nouvelle épreuve.

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

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