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Comme ceux des Babin, les avocats du dernier prévenu, René Marratier, ont jeté l’opprobre sur les services de l’Etat, minimisant le rôle de leur client dans le procès Xynthia. | AFP.a
Comme ceux des Babin, les avocats du dernier prévenu, René Marratier, ont jeté l’opprobre sur les services de l’Etat, minimisant le rôle de leur client dans le procès Xynthia.
Chacun de ses trois avocats s’est attaché à le démontrer ce mercredi après-midi : le procès de Xynthia, c’est celui de René Marratier, « cet homme de l’ancien temps », « maire d’une petite commune », « un peu bourru », contre les services de l’Etat, des « experts », des « spécialistes ».
« On vous demande de juger un système d’irresponsabilité pour l’Etat et de super-responsabilités pour le maire », tempête Me Seban, le défenseur chargé d’évoquer la personnalité de l’ancien édile de la Faute-sur-mer entre 1989 et 2014, et toujours conseiller municipal.
L’Etat en ligne de mire
René Marratier, retraité de 63 ans et personnage clé du procès, est jugé en appel à Poitiers pour 29 homicides involontaires et mise en danger de la vie d’autrui, après la submersion marine meurtrière de sa commune, dans la nuit du 27 au 28 février 2010.
Aujourd’hui, l’homme « pour qui tout s’est écroulé » et à qui on reproche à chaque intervention des parties civiles un manque de compassion à l’égard des victimes, « broie du noir, se repasse le film des événements. » « Il ne peut pas porter tout seul les conséquences de cette catastrophe », s’énerve son avocat.
La défense des deux autres prévenus, l’ex-adjointe à l’urbanisme Françoise Babin et son fils, président de l’association de surveillance de la digue de la Faute, Philippe Babin, mettait déjà en avant ce mercredi matin, des dysfonctionnements de l’Etat.
Ici, c’est même le silence sourd des services de l’Etat, que fustigent minutieusement, à grand recours de détails techniques, Me Seban, Levy et Hénon. En jetant principalement l’opprobre sur le préfet de l’époque, Lataste, qui aurait dû, à maintes reprises, selon eux, prendre « la place de René Marratier », notamment le soir du 27 février, quand la tempête grondait. Ajoutant : « Les préfets ont mis 10 ans avant de faire un PPRI, c’était leur job, ce pourquoi ils étaient payés. »
« L’Etat ne l’a pas aidé »
Que ce soit pour la mise en place d’un diagnostic des risques de submersion et d’inondation, d’un Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI), à chaque fois, René Marratier a, selon ses défenseurs « demandé l’aide de l’Etat. Mais l’Etat ne l’a pas aidé » alors que « dans cette commune, on va partout s’appuyer sur l’Etat. Il y a des conventions avec l’Etat pour tout ».
Marratier et l’Etat, pour la défense, c’est une relation « ambivalente » de Je t’aime/moi non plus : « Il lui demande tout et dans le même temps s’en méfie », argue Me Seban, soulignant néanmoins un sentiment d’injustice. « On ne peut pas condamner celui-ci à quatre ans de prison et tout passer à l’Etat », clame-t-il, face à son client, l’ex-maire, le « roi René » comme l’appellent certains de ses administrés, qui a les yeux rougis à la fin de sa plaidoirie.
L’affaire est mise en délibéré au 4 avril, à 10 h.
2 réponses à to “Procès Xynthia. La défense de Marratier fustige à nouveau l’Etat (Ouest France)”
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Après avoir mainte fois critiqué le côté compassionnel et donc supposé partial du jugement des Sables d’Olonne, la défense s’est lancée dans une tentative d’apitoiement sur le sort de ce brave M. Marratier, chantage au suicide en prime. « Rien que le droit » avait-elle pourtant dit.
http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2015/12/03/Proces-Xynthia-S-il-avait-su-il-aurait-agi-2552170
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