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La défense a plaidé la relaxe générale, qualifiant les prévenus de « boucs émissaires » des défaillances de l’État. La cour rendra son arrêt le 4 avril.

Procès Xynthia : dernier jour pour les "boucs émissaires"
L’ancien maire de La Faute-sur-Mer René Marratier et son avocat Didier Seban.

Dernier jour du procès Xynthia. Comme au premier, le comité de soutien aux prévenus a affrété un car de supporteurs, direction Poitiers. Ils sont une cinquantaine à monter en rangs serrés les marches du palais. « Tiens, regarde-moi l’autre con… », lâche l’un d’eux en apercevant Renaud Pinoit, président de l’Association des victimes des inondations de La Faute. Dans la petite station vendéenne, la réconciliation entre pro et anti-Marratier n’est pas pour demain.

« La DDE faisait tout »

La défense a le dernier mot. Elle rejoue le match des Sables-d’Olonne. Le « petit maire démuni » face à « l’État tout-puissant ». Les prévenus servent de boucs émissaires pour expier les fautes d’une administration défaillante. Plan de prévention des risques, instruction des permis de construire…

« La DDE [NDLR : Direction départementale de l’équipement] faisait tout, et on ne pouvait rien faire sans elle ni contre elle », plaide Me Charrière-Bournazel. « Françoise Babin a signé ce que des personnes compétentes lui ont demandé de signer », renchérit Me Rocheron-Oury. Et il ajoute : « Il est toujours facile de prédire le passé. Le seul risque envisagé avant Xynthia était celui d’une inondation de 1 mètre, pas plus, sans enjeux humains. »

Les avocats de Françoise et Philippe Babin reviennent sur ce fameux plan de prévention des risques d’inondation appliqué par anticipation à partir de juin 2007. Il lui manquait l’essentiel : la valeur de la cote de référence à partir de laquelle les maisons devaient être construites. « Comment Mme Babin pouvait-elle connaître une cote qui n’existait pas ? Ces carences grossières sont imputables à l’État, pas aux prévenus. »

Un État qui, Me Charrière-Bournazel en est convaincu, a fait pression sur le parquet des Sables-d’Olonne pour qu’il n’aille pas chercher des poux à ses hauts fonctionnaires. « Il préfère une injustice à un désordre. »

Le droit, rien que le droit

« Les juges ne sont pas des professeurs de morale, ils sont là pour appliquer le droit. » Les avocats de René Marratier se relaient pour répondre point par point à l’accusation, reprenant longuement l’argumentaire développé devant le tribunal correctionnel des Sables-d’Olonne. Les « fautes caractérisées », les « manquements délibérés » reprochés à l’ancien maire de La Faute soit n’existent pas, soit sont infondés.

Aucun texte ne lui imposait d’élaborer un plan communal de sauvegarde et un diagnostic de vulnérabilité, assure Me Hénon. Quant à son obligation d’informer la population, elle a été largement remplie, par voie de presse, d’affichage en mairie ou de réunions. René Marratier n’a pas plus failli le jour de la tempête, ajoute Me Lévy.

« Quand un événement déborde du cadre du territoire d’une seule commune, l’alerte et les secours relèvent de la compétence du préfet. M. Marratier, lui, a téléphoné à Philippe Babin et aux sapeurs-pompiers pour s’assurer que la digue ferait l’objet d’une surveillance particulière. » Et puis toujours ce leitmotiv autour de la connaissance du risque : « Personne, ni l’administration ni, encore moins, les élus, n’avait pu imaginer un cataclysme comme Xynthia. »

Le seul élément nouveau, c’est bien sûr le jugement du tribunal des Sables, qui a condamné les trois prévenus à de lourdes peines de prison ferme. La défense en demande en chœur la nullité. Elle lui reproche sa partialité, tant sur la forme que sur le fond. « Un jugement écrit sous le coup de la colère, qui manifeste un violent parti pris à chacune de ses pages, estime Me Hénon. Le tribunal n’a pas tenu compte de la personnalité de M. Marratier, il n’a pas justifié des lourdes condamnations qu’il a prononcées, comme il lui en était fait l’obligation. »

Chaque victime de catastrophe veut son coupable, regrettent les avocats de la défense. On veut faire porter à René Marratier, Françoise et Philippe Babin un chapeau qui n’est pas le leur. La relaxe s’impose. La cour d’appel de Poitiers a mis son arrêt en délibéré au 4 avril.

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Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

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