Dans l’espoir de faire relaxer leur client l’ancien maire de La Faute René Marratier, Me Olivier Seban et ses confrères de la défense ont chargé l’État.
Les avocats de l’ancien maire de La Faute-sur-Mer ont plaidé hier sa relaxe, critiquant un État selon eux intouchable. Jugement le 4 avril 2016.
Une peine d’emprisonnement tuera René Marratier !
Ça a fusé comme un avertissement aux juges. Dans les plaidoiries en défense développées hier pour l’ancien maire de La Faute-sur-Mer, principal prévenu dans le procès en appel dit « de la tempête Xynthia », les avocats ont incité la cour à ne pas confirmer les quatre ans de prison ferme prononcés en correctionnelle à l’encontre de leur client.
Pourquoi ? « Rien dans la personnalité de René Marratier ne justifie une peine d’emprisonnement sans sursis », a attesté l’un d’eux… avant de jouer sur la corde sensible : « Comment envoyer en prison un homme aujourd’hui âgé de 63 ans, quasiment arrivé au soir de sa vie, déjà publiquement brocardé, patron aujourd’hui ruiné ?…»
» C’est faire de lui un monstre qu’il n’est pas »
Crispations de mâchoires côté parties civiles quand l’avocat a ajouté que l’ancien maire « a toujours cru œuvrer au bonheur de ses concitoyens », qu’« il n’a jamais voulu la mort de personne, jamais envisagé de s’enrichir aux dépens de ses administrés ».
A ces parties civiles qui ont toujours accusé René Marratier de manquer d’empathie à leur égard après la catastrophe, cette réponse de la défense : « Lui nier cette émotion, contester la sincérité de sa compassion c’est lui refuser toute humanité. C’est faire de lui un monstre qu’il n’est pas. »
René Marratier ne mérite pas les barreaux. De toute façon, de quoi serait-il coupable ?, se sont insurgés ses avocats. On lui reproche d’avoir, des années durant, minimisé voire occulté le risque ? Les avocats démentent, rappellent d’abord qu’aucun texte ne l’y contraignait, disent aussi avoir compté que, entre autres initiatives et au cours des dix années précédant Xynthia, la question du risque a été évoquée trente et une fois en conseil municipal.
L’ancien maire n’a pas fait établir le diagnostic de vulnérabilité de la digue qu’on lui réclamait ? « S’il n’a pas été réalisé, c’est de la seule faute des services de l’État. Le maire de La Faute avait accepté l’aide que lui proposait le préfet, mais rien n’est jamais arrivé : le courrier de M. Marratier s’est sans doute perdu dans les méandres de l’administration ! »
Au soir de la tempête, le maire n’a pas relayé les alertes, on lui reproche de ne pas s’être inquiété, d’avoir sous-estimé la violence du phénomène ? La défense réplique que l’«archaïque » processus d’alerte à la française « ne permet pas d’avoir idée de l’intensité du risque ».
Qu’à 3 h 15 du matin
« Le soir de la tempête, M. Marratier a pensé aux vents violents qu’il entendait. Il a aussi pensé à la tempête de 1999, tempête qui n’avait fait aucune victime. » Comment aurait-il pu dès lors, mesurer le danger sachant que « ce n’est qu’à 3 h 15 du matin qu’on a soudain pris conscience du risque de submersion marine » ?
« Ce soir-là, le maire de La Faute n’a pas quitté le navire. Après être allé au restaurant, il est rentré chez lui, il a regardé la télé et il s’est couché. Comme les autres conseillers municipaux. C’est la meilleure démonstration du fait qu’il n’avait pas conscience de l’ampleur du risque. S’il avait su, il aurait agi… »
La cour a mis son jugement en délibéré au lundi 4 avril 2016.
Une réponse à to “Procès Xynthia : » S’il avait su, il aurait agi » (lanouvellerepublique.fr)”
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Les avocats font le boulot pour lequel ils sont payés mais quand même !!!!
Le chantage au suicide, c’est choquant. Dire qu’à 63 ans on est arrivé « au soir de sa vie », je n’apprécie pas beaucoup non plus. Si là, on ne fait pas dans le compassionnel, j’y perds mon latin. En tous les cas voilà des arguments qui ne pèseront pas très lourd devant la Justice qui juge sur des faits et non des impressions.
Les avocats de Mme Babin ont, eux aussi, employé des phrases choquantes qu’aucun journaliste n’a retranscrit (en dehors des twitts). A voir sur le compte rendu de la Fenvac lorsqu’il sera publié.
Pendant 10 ans j’ai assisté à presque tous les conseils municipaux (en prenant des notes) et si « les risques ont été évoqués 31 fois », cela a été fait beaucoup pour le camping municipal qui menaçait de fermer et très très peu pour la « cuvette » et toujours sur le ton de la raillerie ou de l’exaspération contre ses méchants fonctionnaires qui « prenaient des décisions sans connaître le terrain ». Le camping municipal avait une position bien particulière en étant établi sur le DPM et son caractère inondable, évident pour tous les Fautais, n’impliquait pas forcément, aux yeux du quidam moyen un risque d’inondation ailleurs.