Le directeur général des services qui devient maire est tout de suite opérationnel. Le changement de costume n’est pourtant pas si aisé.
Se présenter pour un mandat de premier magistrat d’une commune pendant ou après une carrière de direction générale. L’évolution peut sembler naturelle. Et apporter beaucoup à la commune sur le plan opérationnel. Bien souvent, d’ailleurs, les cadres territoriaux basculent vers un mandat électoral « parce qu’on est venu les chercher », « pour rendre service » ou pour « assurer une mission ».
« Sans la tempête Xynthia de 2010 qui a bouleversé le paysage local avec 29 morts, des familles meurtries, 600 maisons déconstruites, l’ancien édile condamné, je ne serais pas devenu maire. Je n’en avais pas la vocation », assure Patrick Jouin, maire (DVG) de La Faute-sur-Mer (680 hab., Vendée). Pour expliquer ce choix fait à 57 ans, il parle d’un « petit grain de folie ». L’homme menait alors une brillante carrière dans la territoriale et avait même « envie » de poursuivre en tant que DG de la région Pays de la Loire, mais l’incompatibilité juridique l’a poussé à trancher.
Sens du devoir et du résultat
Redonner une âme à une collectivité meurtrie ou en déperdition constitue un défi qu’un DGS, formaté par le sens du devoir et du résultat, relève aisément. Les différents projets pour faire revivre La Faute-sur-Mer sont en cours (golf, centre équestre, parc urbain de loisirs d’accès libre, pistes cyclables…), malgré des finances en berne en raison de multiples contentieux, de la baisse des dotations et de son budget réduit de 27 % en quatre ans.
C’est aussi par challenge que Raymond Ricci, le DGS de Cagnes-sur-Mer (47 800 hab., Alpes-Maritimes) a assumé la fonction de maire (DVD) de Beuil (520 hab., Alpes-Maritimes) de 2003 à 2014. La collectivité était au bord de la tutelle à son arrivée et perdait ses habitants. A la sortie, la petite commune de montagne avait retrouvé un certain rayonnement.
La connaissance des interlocuteurs locaux (services d’Etat compris) et du fonctionnement des différents partenaires de la commune aide à aller vite et à anticiper. Mais le carnet d’adresses et l’expérience peuvent aussi desservir. « Peut-être ai-je été dans certains cas trop DG de région et pas assez petit maire complaisant, réagit avec le recul Patrick Jouin. En local, cela a parfois été mal vu d’être allé demander des arbitrages à Matignon. »
Pour les DGS assumant aussi un mandat de maire s’ajoute la gestion de la relation avec le maire patron. Un écueil qui disparaît lorsque celui-ci pousse son DGS à devenir maire, comme l’a fait Louis Nègre (maire [LR] de Cagnes-sur-Mer) avec Raymond Ricci.
Cumuler la fonction de maire avec celle de DGS est épuisant, demande des sacrifices personnels importants et, surtout, une grande prudence pour ne pas mélanger les genres. Pascal Turri, à la fois DGS de Sierentz (3 500 hab., Haut-Rhin) et maire (LR) de Stetten (350 hab., Haut-Rhin), deux communes situées dans la même intercommunalité, s’est fixé comme règle « d’avoir la bonne veste sur les bonnes épaules, de ne jamais mélanger les rôles. C’est une question de discipline et de rigueur. Globalement, cela s’est bien passé avec mes interlocuteurs, collègues, élus, car ils ont toujours respecté ma position », se réjouit-il.
Chacun à sa place
Rester en retrait de la gestion des services constitue un autre défi de taille. Alain Bensakoun, devenu adjoint au maire de la ville d’Alès (42 000 hab., Gard) après avoir été DGS durant quatre mandats dans la même commune, a pris le parti « d’essayer de faire abstraction de l’ancien métier. Je reste sur la stratégie du développement du territoire et sur la représentation de l’exécutif. Je n’ai pas de délégation RH. Je ne voulais pas retrouver mes anciens cadres. Je connais tout le monde. » Elu comme agents essaient de rester à leur place, par « éthique ».
Certains DGS devenus maires ne parviennent pas à ne pas intervenir dans la gestion des services. « Or le manque de clarification sur les périmètres d’intervention entre l’élu et la direction générale peut se révéler parfois très coûteux. Chacun doit reconnaître la légitimité de l’autre : démocratique pour l’élu, relevant de l’expertise technique pour le DGS », estime Laurence Durat, enseignante-chercheuse à l’université de haute Alsace.
La posture s’avère d’autant plus compliquée que le maire manager doit être hyper vigilant sur les actes de la commune. En tant qu’expert averti du fonctionnement des collectivités, il n’a pas le droit de se tromper par rapport aux divers contrôles, de légalité notamment. « Je suis plus attentif et j’essaie de travailler de manière professionnelle en tant qu’élu », explique Pascal Turri, DGS depuis vingt-huit ans et maire depuis 2001. « En tant qu’élu, je ne me suis pas transformé en super-chef de service. Je reste dans mon rôle d’élu, il faut être disponible pour la population. C’est déjà un investissement important. »
Même avec de l’expérience dans la territoriale, le rôle de maire réserve certaines surprises. « L’élu est plus proche des problèmes que dans l’administration, analyse Raymond Ricci. J’ai découvert ceux de l’assainissement, je ne savais pas ce que c’était. Le maire est un touche-à-tout. »
2 réponses à to “Portrait-robot : le maire manager (lagazettedescommunes.com)”
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La Faute-sur-Mer. Des sacs big-bags font face à la Belle-Henriette
Ouest-France
La préfecture et la municipalité tiennent à rassurer la population. La présence de ces sacs sur la place n’a aucun impact, ni écologique, ni sur le plan …
https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/la-faute-sur-mer-85460/la-faute-sur-mer-des-sacs-big-bags-font-face-la-belle-henriette-5391752
Les images sont saisissantes. Sur la plage de la Belle Henriette à la Faute-sur-Mer en Vendée, le cordon dunaire consolidé après le passage de la tempête Xynthia en février 2010 a été mis à mal. Au fil des ans et des intempéries, les sacs géants n’ont pas résisté.
http://france3-regions.francetvinfo.fr/pays-de-la-loire/vendee/faute-mer-consolidation-du-cordon-dunaire-cede-1369037.html