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La tempête a balayé les lotissements la nuit du 27 février, laissant au petit matin 29 victimes. Notre envoyée spéciale à La Faute-sur-Mer, Doan Bui, s’est procuré les procès-verbaux qui montrent que, des élus locaux aux services de l’Etat, tous ont fermé les yeux sur le danger de construire si près de la mer, en zone inondable.

La Faute-sur-Mer après le passage de la tempête Xynthia  (AFP)
La Faute-sur-Mer après le passage de la tempête Xynthia (AFP)

Sur toutes les maisons, une croix à la peinture rouge tracée à la hâte. Comme une balafre, comme un signe de sang apposé par le Dieu vengeur de l’Exode. A La Faute-sur-Mer, dans les lotissements des Doris et des Voiliers, l’eau meurtrière n’a épargné aucune maison. C’était il y a un mois, mais les stigmates sont encore là, blessures béantes et incongrues dans ce paysage de pins, plages et congés payés.
Dans les jardins, tout n’a pas encore été déblayé. On trouve des frigos avec des tickets de caisse du Super U aimantés sur leur porte, des congélateurs éventrés vomissant des cartons de surgelés Findus, un pot de Nutella, un lit bébé… Les sinistrés continuent à nettoyer, ranger, argumenter face aux experts des assurances. Dans ce quartier, grand comme un mouchoir de poche, on compte une centaine de pavillons au plus. Mais c’est là qu’on a dénombré le plus de morts. 29 au total. Cette nuit funeste, la mort a joué à pile ou face entre voisins et voisines. Certains ont vu « la dame de la maison qui fait le coin », une sexagénaire qui vivait seule, taper désespérément sur sa fenêtre double vitrage pour échapper à la noyade. En vain. A quelques mètres de là, un couple de retraités est resté prisonnier de ses volets électriques. Sans courant, impossible de les remonter. Un peu plus loin, le fracas de la vague a sorti du sommeil une famille avec trois enfants. Le père s’est extirpé in extremis de la maison avec sa petite fille ; derrière eux sa femme et ses deux fils ont péri noyés. Ils venaient juste d’acquérir ce pavillon de vacances. René, cantonnier retraité, de Nancy, n’en revient pas de sa chance. Il n’était pas à La Faute ce week-end-là. Il ramasse aujourd’hui quelques objets dans les décombres de sa maison achetée au début des années 2000. « C’était notre rêve, une maison à la mer. On est beaucoup à être arrivés en même temps. Les gens se connaissaient, s’ entraidaient. La tempête a tout balayé. »

Cuvette collée à la digue

A La Faute, pourtant, on n’a même pas eu le temps de pleurer les morts. Dès le lendemain, la polémique a été lancée. A qui la faute ? Des boucs émissaires, vite ! C’est Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée, qui a dégainé le premier. Ajustant dans son viseur les maires, accusés d’avoir accordé trop de permis de construire, et les promoteurs, qui « ont fait du fric ». Ah ! si seulement le conseil général, déplorait-il, « avait une compétence juridique » pour l’urbanisation du littoral ! Belle envolée.

Seulement voilà : interdire l’installation de ces lotissements dans cette « cuvette » était possible et le conseil général a eu l’occasion de faire entendre sa voix. Mais il ne l’a pas fait. En témoignent les documents exclusifs que nous avons pu nous procurer. Situés en bord de mer, les lotissements des Doris et des Voiliers ont été soumis en 1999 et en 2002 à la commission des sites, qui rassemble des élus locaux, des représentants des services de l’Etat et, à tout seigneur tout honneur, des représentants du conseil général. C’est en l’occurrence le premier vice-président du conseil de l’époque, peu soupçonnable d’anti-villiérisme, qui siégeait. Les PV sont accablants (voir encadré). Et les votes en faveur des constructions écrasants. A tous les échelons, on a fermé les yeux. « Philippe de Villiers a toujours défendu le tourisme et l’urbanisation horizontale, bref, tous ces petits pavillons près de la côte. Résultat, on a très peu de barres, mais vu la demande il y a un cruel manque de place. Alors on va chercher des terres à tout prix », dit Sylviane Bulteau, conseillère régionale PS. Philippe de Villiers n’a pas été le seul à lancer des écrans de fumée. Nicolas Sarkozy, venu mi-mars en Vendée, a fustigé justement une « cascade de décisions litigieuses ». Oubliant juste qu’il préconisait voilà à peine un an un assouplissement de la législation pour que les terrains inondables deviennent constructibles !

Pourquoi tant de cécité ? Pourquoi donc a-t-on construit dans cette cuvette ces maisons de pêcheurs, collées à la digue et à la rivière du Lay, sans pilotis ni étages pour affronter une crue ? A La Faute, tout le monde savait les zones inondables. « Avant, il y avait là des vaches, elles avaient toujours les pieds dans l’eau. Ils ont remblayé pour faire les maisons », se rappelle Renaud, un habitant. Pourtant, l’attrait de la petite maison près de la mer a été le plus fort. Les permis de construire ont été accordés. Dans les règles.

La direction départementale de l’équipement (DDE) avait donné un avis favorable. Et le préfet d’alors n’avait pas annulé les permis, en formulant un recours en justice, comme il en a le pouvoir. « La pression des élus locaux pour construire est forte. Souvent, les représentants de l’Etat qui parlent de sécurité passent pour des enquiquineurs. Des gens de la ville qui ne connaissent rien, contrairement à ceux du cru », explique-t-on à la préfecture de la Vendée. Et puis les préfets passent – le dernier en date est arrivé une semaine avant le drame. Les élus locaux, eux, restent. René Marratier, maire de La Faute, a été réélu aux dernières municipales à plus de 60% pour un quatrième mandat. Entre La Faute et la préfecture, les batailles ont été homériques. Le plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) préconisé en 2001 a fait l’objet de six ans d’âpres négociations. Sans avancer d’un pouce. En 2007, le nouveau préfet perd patience et décide d’imposer l’application du PPRI. Il est trop tard pour les Doris et les Voiliers, déjà construits. « Depuis, tous les permis de construire dans les zones rouges sont interdits. Pour les permis des Doris et des Voiliers, il n’y avait pas le cadre juridique pour les rejeter », dit Béatrice Lagarde, la sous préfète des Sables-d’Olonne, arrivée il y a un an. En septembre 2009, une réunion consacrée au durcissement du PPRI et à l’extension des zones interdites à toute construction a donné lieu a une passe d’armes. Le ton est monté. René Marratier, l’édile de La Faute, a clamé que « les digues ne casseraient jamais ». La sous-préfète est sortie de ses gonds : « Je souhaite pour vous qu’il n’y ait jamais de morts. »

Pourquoi René Marratier aurait-il douté ? Pourquoi accorder foi aux expertises alors que tout le monde était derrière lui ? Y compris la justice. Quand la préfecture a imposé la fermeture du camping municipal, en pleine zone inondable, toute la commune a manifesté. 1 000 personnes, dont des conseillers généraux venus apporter leur soutien. Attaquée devant le tribunal administratif, la préfecture a perdu. Le camping est resté ouvert. La nuit du 27 février, il a été balayé par les eaux. Heureusement, il était vide.

En pleine saison, c’est par centaines qu’il aurait fallu compter les morts. Des études, il y en a eu. Ainsi que des mises en garde, timides et isolées. Mais trop tard, là encore. En témoignent les deux enquêtes publiques que nous avons pu nous procurer. L’enquête publique sur les Doris a été diligentée en… 2006, soit sept ans après l’attribution des permis de construire. Elle conclut par un avis favorable, car il faut remplir la »dent creuse inesthétique » que constitue le bout de terrain encore vierge de pavillons. Le commissaire enquêteur suggère cependant de prévoir des étages aux constructions pour mettre les personnes et les installations électriques à l’abri, des recommandations bien dérisoires puisque le lotissement était déjà construit à 90%… Combien de vies sauvées, si ces étages avaient été prévus dès le début ?

La justice remontera-t-elle la chaîne des responsabilités ? Services de l’Etat, conseil général, préfecture : difficile de porter l’estocade quand les uns et les autres se renvoient la balle, comme dans une partie de flipper. Pour l’instant, Philippe Babin, patron de l’Agence de la Plage à La Faute-sur-Mer, joue le rôle du méchant promoteur. « D’où viennent ces gens qui ont détruit nos dunes ? », fustigeait au premier jour Philippe de Villiers.

Réponse : de pas très loin. Philippe Babin est fautais depuis trois générations. Sa mère est ajointe au maire et responsable de l’urbanisme. Il fait un bouc émissaire parfait. La famille Babin possédait des terrains dans la cuvette. Aux Voiliers, la Sarl Babin a construit 35 lotissements. Pour lesquels les permis de construire ont été accordés sans trop de problèmes, on s’en doute. « On a tout fait dans le respect des lois », se défend aujourd’hui Philippe Babin. Ce qui, stricto sensu, est vrai. Même si l’argument est inaudible… « Evidemment qu’il y a eu des collusions d’intérêts. Mais dans de si petites communes, il y en a beaucoup de ce genre », remarque un connaisseur de la région.

L’autre homme sur le gril, c’est René Marratier, le maire enfermé dans un silence buté depuis les événements. « On ne le croise même plus dans la rue », constate un habitant.

La meilleure défense, c’est l’attaque ? Dès les premiers jours, une pétition de soutien en sa faveur a circulé. Elle était sur le comptoir de tous les commerces sauf à la pharmacie, dont la propriétaire est une des rares « opposantes », ce qui lui a fait perdre des clients. Mercredi dernier, le conseil municipal s’est tenu dans une ambiance à couper au couteau. Le maire a annoncé que, pour se protéger des recours éventuels, il allait demander à Olivier Metzner, ténor du barreau parisien, conseil de Philippe de Villepin dans l’affaire Clear stream, d’assurer sa défense. Pourtant, si une enquête préliminaire est en cours au parquet des Sables-d’Olonne, «procédure usuelle en cas de décès », dit le procureur, il n’y a pour l’heure aucune plainte déposée. « C’est préventif, nous explique Olivier Metzner. Dans une catastrophe naturelle comme celle-là, comme on ne peut attaquer ni le vent ni la mer, on se dirige vers la cible la plus aisée : l’élu local. » L’écoeurement gagne André Rossignol. Ce marin pêcheur, Fautais depuis des générations, a tout perdu le soir où Xynthia a dévasté les côtes. Il lâche : « On va monter une association de victimes, parce qu’on se dit que, parti comme c’est, c’est bientôt nous les sinistrés qu’on va accuser… »

Exclusif : des commissions bien indulgentes

La  Faute-sur-Mer doculent exclusif 1

Ils sont tous là. Dans la commission des sites, chargée de donner son aval pour la construction de lotissements en bord de mer, siègent des représentants du conseil général, des élus locaux, des services de l’Etat (direction de l’environnement, direction de l’équipement, entre autres), des associations écolos, le tout sous la présidence du secrétaire général de la préfecture de Vendée. « C’est un théâtre d’ombres. Le conseil général soutient les élus locaux. Les pressions pour construire sont telles qu’en général les écolos sont les seuls à voter contre, et encore… », dit un connaisseur du dossier. De fait, l’Adeve, l’une des associations écolos membres de la commission, a été carrément radiée de la fédération nationale, France Nature Environnement, et ce pour cause de positions trop proches des lobbies agricoles, une première. En 1999, la commission se prononce sur le lotissement des Doris n’y a pas l’ombre d’un débat. Le chef de l’urbanisme propose un avis favorable, car la « digue permet de masquer les vues à partir rive gauche de la rivière ». Traduisez : puisque le lotissement ne gâche pas le paysage et que l’esthétique est sauvée, allons-y gaiement ! Les Doris sont approuvés à 10 voix pour, 1 contre. Les constructions peuvent commencer. En 2002, la commission est saisie du lotissement les Voiliers, contigu aux Doris. Un échange surréaliste où les présents dissertent de la solidité de la digue « roulable sur 20 mètres », de la classification en zone humide ou herbacée. Herbacée, répond le maire. Une seule voix écolo s’interroge sur « les problèmes de sécurité », vu que le projet se situe à « une altitude de 2 ou 3 mètres ».

L’objection n’est pas retenue. Les Voiliers sont approuvés à 10 voix pour, 2 contre, 2 abstentions. Vient en juillet 2005 l’étape de la commission de sécurité pour les Voiliers. Tous les services de l’Etat sont représentés, il s’agit d’obtenir l’avis de la DDE pour le permis de construire. « Les risques d’inondation interdisent l’implantation du lotissement », prévient une association, qui pointe « la difficulté d’évacuation des eaux du fait de la vase », qui aurait des conséquences « catastrophiques en cas de crue ». 8 pour, 4 contre : la DDE donne un avis favorable.

Exclusif : une enquête trop tardive

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Une enquête publique a été diligentée sur les deux lotissements. Il s’agissait de vérifier la conformité à la loi sur l’eau, qui s’intéresse entre autres aux problèmes d’évacuation des eaux. Pour les Voiliers, l’enquête a lieu en mars 2005. Le commissaire enquêteur donne un avis favorable car, malgré « un niveau de risques d’inondation réels », « le lotissement, une fois habité, viendra relier deux autres lotissements et comblera de fait une dent creuse, inesthétique ». Il suggère cependant que « des mises en garde soient faites aux propriétaires quant à l’emplacement des installations électriques privatives (prises en hauteur, [ …] pas de planchers électriques chauffants) ». Plus étrangement, l’enquête pour le lotissement plus ancien des Doris n’a eu lieu qu’en juin 2006, soit sept ans après les autorisations de construire ! Le commissaire constate d’ailleurs que « le lotissement est déjà réalisé à 90% ». Vigilant, il a appelé de son propre chef la direction des affaires maritimes – qui « estime le dossier recevable » – et la DDE, au sujet du PPRI (le plan de prévention des risques d’inondation). Pas de veto.

Soulignant le « parfait état des digues », il conclut donc que, « vis-à-vis des inondations, le lotissement est sécurisé ». Le commissaire suggère cependant que « les constructions restantes soient rehaussées d’un étage ( …) afin que les habitants puissent s’y réfugier en cas de crue catastrophique ». Aux Doris et aux Voiliers, il n’y a quasiment pas de maisons à étage. En 2006, Thierry Berlemont, habitant des Doris, avait demandé un permis d’agrandissement, pour construire une chambre et un étage en plus. La demande a été refusée. Motif : l’étage aurait nui à l’esthétique de l’ensemble. Thierry Berlemont a sauvé ses filles et son épouse in extremis en la portant sur son dos : elle ne sait pas nager.

Doan Bui

Un mois après Xynthia, les digues ont tenu en Vendée malgré les grandes marées de ces deux derniers jours. Alors que l’on continue sur place à panser les plaies de la tempête, qui a fait 53 morts, un pré-rapport d’enquête qui doit déterminer les responsabilités dans ces décès vient d’arriver sur le bureau du président de la République.

Le Canard Enchaîné en dévoile la teneur dans son édition de mercredi.

D’après le journal, ce document souligne le rôle des élus locaux qui ont «bétonné sans vergogne» la côte vendéenne, accordant des permis de construire dans les zones dont la dangerosité était bien connue et qui se sont avérées les plus meurtrières le 28 février dernier.

Selon le Canard, le pré-rapport montre notamment l’intervention, il y a neuf ans, du député de Vendée, Dominique Caillaud (UMP) auprès du préfet du département (devenu aujourd’hui, nous apprend le journal, directeur de cabinet du Premier ministre). Le député demandait que l’Etat revoit sa décision de fermeture du camping municipal de la Faute-sur-Mer, commune qui a payé le plus lourd tribut à la tempête. Motif de cette décision : ce camping baptisé la Côte de lumière est construit illégalement sur le domaine maritime, dans une zone qui présenterait «un risque d’inondation par rupture de digue». «Il semblerait qu’aucun incident de ce type ne se soit jamais produit et que ce risque soit nul», plaidait Dominique Caillaud.

Le rapport pourrait être transmis à la justice

Trois ans plus tard, un sénateur UMP, Jacques Oudin, revenait à la charge, expliquant qu’«actuellement, le camping de la Faute-sur-Mer se trouve parfaitement protégé de toute menace de submersion maritime». Ledit camping a été totalement dévasté le 28 février dernier.

Le Canard dévoile également comment des permis de construire ont été accordés à la pelle dans les endroits où Xynthia a pris le plus grand nombre de vies. Ainsi le lotissement des Dorris, à la Faute, où 29 personnes ont trouvé la mort, a vu le jour après l’obtention d’un permis de lotir en contrebas de la digue signé par le maire, René Marratier, en octobre 1999. Selon le Canard, la construction du lotissement est alors confiée à une association foncière urbaine dont la première adjointe est d’ailleurs membre. Elle signera de nombreux permis de construire dans la zone, dont certains sur les terrains détenus par son propre fils, agent immobilier.

Et le Canard de révéler que le permis de construire du lot 29 d’un des lotissements a été délivré en 2007, alors que l’acte stipule que le terrain est situé en zone bleu foncé à savoir «dans une zone d’alea moyen à fort de submersion marine». Xynthia a tué deux adultes et deux enfants dans le pavillon construit sur ce lot.

Le pré-rapport d’enquête sera complété par une version définitive, qui devrait être rendue dans la première quinzaine d’avril. D’après le Canard, elle pourrait atterrir sur le bureau d’un juge. A lui alors de déterminer si les intérêts de certains ne l’ont pas emporté sur la protection des habitants.

VENDEE

J.Cl. | 12.03.2010, 08h13 | Mise à jour : 11h19

Xynthia a fait 53 victimes, dont la moitié à La Faute-sur-Mer, commune dont le territoire, en-deçà du niveau de la mer, a été presque entièrement immergé. Libération révèle vendredi matin que des autorisations de construction dans des quartiers jugés à fort risque par la préfecture de Vendée ont été données par l’élue en charge de l’urbanisme, alors qu’elle avait de forts intérêts personnels à la promotion immobilière.
Alors que sur les permis de construire apparaît une mention informant du risque «moyen à fort de submersion marine» conformément à un arrêté préfectoral du 12 juillet 2007, la mairie de la Faute-sur-Mer a délivré des permis de construire en grande quantité.

Le quotidien dénonce une frénésie immobilière : «Près d’une centaine de pavillons ont été édifiés depuis une dizaine d’années» dans les secteurs des Doris et des Voiliers, très meurtris par la tempête du 28 février. Le 1er octobre 1999, le maire donne ainsi son feu vert à l’urbanisation des Doris, qui comptent 84 terrains à bâtir. Un lotissement y est réalisé par une association foncière urbaine pilotée par cinq associés, dont l’adjointe à l’urbanisme. De fait, dans les années qui suivent, cette élue signe plusieurs permis de construire pour approuver la construction des maisons.

Un lotissement réalisé par le fils de l’élue

Aux Voiliers, selon Libé, le lotissement est réalisé par le fils de cette élue. 35 lots à usage d’habitation lui sont fixés. «Propriétaire des terrains et parfois promoteur immobilier, il vend des espaces ou des maisons en Véfa, vente en état futur d’achèvement». Des permis de construire sont signés par sa mère, que le quotidien n’est pas parvenu à joindre. Son fils, en revanche, défend que les constructions ont été réalisées conformément aux règles édictées.

Si c’est le cas, le quotidien relève en tout cas la collusion des intérêts locaux et privés. Et démontre que, pour défendre le développement de leurs communes, nombreux sont les élus à avoir tenté de négocier avec les préfectures des aménagements aux plans de prévention du risque inondation. S’il avait été validé en Vendée, le PPRI aurait décrété en zone rouge les Doris et les Voiliers, et d’autres secteurs de la Faute-sur-Mer et de sa voisine l’Aiguillon, rendant impossible toute construction.

Ces collusions ont d’ailleurs conduit, dimanche dernier dans Le Parisien-Aujourd’hui en France, Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée, à réclamer le retrait des permis de construire aux maires.

La colère monte du coté des sinistrés.

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La polémique enfle dans une Vendée tiraillée entre le deuil et la volonté de reconstruire. A La Faute-sur-Mer, l’équipe municipale est montrée du doigt.

Tempête Xynthia faute sur mer
Paru dans leJDD

Les dégâts sont lourds. (Rodolphe Escher/JDD)

Meurtrie, La Faute-sur-Mer n’avait pas besoin d’une polémique. Une polémique qui instaure un climat de suspicion, pesant dans la commune vendéenne la plus endeuillée par la tempête. Dimanche dernier, Xynthia et
l’océan ont dévasté plus de 600 maisons et tué 29 personnes. Aujourd’hui, l’eau s’est retirée et les langues se délient pour chercher des coupables. Des soupçons planent sur l’équipe municipale: selon Europe 1, la première adjointe
au maire chargée de l’urbanisme, Françoise Babin, aurait délivré des permis de construire de complaisance. Une administrée lui reproche d’avoir aidé son fils Philippe, agent immobilier sur la commune, à obtenir des permis pour deux lotissements implantés derrière la digue, le village des Doris et celui des Babins, sortis de terre en 1999.

Philippe Babin se sent injustement pointé du doigt. Il confie au JDD son indignation: « Ces accusations sont graves et totalement infondées. On nous accuse, ma mère et moi, de prise illégale d’intérêts, de pots-de-vin, de combines
en famille et entre amis, c’est surréaliste! » Le promoteur et agent immobilier s’étonne d’être mis en accusation pour des permis concernant le lotissement des Doris. « Je n’ai construit aucune maison sur les Doris, précise-t-il. Et pour les Babins, tout a été fait dans les règles. Il n’y a jamais eu de plainte de la préfecture sur ce dossier [ce que confirme la préfecture]. Et la direction départementale de l’équipement a donné un avis favorable pour ces constructions. » Selon lui, son lien de parenté avec l’adjointe chargée de l’urbanisme ne le favorise en aucun cas. « La preuve: lorsque j’ai demandé un permis pour agrandir ma propre maison, on me l’a toujours refusé. »

Règlements de comptes politiques?

L’affaire prend des allures de règlements de comptes puisque les accusations sont proférées par un membre de l’opposition municipale. La même qui se bat depuis deux ans pour alerter le maire sur les risques de rupture des digues avec, à l’appui, un rapport de la DDE de Vendée rendu public en 2008. L’étude avait souligné les risques de submersion pour 3.000 maisons de La Faute-sur- Mer bâties derrière les digues, des digues âgées de 80 ans et mal entretenues. Une mise en garde à laquelle la mairie de La Faute est restée sourde. Jusqu’à il y a quelques semaines et le début des travaux d’enrochement.

La tempête Xynthia a jeté une lumière crue sur l’urbanisation à tout prix du littoral et La Faute-sur-Mer est au coeur de cette problématique. « Entre la pression foncière et la pression écologiste, les élus locaux cèdent bien souvent à la première« , déplore Benoît Gros, du Comité pour la protection de la nature et des sites de Vendée. L’ancien préfet du département Thierry Lataste, connu pour son souci à l’égard de l’environnement, a empêché bon nombre de dérives sur la côte. Quitte à régler les conflits devant la justice. Le maire de La Faute, René Marratier (qui n’a pas souhaité répondre au JDD), a obtenu gain de cause il y a trois ans devant la cour administrative d’appel de Nantes contre la préfecture de Vendée pour le permis de construire d’un camping en bordure d’un estuaire. Le terrain de camping a été inondé par la tempête, heureusement déserté en cette période hivernale.

« Les gens ont acheté en connaissance de cause« 

Marc Coutereel, directeur du Conseil d’architecture, d’urbanismeet d’environnement de Vendée, organisme qui conseille les communes dans l’élaboration de leur plan local d’urbanisation, admet qu’à La Faute et sur les communes voisines, « tout le monde savait que l’on flirtait avec un risque, mais [que] personne n’avait envisagé une telle catastrophe« . L’architecte explique que « la règle est de construire à partir de 4 m au-dessus du niveau de la mer (une cote
fondée sur les crues centennales). Le maire de La Faute-sur-Mer a autorisé des constructions à 3,90 m, donc au-dessus de ce niveau. C’est un peu limite, il est vrai. »

« Les gens qui ont acheté leur maison l’ont fait en connaissance de cause, souffle un notaire vendéen. Ils savaient que leurs pavillons étaient situés à la limite de la zone submersible, ce qui explique les prix plus bas. Mais, tout comme les élus locaux, ils pensaient prendre le risque de patauger les pieds dans l’eau une fois tous les dix ans. Tous, élus, particuliers, semblaient s’en accommoder. »

[ 03/03/10  – 09H43 – AFP  ]

© AFP – Frank Perry

© AFP - Frank Perry

« Pour l’instant je reste là »: comme la plupart de ses voisins, ce propriétaire d’une résidence secondaire de la Faute-sur-Mer, sinistrée par la montée des eaux après la tempête Xynthia, refuse d’abandonner sa maison.

Dans La Faute-sur-mer dévastée, l’eau atteignait mardi encore par endroits près de deux mètres, mais certaines rues ne comptaient plus que 80 cm d’eau. Bottes aux pieds, Pierre et Thérèse Jaulin, de jeune retraités, sont venus constater l’état de leur maison de vacances construite il y a quatre ans et demi dans le lotissement les Doris.

Rien n’avait laissé présager un tel désastre: « Il y avait la digue. Et puis, on avait fait confiance à ceux qui nous ont délivré le permis de construire », explique Pierre.

Cette maison, c’est le placement du couple pour sa retraite. Ici, « le prix du terrain a presque doublé en 5 ans ». Alors, « si on nous dit qu’il faut partir, on partira, mais ça dépendra des conditions », explique Pierre.

Comme la plupart des habitants rencontrés, ils ne se plaignent pas, car autour d’eux, des voisins, des amis, sont morts noyés dans leurs maisons.

« Pour l’instant, je reste là », assure aussi Michel, qui a fait construire il y a 40 ans sa résidence secondaire à proximité de la cuvette où ont poussé les lotissements les plus touchés, L’Orcéa et les Doris.

© AFP – Frank Perry

© AFP - Frank Perry

Dans sa maison envahie dimanche par 1m80 d’eau, pestant contre les polémiques soulevées par les médias sur la résistance de la digue, il reste serein car, pour lui, il s’agissait d’un phénomène exceptionnel et « jamais, on n’aurait imaginé ça ici, c’était imprévisible ».

Joël, lui, est venu constater avec deux amis les dégâts dans sa maison de la rue des Voiliers, construite en 2006 et à peine finie d’aménager. Mais « tout est mort à l’intérieur », dit-il.

« J’avais en projet de mettre en vente ma maison de La Roche-sur-Yon pour venir ici en retraite, mais je vais devoir repousser mes projets », explique-t-il, encore trempé après avoir visité le pavillon. Pour lui, il est cependant hors de question de quitter La Faute-sur-mer. « Moi j’adore », assure-t-il.

Un homme fatigué passe à côté dans un véhicule des pompiers. Lui aussi voudrait voir sa maison mais il ne pourra pas y accéder.

« Il a eu très peur. Il s’est réveillé en pleine nuit. Son lit flottait et il ne lui restait que 40 cm de hauteur dans sa chambre…. Ce qu’il espère, c’est que sa maison tombe: il veut quitter définitivement la région », confie un de ses voisins.

Le long des rues, l’eau qui se retire peu à peu laisse la place à un paysage dévasté où un gros 4X4 chevauche une berline. Les canapés s’alignent le long du trottoir et les voitures sont encastrées dans les porte-fenêtres des salons.

© AFP – Frank Perry

© AFP - Frank Perry

Côté digue du Lay, les lotissements ressemblent à un lac avec des maisons plantées ça et là comme des îlots, marquées de couleurs roses et bleues lors du passage des secours, avec parfois des toitures trouées pour secourir les habitants.

A quelques mètres de là, des pompes aux dimensions impressionnantes, qui enjambent la digue où des bibelots et autres objets personnels se sont échoués, évacuent en continu l’eau des lotissements.

Mais pour beaucoup ici, le phénomène est exceptionnel et « il n’y a aucune raison de quitter les lieux ». « De toute façon, ils vont réhausser la digue », rassure un habitant.

Par Christian GAUVRY
  • Les plongeurs des sapeurs-pompiers ont continué à rechercher,  hier, les corps des disparus à La Faute-sur-Mer.

    Les plongeurs des sapeurs-pompiers ont continué à rechercher, hier, les corps des disparus à La Faute-sur-Mer.

    Joël Le Gall

On dénombre désormais vingt-huit morts à La Faute-sur-Mer, souvent des personnes âgées.

Ils s’appelaient Berthe et Jean Grimaud, ils avaient 86 ans, leurs petits enfants les appelaient Papou et Mamou. Comme 28 personnes, ils ont trouvé la mort à La Faute-sur-Mer…

Situé le long de la digue censée contenir l’eau du Lay, le lotissement du Doris concentre plus de la moitié des victimes. Toutes dans le même périmètre, autour de la rue des Voiliers. Jadis, ici, c’était la campagne. « Je venais ici quand j’étais enfant. ll y avait des vignes, des fermes… », se souvient Bernard Réaud, entraîneur de chevaux de course, aujourd’hui à la retraite. Les constructions sont apparues au début des années 1970. Pour l’essentiel des petites maisons de plain-pied.

Le drame d’une famille de médecins

« 80 % des victimes sont des retraités », selon Alain Barraud, adjoint au maire. Des couples, mais aussi plusieurs personnes vivant seules, hommes et femmes, âgées le plus souvent de plus de 70 ans. Une partie habitait là à l’année, quelques-unes étaient venues passer un peu de temps dans leur résidence secondaire. Elles se sont fait surprendre pendant leur sommeil et ne sont pas parvenues à s’enfuir. Un couple a également perdu son bébé, mort noyé.

Un couple de médecins de Fontenay-le-Comte séjournait pour les vacances scolaires en famille dans une de ces petites villas. Comme d’autres rescapés, le père a réussi à percer le plafond puis le toit pour tenter de sauver les siens. Sa fille et lui ont pu échapper à la noyade, mais son épouse, son fils de 4 ans et sa mère sont morts noyés. Leur fils de 13 ans est toujours porté disparu…

D’abord rassemblées dans une chapelle ardente, les dépouilles des victimes ont commencé à être remises aux familles ainsi qu’aux entreprises de pompes funèbres. Quelques-unes sont aussi exposées dans la salle paroissiale où parents et amis viennent se recueillir. Les premières cérémonies d’obsèques auront lieu aujourd’hui, à La Faute. Les inhumations ont dû être différées de quelques jours : toujours sous les eaux, le cimetière de la commune est impraticable.

Marc MAHUZIER.
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Téléchargements
Voici les liens des plus longues vidéos concernant la tempête xynthia
N'oubliez pas de faire clic droit enregistrer sous:

Zone interdite (mkv)

Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

Documentaire de l'agence CAPA diffusé sur FR3 (wmv)

Débat avec PPDA sur FR3 (wmv)

Audition du préfet au sénat (flv)

Vous pouvez lire toutes ces vidéos avec VLC
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