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25/03/2010 17:21

Un mois après la tempête, les sinistrés essaient de retrouver leurs habitudes. Mais la nuit du drame reste bien présente dans les têtes

Le calme est revenu dans les stations balnéaires de L’Aiguillon et La Faute-sur-Mer où 29 personnes ont péri dans la tempête du 28 février 2010. Les centaines de gendarmes, pompiers et militaires venus de toute la France ont quitté les lieux, après deux semaines d’intense mobilisation. Dans les rues désertes, on ne croise plus de journalistes, stylo ou caméra en main. Seuls quelques véhicules de la Protection civile continuent de stationner dans les quartiers les plus touchés, tandis que le Secours catholique maintient une permanence d’accueil à côté de la mairie de L’Aiguillon-sur-Mer.

Dans leur maison aux volets clos, Thierry Lauriol, sa fille et sa femme, épaulés par un ami, continuent à nettoyer le rez-de-chaussée, complètement ravagé par la boue. Aujourd’hui, les assurances sont passées et la famille croise les doigts pour que les lieux soient remis en état d’ici à l’été. Car cette maison n’est autre que le gagne-pain de Thierry. À chaque saison estivale, il y loue des studios aux vacanciers. « J’ai besoin de savoir si on va redémarrer mais c’est le flou total, confie-t-il. Du coup, le stress fait remonter mon diabète. »

Une nouvelle vie va commencer

Gisèle Arnault a perdu bien plus que son outil de travail. La nuit du drame, l’eau a emporté son père Roger, âgé de 74 ans, qui vivait seul dans une maison de plain-pied, à quelques encablures de chez elle. « On s’était installé à La Faute-sur-Mer pour être plus près de lui, raconte cette mère de famille de 40 ans. Je déjeunais avec lui tous les midis. Tout ce qui me reste, c’est sa petite chienne, récupérée par les pompiers trois jours après la tempête. »

Son propre logement, où elle vivait avec son mari et leurs deux enfants, a été rongé par l’eau salée. Tous vivent provisoirement dans une maison secondaire de L’Aiguillon-sur-Mer, prêtée gracieusement par des particuliers. Gisèle s’est déjà rendue plusieurs fois au Secours catholique, où elle a pu discuter avec des bénévoles et récupérer un réfrigérateur pour son futur logement. « Tous nos meubles et notre électroménager sont à remplacer. »

D’ici quelques jours, la famille va déménager dans une nouvelle location à Angles, à une vingtaine de kilomètres. Une nouvelle vie va commencer, loin de ce quartier passé en quelques heures du paradis à l’enfer. Mais après avoir été très entourée, notamment par sa famille venue du Tarn pendant quinze jours, Gisèle redoute la solitude.

« Ce qu’on a vécu n’est pas anodin »

C’est aussi l’état d’esprit de Frédéric, artisan plombier de 42 ans, locataire à La Faute-sur-Mer. Sa maison, dont le sol et les murs sont gorgés d’eau, va subir des travaux de remise en état. En attendant, il vit avec sa femme dans la maison de son père, à L’Aiguillon-sur-Mer. « Beaucoup de gens sont venus nous voir pour nous aider à déblayer et redonner un semblant de vie, indique-t-il. Les assurances ont aussi répondu présent rapidement. Mais maintenant que la pression est retombée et que tout le monde est reparti, le plus dur est à venir. »

Impossible d’oublier l’ampleur du drame, surtout à La Faute-sur-Mer, qui a concentré la majorité des victimes. « Ce qu’on a vécu n’est pas anodin, soupire Frédéric. Plusieurs de mes clients sont décédés, d’autres sont restés des heures durant dans le froid à moitié nus. » Lui a doucement repris son activité de plombier. «J’en avais besoin, pour ne pas craquer. »

La phase la plus longue : celle de la reconstruction

Directeur diocésain du Secours catholique, Éric Becque est bien conscient de la situation. « Ce sentiment d’abandon est naturel après le départ des secours, explique-t-il. Il va falloir des mois pour que les gens reprennent le cours de leur vie. Certains sursautent rien qu’en entendant le bruit de la mer. » Par ailleurs, tous les habitants n’ont pas sollicité d’aide matérielle ou de soutien psychologique. Voilà pourquoi des bénévoles de l’association sillonnent encore les deux communes pour rendre visite aux sinistrés isolés.

« Certaines personnes ayant peu de liens sociaux ont préféré se débrouiller seules », constate Éric Roger, conseiller municipal de L’Aiguillon-sur-Mer. « J’ai rencontré des personnes âgées qui n’avaient pas pu ou pas voulu se déplacer pour demander de l’aide. » Passé la première urgence qui fut de secourir les victimes, puis le nettoyage et la distribution de l’aide matérielle, « nous entrons dans la phase la plus longue, qui est celle de la reconstruction, dans tous les sens du terme », poursuit l’élu.

Le tout dans un contexte d’incertitude, où plusieurs quartiers inondés seraient condamnés. « Comment se reconstruire quand on ne sait pas si l’on pourra rentrer chez soi ? » s’interroge ainsi Isabelle, animatrice au Secours catholique vendéen.

Florence PAGNEUX, à La Faute et l’Aiguillon-sur-Mer (Vendée)

Louis Baquéro, lors du sauvetage d'habitants prisonniers des eaux.  « On n'avait pas le temps de réfléchir. » : Archives Frédéric Girou
Louis Baquéro, lors du sauvetage d’habitants prisonniers des eaux. « On n’avait pas le temps de réfléchir. » : Archives Frédéric Girou

Nicolas Sarkozy a rendu hommage aux sauveteurs. « Un moment fort » pour le pompier Louis Baquéro.

Témoignage

Louis Baquéro a été sensible à l’hommage rendu par le chef de l’État. Ce pompier de Fontenay-le-Comte est aussi détaché à la caserne de L’Aiguillon. Il fut le premier sur les lieux de la catastrophe. Il raconte.

3 h 12 : le premier bip

« J’étais d’astreinte. A 3 h 12, j’ai reçu le premier bip pour une fuite d’eau. Puis quelques minutes plus tard, une deuxième pour un sauvetage de personne. Sur la route, ma voiture était totalement secouée par le vent, je craignais une chute d’arbre. Quand je suis arrivé à L’Aiguillon, l’eau avait envahi le centre et on ne pouvait pas accéder à la caserne. Avec mes trois collègues, on s’est retrouvé à la mairie. Nous sommes partis au centre chercher du matériel, nos tenues de plongée et sortir des véhicules. On s’est changé derrière la mairie. Le maire était là, et on a débuté les sauvetages. »

3 h 45 : début des sauvetages

« On a commencé par la rue Amiral-Courbet. On sortait les gens de chez eux. Nous étions accrochés avec des filins. On emportait les gens sur les bateaux, on les mettait à l’abri dans les camions et on les transportait à la mairie. A L’Aiguillon, la mer a arrêté de monter vers 4 h 15. »

8 h : direction La Faute

« Quand le jour s’est levé, on est parti à La Faute pour aider les secours de La Tranche. Très vite, une cinquantaine de pompiers étaient sur place. On se déplaçait en bateau, il y avait des centaines de personnes sur les toits. On ne voyait plus la digue. Il fallait être extrêmement prudent, faire attention de ne pas se blesser avec les grillages ou les portails recouverts par la mer. Il y avait aussi de risque de se faire happer par une bouche d’égout. On a eu de la chance, il n’y a eu aucun blessé chez les secouristes. »

16 h : la prise de conscience

« A 16 h, j’ai pris une pause. C’est à ce moment que j’ai commencé à prendre conscience de l’ampleur de la catastrophe. Jusque-là, j’étais dans l’action. On a agi par des actes réflexes, on n’avait pas le temps de réfléchir. Il m’a fallu une bonne semaine pour bien analyser ce qui s’était passé. Après, je me suis posé des questions : est-ce qu’on a bien fait les choses ? On nous a dit que nous avions secouru 900 personnes cette nuit-là. Les jours suivants, on a inspecté les maisons. On a assisté à un bel élan de générosité. Le malheur, ça soude. Maintenant, on est pressé de retrouver notre caserne à la fin du mois. »

Cyrille CALMETS.

Extrait du journal de Télé Vendée du 16 Mars : Les pompiers de L’Aiguillon sur Mer / La Faute sur Mer

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7h10
Pour en parler : Thierry Berlemont, habitant de La-Faute-sur-Mer (Vendée). Sa maison a été submergée par 2m40 d’eau. Lui et sa famille ont été sauvés in extremis.

Ecoutez l’interview de Jean-Jacques Bourdin

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Samuel Veillard, pompier professionnel aux Sables-d'Olonne, est également chef du centre de L'Aiguillon-sur-Mer. Au lendemain de la tempête, il a été l'un des éléments clés du dispositif de secours aux victimes.
Samuel Veillard, pompier professionnel aux Sables-d’Olonne, est également chef du centre de L’Aiguillon-sur-Mer. Au lendemain de la tempête, il a été l’un des éléments clés du dispositif de secours aux victimes.

Pendant une semaine, ce pompier professionnel a sauvé des vies et contribué à coordonner les secours après Xynthia. Jeudi, il a repris son poste aux Sables.

PortraitHier, c’était sa rentrée à la caserne des Sables-d’Olonne. Un retour apaisé, pour boucler la boucle. Car l’adjudant Samuel Veillard vient de vivre la période la plus intense de sa carrière professionnelle. Grâce, ou plutôt, à cause de Xynthia, la tempête meurtrière. Dont il a mesuré très tôt les dégâts.

« J’étais de garde aux Sables, le samedi soir. Pendant la nuit, mon adjoint m’a alerté à propos du gonflement important des eaux. Il avait vu juste. Mon major, Didier Thierry, m’a rapidement demandé de me « détacher » sur le secteur de La Faute. » Une décision judicieuse.

Et pour cause : ce natif de Rennes est aussi chef du centre de L’Aiguillon-sur-Mer, à la tête d’une équipe de vingt pompiers volontaires. Sans compter qu’il vit à La Faute-sur-Mer, avec son épouse et ses trois enfants. C’est dire s’il s’est senti concerné, dimanche matin.

« Il est passé pour s’assurer que nous étions en sécurité, raconte Sandrine, sa femme. Quelques jours plus tôt, on s’était dit qu’en cas d’inondation, il fallait qu’on se réfugie tous sur le lit le plus haut de la maison. Nous étions préparés. »

« Il faut en parler au Président »

L’esprit disponible, Samuel Veillard a poursuivi sa route jusqu’à L’Aiguillon. Pour y découvrir « sa » caserne, ravagée. Avant d’organiser une expédition à la Pointe, vers la jetée, l’une des zones les plus inondées. « On est parti à dix avec deux bateaux, sans aucun moyen de communication. »

En quelques heures, la troupe a effectué « sept sauvetages et une quinzaine de mises en sécurité ». Des souvenirs marquants. Notamment les yeux de cet enfant de 7 ans, « transi de froid, baignant dans une eau mazoutée, dans les combles d’une maison. Ça a dû être traumatisant pour lui. Quand il a été pris en charge par l’hélicoptère, il laissait derrière lui sa grand-mère et son papa sur le toit, sans savoir s’il les reverrait. Ça nous a émus. » De retour à terre, il débriefe avec ses supérieurs, dont le colonel Michel Montalétang. Réaction immédiate du chef vendéen : « Il faut en parler au Président. »

Le lendemain, Nicolas Sarkozy, en visite à L’Aiguillon, se plante devant lui pour entendre le récit de son héroïque matinée. Et le félicite : « Vous pouvez être fier de vous, et de vos équipes. » La phrase lui a suffi. Il y a puisé du réconfort, et le soutien symbolique d’un pays derrière ses collègues en action.

« Ce dimanche-là, beaucoup auraient pu être à ma place, certains auraient peut-être fait mieux que moi. Je ne sais pas si je suis tombé au bon ou au mauvais moment, mais c’est comme ça. » Modeste, avec ça.

Pas sûr, pourtant, que d’autres auraient fourni le même rendement. Car sa connaissance du secteur fut un atout indispensable pour coordonner les interventions. Non pas sur le terrain. Mais à distance. « J’étais à la disposition du PC d’où j’ai pu aider et renseigner les collègues. Dès le lundi, il y avait tellement de moyens engagés que j’ai été très sollicité. »

Chômage technique

Depuis la fin des interventions, Samuel Veillard a pris un peu de repos. Dans sa maison, l’eau a laissé place à la boue mais « ça va », répète-t-il. « On est six pompiers du centre de L’Aiguillon à être sinistrés. Par chance, aucun de nous n’a de victimes parmi ses proches. Pour reprendre sa vie de tous les jours, ce n’est pas négligeable. »

Surtout lorsqu’il faudra retourner au centre, actuellement hors service. « On est au chômage technique. » Cette caserne vieillissante, construite en 1976, pourrait être rasée au profit d’un nouveau bâtiment, loin du port. D’ici là, Samuel Veillard aura retrouvé son équipe. Et éventuellement de nouveaux visages : « On est vraiment en sous-effectif, glisse-t-il pendant la conversation. Si ces événements ont pu susciter des vocations chez certains, on sera très heureux de les accueillir au centre. »

Benoît GUÉRIN.
À La Faute-sur-Mer, le dimanche 28 février, les secours ont procédé à des dizaines d'évacuations. Ici celle du sauvetage de Guy Picauville, sa femme et ses amis. : Frédéric Girou.
À La Faute-sur-Mer, le dimanche 28 février, les secours ont procédé à des dizaines d’évacuations. Ici celle du sauvetage de Guy Picauville, sa femme et ses amis. : Frédéric Girou.

Retour sur image. Guy Picauville, « ému » par la photo de son sauvetage avec ses amis, publiée dans le journal Ouest-France, raconte sa nuit de tempête à La Faute-sur-Mer.

« S’il y a des vagues, on viendra vous chercher »

« Nous étions chez des amis, rue de la pointe d’Arçay. On y a dîné avec des voisins, jusqu’à minuit. Le dernier parti a lancé : « On a un bateau. S’il y a des vagues, on viendra vous chercher ! » Paroles prémonitoires… On s’est pourtant couchés sans un souffle de vent. Mais à 3 h 30, mon copain s’est écrié : « On inonde ! » L’eau arrivait au niveau des fenêtres. »

« Sortez vite de la chambre ! »

« Il y avait déjà 40 cm dans le salon. Notre ami a crié : « Sortez vite de la chambre ! » La porte restait bloquée sous la pression. Première panique. On a finalement pu l’ouvrir, laissant entrer une vague de 15 cm. On avait de l’eau glaciale jusqu’aux genoux. Nous sommes montés dans la mezzanine, dans le noir complet. »

« Ces bruits, je les entends toujours »

« Là, on entendait l’eau montée, par les WC aussi, avec l’abattant qui marquait une mesure sinistre. Le frigo est tombé, le canapé flottant tapait la table, les chaises s’entrechoquaient. Ces bruits, huit jours après, je les ai toujours dans les oreilles. »

« La rue était une rivière »

« Nous étions à moitié nus et l’humidité nous envahissait. Quand le jour est enfin arrivé, la rue était une rivière. Le portail d’entrée, haut de 1, 80 m, dépassait de 5 cm. Le terrain n’était qu’un lac. On voyait les hélicoptères. On leur faisait des signes par la fenêtre de la mezzanine, sans réponse. »

« Pas d’arrêt pour nous »

« Le niveau de l’eau a baissé de 40 cm avec la marée descendante. Les camions surhaussés des pompiers passaient parfois, sans arrêt pour nous. Nous n’étions pas dans une situation de mort, mais dans un esprit de détresse inimaginable, totalement abandonnés et très angoissés. Cinq pompiers ont finalement tapé à la porte à 12 h 45. Il y avait plein d’eau au fond de leur canot et nous, nous étions pieds nus, en pyjama, sous une averse très forte. »

« Réconfortés d’une façon exceptionnelle »

« On a été conduits dans le gymnase de L’Aiguillon, où nous avons été réconfortés d’une façon exceptionnelle par les secours. Le reste de ma vie ne sera pas assez long pour les remercier de leur soutien chaleureux. Le seul ennui : on n’avait pas de chaussettes pour réchauffer nos pieds frigorifiés. C’est mon seul reproche, car je suis encore impressionné par tous les moyens déployés.

Actuellement, mon épouse et moi sommes sous calmants. Elle se réveille la nuit pour toucher le plancher de la chambre afin de vérifier qu’il n’y a pas d’eau… Et encore, nous n’avons subi que des dégâts matériels. On n’a pas connu la perte d’un être cher. Ça doit être terrible. »

Par Mathilde Bazin, publié le 09/03/2010
Le chaos règne toujours à La Faute-sur-mer

Huit jours après les inondations meurtrières causées par la tempête Xynthia, le retour au quotidien est un second choc. Pour les 40 000 Fautais à l’année ou de passage l’été, le grand nettoyage a commencé. Mais le coeur n’y est pas.

Samedi 6 mars, des voitures roulent au ralenti sous un beau ciel bleu. La scène ferait presque penser à un jour de grand départ en vacances. Les valises et la chaleur en moins. Une semaine après le passage de Xynthia, c’est un raz-de-marée d’un tout autre genre qui a déferlé ce week-end sur les communes vendéennes de La Faute et de L’Aiguillon-sur-mer. L’eau s’est retirée et des centaines de propriétaires sont venus constater l’étendue des dégâts, tentant de sauver ce qui peut encore l’être.

A la Faute-sur-Mer, après le passage de la tempête Xynthia.
A la Faute-sur-Mer, après le passage de la tempête Xynthia.

Les deux stations balnéaires, où 29 corps sans vie ont été repêchés, sont devenues de véritables bunkers avec des contrôles de police à chaque entrée. Ici, ne pénètre pas qui veut. « Au lieu de regarder ma maison comme ça et de la prendre en photo, donnez-nous plutôt de l’argent pour la reconstruire », a placardé sur la façade de son habitation un Fautais agacé par les allés et venues de badauds.

Le cauchemar continue

« Mes voisins sont des miraculés, raconte un Tourangeau venu chercher quelques rares affaires personnelles. Le monsieur de 80 ans, sa femme et leur fille se sont réfugiés au grenier. Les fenêtres de leur véranda ont éclaté. A côté, notre résidence secondaire est en bon état et nous sommes tous vivants. Ce qui nous fait le plus mal, c’est vrai, c’est tout l’argent qu’on a investi pendant des années pour l’arranger et se payer des vacances. »

Les pompiers et des équipes de la protection civile sillonnent les quartiers résidentiels de la pointe d’Arçay. Ils prêtent main forte à des propriétaires désemparés et abattus face à cet immense champ de ruines. Toute la journée, les pompes ronronnent et les karchers s’activent. Frigos, machines à laver, téléviseurs, buffets et matelas s’entassent dans les rues.

Beaucoup ont tout perdu et refusent de revenir vivre ici. D’autres, ceux qui ont vécu la catastrophe de loin, qui l’ont vu à la télé, entendu à la radio, et qui, aujourd’hui, vont vivre l’après en direct, ont toujours du mal à y croire.

Le chaos règne toujours à La Faute-sur-mer

Pour des familles entières, après des nuits d’incertitude et pas mal de kilomètres parcourus, l’heure de vérité approche. Sur la porte d’entrée, des traces noires indiquent que l’eau est montée d’une cinquantaine de centimètres. C’est moins que ce qu’ils redoutaient. Une forte odeur iodée émane de l’intérieur de la petite maison de vacances que cette famille a achetée en 1997.  » Il y a de la boue partout, se désole la mère. J’ai l’impression que l’on n’en finira jamais avec cette vase. Tout est fichu, mais il y a pire que nous. » Les casseroles sont sorties du vaisselier, éparpillées au sol. Elles rouillent déjà. Le réfrigérateur est renversé sur la table. Il y a des bigorneaux collés sur la cuvette des toilettes. De la boue partout. Le sel attaque les mains, le visage.

Besoin de parler, de raconter

« Je vais chercher mon 4X4. Dimanche, quand on m’a appelé à deux heures du matin pour me prévenir qu’il y avait de l’eau dans la résidence, explique François, agent d’entretien des espaces verts et de la piscine du domaine de la Baie, une résidence pavillonnaire de La Faute-sur-mer, j’ai sauté dans ma voiture. En arrivant, la route s’est effondrée. J’avais de l’eau jusqu’au cou. J’ai réussi à sortir par le coffre et j’ai couru, couru, la vague arrivait derrière moi. »

Sur chaque bâtisse, un, deux ou trois repères peints par les pompiers lors des opérations de recherches. Les mobile-homes du camping des Flots bleus sont les uns sur les autres. « Celui-là a traversé le carrefour, explique un habitant de Luçon chez qui l’eau peine à être évacuée. Samedi, quand j’ai vu le calendrier des marées et le vent annoncé, j’ai dit à ma femme ‘on reste à la maison, hors de question de dormir à La Faute’. On a bien fait, dans notre chambre, l’eau est montée jusqu’à 1 mètre 70. »

Alors que les politiques se déchirent autour des permis de construire délivrés par les élus communaux et l’entretien des digues, beaucoup d’habitants ne savent pas si leur maison sera détruite, quand et à quelle hauteur ils seront indemnisés. Ce qui ne présage rien de bon pour la saison estivale, le poumon économique de toute la région.

L’eau de mer a envahi plusieurs lotissements, dont celui où, à La Faute-sur-Mer, vivaient Muriel et Patrice, deux Orléanais installés depuis deux ans à La Faute-sur-Mer.
Ce mardi, les obsèques de Muriel et Patrice Rousseau se dérouleront en l’église St-Paterne. Le couple a péri dans les inondations de La Faute-sur-Mer (Vendée) où il s’était installé depuis peu.

Sur les 59 victimes de Xynthia, 29 ont péri dans la commune de La Faute-sur-Mer (Vendée), pour l’essentiel des résidents domiciliés dans le lotissement de la rue des Voiliers, véritable cuvette où l’océan s’est invité. Et parmi eux, Muriel et Patrice Rousseau, tous deux âgés de 56 ans, des Orléanais oriiginaires de Saint-Cyr-en-Val et Pithiviers et dont les obsèques auront lieu ce mardi après-midi dans la cité johannique.

Lundi, Alexandre, 27 ans, l’un des trois fils de Patrice Rousseau, était encore sous le choc. « Mon père et ma belle-mère avaient décidé de s’installer là bas, voilà un an ou deux. Ils étaient en location dans le fameux “lotissement des Voiliers“ que toutes les télés ont montré submergé (…) Alertés par les infos dès le dimanche matin, nous avons tenté de les contacter. Ma grand-mère paternelle, 86 ans, a téléphoné de nombreuses fois. En vain.

Et la terrible nouvelle tant redoutée finit par tomber : les deux corps, retrouvés à sept ou huit cents mètres du pavillon occupé par le couple d’Orléanais, sont bien ceux de Muriel et Patrice Rousseau.

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Des catastrophes pas si naturelle que ça (flv)

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